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Rugby: Guy Novès, plus beau palmarès du rugby français, met un terme à sa carrière

Dieu du Stade toulousain puis damné du XV de France, Guy Novès, plus beau palmarès de l'ovalie tricolore avec Toulouse, a décidé de mettre fin à sa carrière, deux ans après avoir été licencié de son poste de sélectionneur national.

Il n'a toujours pas digéré. A 65 ans, l'homme qui a fait se masser les Toulousains de si nombreuses fois place du Capitole, mais a échoué à réformer l'équipe de France, s'arrête là. En cause, cette "sorte d'écœurement" qu'il ressent toujours après avoir été éjecté de manière abusive du XV de France il y a deux ans.

"Je préfère mettre un trait à ma carrière d'entraîneur. J'ai une sorte d'écœurement qui m'amène à penser que je dois lever le pied", a-t-il confié lors d'un entretien téléphonique à l'AFP.

Toujours remonté contre la Fédération française de rugby (FFR) qui l'avait licencié le 27 décembre 2017 de son poste de sélectionneur, Novès l'est aussi contre "une ou deux personnes" des médias qui n'ont pas été honnêtes à ses yeux.

"J'ai pris tellement de coups", a regretté l'homme dix fois vainqueur du Top 14 et quatre fois champion d'Europe avec le Stade Toulousain.

Nommé en mai 2015 sélectionneur de l'équipe de France, il en prend la tête après la Coupe du monde 2015. Vingt-et-un matches (7 victoires, 13 défaites, 1 nul) plus tard, il en est écarté par le président de la FFR, Bernard Laporte.

Un licenciement jugé sans fondement le 8 avril dernier par le tribunal des prud'hommes de Toulouse, qui a condamné la FFR à lui verser un million d'euros pour "rupture anticipée du contrat de travail sans faute grave" et "atteinte à la notoriété".

- En Rouge et Noir depuis 1975 -

Mais au-delà de cette réparation judiciaire, des traces indélébiles se sont figées dans l'esprit du rigoureux technicien.

Tout comme son âge et la difficulté de construire un staff, qui l'amènent là encore à dire stop: "Je ne suis pas sûr d'avoir le temps qu'il faut pour bâtir et surtout réussir un projet. Car c'est à la fin qu'on regarde si on a réussi."

Réussie, la carrière de l'ancien ailier aussi rapide que teigneux l'est indéniablement.

Comme joueur, il arrive chez les Rouge et Noir en 1975 et remporte deux championnats de France en 1985 et 1986. Il est sélectionné sept fois en équipe de France. Comme technicien, il gagne son premier bouclier de Brennus en 1989 aux côtés de Pierre Villepreux et Jean-Claude Skrela sur le banc.

L'ère Novès dans la ville rose, qui ne débute véritablement qu'en 1993 quand il revient seul aux manettes après une courte parenthèse comme entraîneur de Blagnac, s'arrête donc en 2015. Entre temps, il fait de Toulouse le club le plus titré de France et d'Europe et reçoit en 2010 le titre de meilleur entraîneur européen des 15 dernières années, décerné par l'ERC (société organisatrice de la Coupe d'Europe, désormais EPCR).

Figure incontournable du rugby français, personnalité sans concession qui jouissait à Toulouse d'un pouvoir quasi absolu, formateur d'une armée de pépites installées en équipe de France, Novès se voit proposer une première fois le poste de sélectionneur en 2011. Mais il décline, officiellement pour des raisons familiales et pour ne pas déstabiliser "son" Stade.

Il accepte finalement une seconde offre en 2015 et dirige son premier match en février 2016 contre l'Italie lors des Six nations. Une victoire difficile (23-21) et un Tournoi achevé à la cinquième place. Il y a meilleur départ. La suite ? Bernard Laporte est élu en décembre 2016 président de la FFR, annonçant les orages à venir entre les deux anciens rivaux, connus pour leur inimitié.

En ce mois de Coupe du monde au Japon, Novès affirme donc tirer un trait sur ses belles années en Rouge et Noir et sur ses mauvais mois en Bleu.

Mais ce passionné à l'image strict arrêtera-t-il à jamais d'entraîner ? Peut-on renoncer pour toujours au rugby quand on s'appelle Novès ? Le doute demeure, même infime. "Dans la vie, il ne faut jamais dire jamais."

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