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Saut Hermès: en piste pour effacer l'obstacle !

Il lance un regard noir sur la piste semée d'embûches. Quelques petites foulées et le cheval s'élance pour réussir à tout sauter sans ne rien faire tomber. Au Saut Hermès, sous la verrière du Grand Palais à Paris, le chef de piste a oeuvré comme un maestro pour faire de l'obstacle un spectacle.

"Il faut imaginer où le cheval doit tourner, sans oublier qu'il a besoin d'espace pour tourner, d'espace pour attaquer l'obstacle, d'espace pour sauter, d'espace pour arriver et pour sortir. Tu dois penser à ce que va penser le cheval. Ce que pense le cavalier, ce n'est pas important", relève à l'AFP Santiago Varela Ullastres, qui officie comme chef de piste pour Hermès pour la 2e année.

L'Espagnol, qui tente de comprendre les chevaux depuis 35 ans, se régale dans ce lieu si particulier qu'est le Grand palais. Ce matin, il s'est fendu d'un selfie sous la verrière.

"C'est le meilleur endroit au monde, c'est incroyable. Où trouves-tu un concours comme ça ? Nulle part ailleurs !", lance Varela Ullastres, qui a dessiné 12 parcours pour les 3 jours du Saut Hermès.

Le lieu majestueux parisien a donné à cette compétition sportive ses lettres de noblesse. Une lumière éclatante, un décor féérique - cette année des ballons géants et des barres d'obstacles gonflables suspendus sous la verrière -, un public proche de la piste.

- Des barres à 1,60 m -

Les obstacles peuvent atteindre 1,60 m de hauteur, sur une piste plutôt petite (70 m x 30 m). A chaque épreuve, son parcours. Les cavaliers ont quelques minutes juste avant l'épreuve pour évaluer, à pieds, le périple. Ils vont d'obstacle en obstacle en comptant leurs pas pour les transposer en foulées pour le cheval afin d'ajuster la vitesse.

En piste, ils pourront alors évaluer le travail du chef de piste.

"Si c'est trop difficile techniquement, un obstacle trop mal placé, on dit que 'c'est pas cheval', les pauvres chevaux ont du mal à sauter l'obstacle et à bien se positionner", explique Patrice Delaveau, vainqueur vendredi avec un sans faute du Prix du Grand Palais sur sa jument Vestale de Mazure*HDC.

Un parcours "pas cheval" est un parcours parsemé de "pièges": un angle compliqué à négocier, des enchaînement d'obstacles rudes, des obstacles "insautables", un matériel très fébrile ou encore la couleur des barres (plus elles sont claires et uniformes et plus c'est compliqué pour le cheval).

"Un bon chef de piste aujourd'hui, c'est justement celui qui va ne pas faire de piège, qui va jouer sur la technicité, une ligne courte", souligne Félicie Bertrand, qui n'aime guère "quand les chevaux sont mis à l'effort dès le début".

- Des chevaux contents -

Et le cheval, qu'en dit-il de tout ça ?

"J'ai un cheval qui s'appelle Chacco, à chaque fois que je passe la ligne, il joue, il secoue la tête dans tous les sens. Avec lui c'est assez significatif, on sent qu'il est fier de lui et qu'il est content d'avoir fini", raconte Félicie Bertrand.

Delaveau pense que les chevaux sont parfois "un peu contents d'eux".

"Ils ont un peu de mal à nous l'exprimer mais on a beaucoup de chevaux, quand ils passent le dernier obstacle et que les gens applaudissent, ils font des petits sauts. C'est un peu une libération pour eux", rapporte le cavalier français.

"Par contre, un cheval qui a fait un très mauvais parcours, qui souffre sur le parcours, qui fait des fautes, on le voit après dans le box. Ca peut leur donner des douleurs dorsales, musculaires. Dans les boxes, ils font une tête pas normale", ajoute-t-il.

Sous la verrière du Grand Palais, Santiago Varela Ullastres n'a pas envie de voir souffrir les chevaux.

"J'aime les chevaux. Et il faut aimer les chevaux pour être chef de piste. Tu es ici pour que les chevaux sautent bien", déclare l'Espagnol, qui dessinera les parcours des Jeux olympiques à Tokyo en 2020.

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