Partager:
À l'issue d'une course au scénario inimaginable, la grande favorite américaine Mikaela Shiffrin a été battue par la Canadienne Laurence Saint-Germain, au palmarès vierge, samedi lors du slalom des Championnats du monde de ski alpin à Méribel.
En tête après la première manche, sa plus proche rivale Wendy Holdener éliminée sur une faute juste avant elle, Mikaela Shiffrin devait dérouler son script habituel, comme lors du géant jeudi: skis dans la pente, manche solide, ligne d'arrivée, victoire, sourires, médias.
Mais l'immense championne américaine a complètement raté son second passage, avec un très inhabituel 29e chrono, en multipliant les petites fautes et les approximations sur une piste qui alternait entre ombre et lumière.
"Pour moi, le slalom est la discipline la plus dure parce qu'elle est la plus rapide, a détaillé la skieuse de 27 ans. On ne peut pas faire d'erreur, comme celles que j'ai faites à la fin du géant. Dans la deuxième manche, le tracé était complètement différent. J'ai essayé d'exécuter le bon plan, ça n'a pas été parfait, mais c'est aussi parce que Laurence (Saint-Germain) a été incroyable."
- "Plus du tout d'énergie" -
Même avec un très mauvais passage, l'Américaine de 27 ans a décroché sa troisième médaille à Méribel après l'argent du super-G la semaine dernière et l'or du géant jeudi. C'est son 14e podium en 17 départs lors de six éditions de Championnats du monde, un record de l'ère moderne, juste derrière les 15 médailles de l'Allemande Christl Cranz dans les années 1930, lorsque les Mondiaux étaient annuels.
La skieuse du Colorado, médaillée pour la sixième fois en slalom (quatre titres et un bronze en plus de l'argent du jour), semble avoir surmonté le départ inattendu de son entraîneur historique Mike Day mardi, qui a mis brutalement fin à sept ans de collaboration alors que la championne lui avait signifié son envie de changer de méthode à la fin de la saison.
Mais elle n'a pas pu surmonter la fatigue physique de sa quinzaine et sans doute aussi la fatigue mentale causée par cette séparation brutale.
"J'ai ressenti toutes les émotions possibles: déception, excitation, stress, triomphe. Je n'ai plus du tout d'énergie. (...) Ç'a été très dur de rester concentrée."
Ses Mondiaux terminés, la championne va reprendre, en mars à Kvitfjell (Norvège), le circuit de Coupe du monde et sa chasse aux 86 victoires du Suédois Ingemar Stenmark. Il ne lui manque qu'un succès pour égaler le record le plus emblématique du ski mondial.
- Surprenant Canada -
Sur la plus haute marche du podium, Laurence Saint-Germain affiche un large sourire. La Québécoise a créé la plus grande surprise de ces Mondiaux, elle qui n'avait jamais fait mieux que sixième en plus de sept ans de carrière en slalom.
La Canadienne a skié le feu dès la première manche (troisième temps) pour réussir son exploit.
"J'aurais été contente d'un top 10 ou top 5, a-t-elle révélée, incrédule, en conférence de presse. Quand j'ai fini et que j'ai vu que je serais au pire troisième, déjà j'étais un peu figée, je voulais être sûre que ce soit réel. Je n'ai pas regardé le +run+ de Mikaela Shiffrin, comme c'est mon premier podium je cherchais ma place, je ne savais pas trop où me mettre, j'étais un peu distraite. Je n'aurais jamais pensé la battre sans qu'elle ne manque une porte."
Elle offre au Canada une quatrième médaille surprenante dans ces Championnats du monde, après le titre de James Crawford en super-G, le bronze de Cameron Alexander en descente et le bronze de l'épreuve par équipe mixte.
"C'est une personne tellement humble, respectueuse. Encore ce matin, on faisait l'échauffement, elle m'a félicitée pour ma quatrième place sur le parallèle. Si j'avais pu la féliciter en avance pour son titre de championne du monde, je l'aurais fait !", a salué la jeune Française Marie Lamure (21 ans), 16e.
Meilleure tricolore, Nastasia Noens a pris la 15e place à l'issue de l'une de ses dernières courses, avant de prendre sa retraite en fin de saison.