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Patinage: la dégringolade Aymoz

Arrivé en prétendant légitime au podium, et même à l'or, le Français Kévin Aymoz ne présentera même pas son programme libre après une prestation désastreuse pour son entrée en lice aux Championnats d'Europe de patinage artistique, mercredi à Graz (Autriche).

Deux chutes et deux sauts sous-tournés, sur son quadruple boucle piquée et son triple Axel, et surtout une combinaison de deux triples sauts avortée ont fait tomber Aymoz au-delà des vingt-quatre premières places qualificatives, précisément à la 26e, avec seulement 64,40 points. A plus de trente points de son meilleur programme court de l'hiver.

Comment expliquer que le patineur isérois, auteur d'une première moitié d'hiver prometteuse, n'ait été que l'ombre de lui-même par rapport à la prestigieuse finale du Grand Prix, début décembre à Turin, où, pour sa première qualification, il s'était hissé sur le podium aux côtés des deux patineurs stars du moment, l'Américain Nathan Chen et le Japonais Yuzuru Hanyu ?

A chaud, Aymoz a peiné à apporter des réponses.

"Je ne sais pas du tout ce qu'il s'est passé. Si j'avais su, j'aurais pu réagir et sortir quelque chose. Il y avait peut-être trop de stress, ou pas assez de stress, j'étais peut-être trop ici, ou pas assez là, tâtonne-t-il, comme sonné. Je ne peux pas l'expliquer."

- "Pas aussi libéré" -

Faut-il y voir le poids inconfortable d'attentes nouvelles à assumer ?

"Peut-être", envisage Aymoz, sans conviction. "Mais je ne me suis pas mis la pression à ce niveau-là, même si beaucoup m'ont dit que je partais en tant que favori."

"J'ai eu du stress sur toutes les compétitions, c'était le même stress", ajoute-t-il.

"Il voulait tellement gagner qu'il n'était pas aussi libéré que d'habitude", avance Silvia Fontana, qui, avec son mari John Zimmerman, l'entraîne depuis près de trois ans en Floride.

"Je ferai tout pour montrer mon vrai niveau aux Championnats du monde" dans deux mois à Montréal, a promis Aymoz.

Lui comme l'encadrement français ont en tout cas fermement écarté une autre piste: celle d'éventuelles répercussions de l'affaire visant Morgan Ciprès, un de ses partenaires d'entraînement, dans laquelle Zimmerman et Fontana sont aussi mis en cause. Selon un article publié par le quotidien USA Today en décembre dernier, Ciprès aurait envoyé deux photos obscènes à une patineuse de treize ans fin 2017, et ses entraîneurs auraient eux fait pression sur l'adolescente pour qu'elle garde le silence.

- Sixième étoile -

Ce contexte peut-il avoir pesé ? "Pas du tout", a coupé court Aymoz. "Je ne réponds pas à ces questions." "On n'en parle pas", a stoppé dans le même temps une responsable de la Fédération française des sports de glace (FFSG).

A la mi-journée, son président Didier Gailhaguet s'était déjà refusé à tout commentaire.

Un Français patinera toutefois le programme libre: le jeune élève de Brian Joubert, Adam Siao Him Fa (18 ans), à la faveur de la dernière place qualificative (65,21 pts). C'est le Tchèque Michal Brezina qui l'abordera en première position (89,77), devant les Russes Dmitri Aliev (88,45) et Artur Danielian (84,63).

Charge désormais aux quintuples champions d'Europe en titre et quadruples champions du monde Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron de permettre aux Bleus de rebondir dès jeudi, avec la danse rythmique.

Une nouveau sacre continental samedi leur permettrait d'égaler le duo le plus titré de l'histoire au niveau européen, les Soviétiques Liudmila Pakhomova et Aleksandr Gorchkov, six fois couronnés dans les années 1970.

En couples, en l'absence des Français Morgan Ciprès et Vanessa James, tenants du titre qui font l'impasse sur la saison, la Russie truste le podium à l’issue du programme court: Aleksandra Boikova et Dmitrii Kozlovskii (82.34) devancent Daria Pavliuchenko et Denis Khodykin (74.92), et Evgenia Tarasova et Vladimir Morozov (73.50).

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