Partager:
Déjouant les pièges d'une neige printanière, Lara Gut-Behrami a réalisé vendredi l'opération idéale dans le première descente de Crans-Montana: avec son quatrième succès d'affilée en Coupe du monde, elle creuse l'écart sur Mikaela Shiffrin au classement général.
La Suissesse a assommé la concurrence dans le secteur le plus technique de la piste du Mont Lachaux, taillant des courbes parfaites pour l'emporter avec 21/100e sur sa compatriote Jasmine Flury, championne du monde en titre de la spécialité, et l'Autrichienne Cornelia Huetter, deuxièmes ex aequo.
A bientôt 33 ans, Lara Gut-Behrami juge prématuré d'envisager un deuxième gros globe de ski alpin, huit ans après le premier, mais poursuit son hiver de rêve avec une septième victoire cette saison, la quatrième consécutive dans trois disciplines différentes (géant, super-G et descente), et la 44e de sa carrière.
"Dernièrement, j'arrive à être très solide sur les skis", a commenté la Tessinoise au micro de la RTS, expliquant avoir réussi à "récupérer beaucoup de petites situations qui auraient pu devenir dangereuses" sur la neige molle de Crans-Montana, sur un versant ensoleillé du Valais suisse.
- Boulevard en vitesse -
L'Américaine Mikaela Shiffrin, quintuple détentrice du gros globe et plus beau palmarès de l'histoire du ski alpin, avait de toute façon prévu de faire l'impasse sur l'étape helvétique, elle qui brille surtout dans les épreuves techniques même si elle est aussi capable de gagner en vitesse.
Mais sa blessure au genou le 26 janvier à Cortina d'Ampezzo, en s'ajoutant à une cascade de chutes parmi les favorites, a complètement relancé la fin de saison: elle vise désormais un retour les 9-10 mars à Are pour un géant et un slalom, juste avant les finales dans la station autrichienne de Saalbach.
Lara Gut-Behrami, qui lui avait chipé la première place du classement général le week-end dernier pour cinq points, en compte désormais 105 d'avance, avec six nouvelles courses de vitesse devant elle: une descente samedi et un super-G dimanche à Crans-Montana, puis les étapes de Val di Fassa (deux super-G) et Kvitfjell (1 descente et 1 super-G).
Elle pourrait même en profiter pour ajouter un troisième dossard rouge de leader à sa collection: déjà N.1 mondiale en géant et super-G, la skieuse de Comano est remontée vendredi à la deuxième place du classement de la descente à 41 points de l'Italienne Sofia Goggia -- récemment victime d'une double fracture à la jambe droite --.
- Sécurité "limite" -
Encore faut-il que les conditions météo ne compromettent pas la fin de saison, alors que la douceur printanière creuse et bosselle inévitablement les pistes, sur une neige salée et injectée d'eau.
"C'est très limite", a résumé Lara Gut-Behrami auprès de la RTS, expliquant être "partie à la faute" et avoir "failli tomber quelques fois", au point de se demander "si ça va être encore plus dangereux à skier" samedi et dimanche.
Pour la Tessinoise, "avec des températures pareilles, on ne peut pas espérer des choses différentes. On peut travailler toute la nuit mais après, quand il fait quinze degrés c'est normal que la neige devienne plus molle".
Les organisateurs avaient tiré les leçons des chutes dans l'aire d'arrivée lors du deuxième entraînement jeudi en relevant la ligne du chronométrage final vendredi, écourtant le tracé de cinq portes.
Mais selon Lara Gut-Behrami, "c'est aussi légitime de se demander si la sécurité est là", dans une saison déjà marquée par un tel enchaînement de blessures que six des quinze meilleures descendeuses mondiales manquent à l'appel à Crans-Montana.
Si elle devait décider, maintiendrait-elle la deuxième descente attendue samedi ? "Je pense que je serais contre la course", a tranché la N.1 mondiale.
Côté français, Laura Gauché, Romane Miradoli, Karen Clement et Camille Cerutti ont respectivement pris les 14e, 19e, 27e et 32e places.