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Au bout du suspense, la star américaine Mikaela Shiffrin est devenue championne du monde de géant jeudi à Méribel, quelques secondes après une chute fatale aux espoirs de podiums de la Française Tessa Worley, en quête d'un dernier grand frisson.
A quoi ça tient une médaille? Deux immenses championnes, Mikaela Shiffrin et Tessa Worley, ont commis une petite erreur en fin de deuxième manche, quand les destins basculent.
Les skis de Worley se sont accrochés pour une chute sur le flanc et une glissade en douceur humiliante vers les filets. Quelques secondes plus tard et quelques portes plus bas, Shiffrin a su rétablir un déséquilibre pour limiter la casse et l'emporter pour douze centièmes de seconde, une poussière de temps.
Les deux skieuses, aux deux premiers rangs après la première manche, fonçaient pour marquer l'histoire. Un pari une nouvelle fois tenu pour Shiffrin, alors que Worley doit se contenter de ses souvenirs dorés, regardant l'Italienne Federica Brignone et la Norvégienne Ragnhild Mowinckel monter sur le podium pour l'argent et le bronze.
A 33 ans, la Française, déjà double championne du monde du géant (2013 et 2017) rêvait d'un troisième sacre inédit pour le dernier grand défi de sa carrière, portée par son public, sur la même piste où elle avait conquis le petit globe de géant l'an dernier.
Pas montée sur le podium de l'hiver, Worley a su élever son niveau le bon jour, toujours capable de se régaler de courbes irréelles sur une piste baignée de soleil. Mais une petite erreur a mis fin à ses Mondiaux, achevés sans récompense.
- Sept titres, quatre disciplines -
L'équipe de France à domicile reste ainsi scotchée à deux médailles, celles d'Alexis Pinturault, soit autant que l'Américaine Mikaela Shiffrin, qui gagne peu importe les disciplines, les pistes et les circonstances.
Mercredi matin, les suiveurs du circuit ont recraché leur tasse de café avec la révélation par l'équipe américaine du départ brutal de son entraîneur historique Mike Day, remercié par le clan Shiffrin après sept ans de collaboration, en plein milieu de la compétition la plus importante de l'année.
Un jour plus tard, l'Américaine a gagné un septième titre mondial dans une quatrième discipline différente après le slalom (2013, 2015, 2017, 2019), le super-G (2019) et le combiné (2021).
Avec sept titres individuels aux Championnats du monde, elle rejoint au palmarès la Suédoise Anja Pärson, les Autrichiens Toni Sailer et Marcel Hirscher, et la Française Marielle Goitschel. Seule l'Allemande Christl Cranz (15 médailles dont 12 titres) a remporté plus de titres et de médailles que Shiffrin, des exploits incomparables avec les Mondiaux annuels des années 1930, dont certains avec peu de participants à l'époque de l'Allemagne nazie.
Lancée sur une saison canon en Coupe du monde (11 succès pour un total de 85, à une victoire du record hommes et femmes confondus d'Ingemar Stenmark), la skieuse du Colorado montre qu'elle a définitivement effacé l'échec des Jeux olympiques de Pékin en 2022 (aucune médaille, trois sorties de piste).
Devancée de peu par Shiffrin, l'Italienne Federica Brignone, vice-championne olympique de la spécialité, a elle aussi remporté une deuxième médaille à Méribel après l'or du combiné en début de semaine dernière.