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"À domicile." Pour Alexis Pinturault, l'expression n'est pas galvaudée: le leader de l'équipe de France de ski alpin part mardi à la chasse aux médailles mondiales dans sa station de Courchevel (Savoie), où il a en partie grandi.
Pour l'AFP, le skieur de 31 ans raconte le Courchevel de son enfance: après y avoir passé les week-ends et les vacances, il avait emménagé à 12 ans dans l'hôtel 5 étoiles Annapurna, niché au sommet de la station et tenu par son père, pour se consacrer au ski. Pendant les Mondiaux-2023, du 6 au 19 février, il y logera partiellement.
"Deux grandes chambres réunies ont permis de créer cet appartement, situé dans l'hôtel, qui permettait à mon père d'être réactif jour et nuit. Moi j'étais à l'aise, on avait environ 70 mètres carrés pour quatre ou cinq selon la période. Je partageais la chambre avec ma sœur, puis avec mon petit frère, mais on n'a pas souvent été les trois vu l'écart d'âge. Ma sœur, qui dirige l'hôtel aujourd'hui, a récupéré l'appartement.
L'hôtel, c'était comme une très grande maison! Quand je voulais je pouvais sortir de l'appartement faire un billard, aller à la piscine, me servir un chocolat chaud au bar... C'était quand même une vie particulière. On faisait des cache-cache dans l'hôtel entier! J'ai grandi avec les employés, certains y ont fait une longue carrière, ce sont des gens proches de la famille.
Une piste verte part juste devant l'hôtel, c'est là où j'ai mis mes premières patinettes avec ma mère à deux ans. Il y a un petit téléski à partir duquel tu peux rayonner sur le domaine. En grandissant je partais à skis, je rentrai à skis, mon moyen de transport, c'étaient mes deux planches et les remontées.
- "Une impression de flotter" -
Le club des sports de l'époque, c'était une cave (Courchevel dispose désormais d'un bâtiment très moderne, NDLR). On était en sous-sol, sans fenêtre, on avait un système de nettoyage collectif entre les jeunes, chaque semaine un groupe différent. C'était un long couloir, il y avait un petit bureau pour les coaches, une sorte de débarras sans canapé ni table. Dans la continuité du couloir on avait nos casiers, puis tous les skis et les établis pour les préparer, de quoi ranger les piquets et enfin une minisalle.
Ma piste préférée, c'est +les marmottes+. Comme elle est exposée à l'Est, le soleil la réchauffe tôt dans la journée en fin de saison. J'essaie d'arriver le premier le matin, sur une piste tout juste damée, pas encore skiée, avec une neige qui se réchauffe, ça donne une impression de flotter. Elle est facile, c'est une bleue, pour rajouter de la difficulté il suffit de tourner pour prendre +les Suisses+, là c'est plus corsé.
L'an dernier, pendant les finales de la Coupe du monde, j'avais déjà trouvé que l'atmosphère était particulière pour moi. Ça fait bizarre, je connais tout le monde, les pisteurs, la sécurité, c'est déroutant, plein d'émotions. Pour les Mondiaux, il faut que j'appréhende cet aspect, que je m'amuse avec.
La réputation de luxe de Courchevel vient de son domaine formidable pour skier, bien exposé au soleil, avec des paysages très ouverts. Ça a fait monter les prix parce que les gens qui ont des moyens s'y sont intéressés, mais jusqu'à une certaine exagération et l'arrivée des grands groupes pour l'immobilier. Je trouve un peu dommage que l'image du luxe lui colle aussi fort à la peau. On a d'autres solutions à mettre en avant."
Propos recueillis par Robin GREMMEL