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Patinage artistique: coup d'arrêt pour Papadakis et Cizeron

Coup d'arrêt pour Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron : leur quête d'un sixième sacre européen consécutif a été brisée, pour quatorze centièmes, par le duo russe vice-champion du monde en titre, Victoria Sinitsina et Nikita Katsalapov, samedi à Graz (Autriche). Leur première défaite depuis près de deux ans.

La preuve que les deux danseurs français sont abonnés à la plus haute marche ? C'est sur celle-ci que Papadakis a posé le pied machinalement au moment de monter sur le podium, avant de se raviser.

Leur marge à l'issue de la danse rythmique - cinq centièmes précisément - était certes infime, dans un contexte pas à leur avantage, où les juges avaient été incités à ne pas multiplier les dix en notes artistiques trop tôt dans la compétition. Mais la danse libre étant leur exercice de prédilection, Papadakis et Cizeron conservaient le costume de favoris.

C'est pourtant Sinitsina et Katsalapov qui se sont hissés sur la première marche du podium sous la tente blanche qui abrite la champêtre patinoire de Graz, avec un total de 220,42 points, contre 220,28 pour leurs prestigieux concurrents. Un second tandem russe, Alexandra Stepanova et Ivan Bukin, le complète (211,29).

"Je ne peux pas dire qu'on s'attendait à monter sur la plus haute marche. Rien que se rapprocher de Gabriella et Guillaume semblait impossible", reconnaît Katsalapov.

Il faut dire que Papadakis et Cizeron, vice-champions olympiques en titre et quadruples champions du monde, ne s'étaient plus inclinés depuis les JO-2018. Plus marquant encore, au niveau européen, ils n'avaient plus été battus depuis 2014, alors leur premier hiver en seniors, celui qui avait précédé leur ascension éclair au sommet de leur discipline.

- "On perd un statut d'intouchables" -

Depuis leur premier sacre international aux Championnats d'Europe en 2015, seuls les redoutables Canadiens Tessa Virtue et Scott Moir étaient parvenus à les devancer (quatre fois entre fin 2016 et début 2018). Tous les autres s'y étaient cassé les dents. Un avantage psychologique précieux pour le couple français, mais désormais révolu.

"Ce qui est dommageable, c'est qu'on perd un statut d'intouchables", ne cache pas leur entraîneur Romain Haguenauer, l'esprit déjà à la prochaine échéance, les Championnats du monde à Montréal dans deux mois, désormais d'autant plus cruciaux.

"Il va falloir se remobiliser pour y arriver très forts et reprendre les commandes", expose-t-il.

"Il va falloir qu'ils soient irréprochables parce qu'ils sont un peu plus vulnérables", insiste Marie-France Dubreuil, qui travaille également avec Papadakis et Cizeron à Montréal, où ils sont installés depuis 2014.

Irréprochables, c'est précisément ce qu'ils n'ont pas été samedi, coupables de plusieurs imperfections sur des éléments techniques.

La sono avait beau cracher à tue-tête "Les rois du monde" pendant la longue attente dans le "kiss and cry" - plus de sept minutes ! - des danseurs tricolores, c'est le chiffre 2 qui s'est affiché au bout de leurs notes.

"Forcément, quand on fait des petites erreurs et qu'on ne gagne pas un titre, on est déçu, estime Papadakis. On l'accepte, c'est une leçon, on en avait probablement besoin."

"Ce n'était pas une compétition parfaite, ça arrive et ça va nous booster encore plus pour travailler par la suite", poursuit Cizeron.

- Kostornaia tient tête aux "quad girls" -

Et si, à force de gagner encore et encore, Papadakis et Cizeron s'étaient légèrement relâchés, même sans s'en rendre compte ?

"On va analyser les performances, les entraînements, pour savoir s'il y a une petite baisse dans leur tête, dans leur engagement ou dans leur compétitivité peut-être", explique Haguenauer.

Car, au-delà de cette compétition européenne, ce qui va se dessiner trait à trait, c'est le tableau pour les JO-2022, où Papadakis et Cizeron brigueront l'or olympique, le seul qui fait encore défaut à leur somptueux palmarès.

"Ils dominaient, ils se font battre, c'est sûr que le match est lancé", tranche Haguenauer.

"J'aurais mieux aimé que la piqûre de rappel ne soit pas si grosse, mais parfois, il faut ces moments-là", ajoute Dubreuil.

La patinoire autrichienne ne sourit décidément pas à l'équipe de France: en ouverture mercredi, Kévin Aymoz, prétendant légitime à l'or, ne s'était lui même pas qualifié pour le programme libre messieurs après un court cauchemardesque.

La Russie, au contraire, rayonne : elle a fait main basse sur les quatre médailles d'or mises en jeu. La quatrième et dernière lui a été offerte par Alena Kostornaia.

Première après le programme court, Kostornaia a tenu tête à ses deux jeunes compatriotes auteures des tout premiers quadruples sauts de l'histoire de la compétition continentale, Anna Shcherbakova et Alexandra Trusova. La première a réussi un quadruple Lutz, la seconde un quadruple boucle piquée, mais toutes deux ont payé leurs chutes et leurs sauts non abouties sur certaines de leurs autres tentatives.

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