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Sports de glace: Péchalat évincée, l'ombre de Didier Gailhaguet en coulisses

Surprise à la Fédération française des sports de glace: la sortante Nathalie Péchalat s'est fait évincer de la présidence par une inconnue, Gwenaëlle Noury, qu'elle assure être téléguidée par l'ancien président Didier Gailhaguet accusé d'avoir couvert un entraîneur mis en cause pour viols et agressions sexuelles.

A la mi-journée, au siège du Comité national olympique sportif français (CNOSF), le résultat tombe: 52,3% pour Gwenaëlle Noury, présidente du club de Lorient et inconnue dans le milieu. Une quarantaine de voix (452 contre 412) séparent les deux femmes sur les 161 clubs qui ont voté, dont une partie (70) par procuration.

Péchalat, dont le discours avait été pourtant bien plus applaudi que sa rivale, sort de la salle les yeux embués avant de revenir peu de temps après.

"C'est la honte intersidérale pour l'ensemble des sports de glace, on revient à un autre système de valeurs, à un autre fonctionnement, à d'autres méthodes qui ne sont pas les miennes", réagit-elle, émue, auprès de quelques journalistes.

Elue il y a deux ans après le scandale des violences sexuelles secouant la fédération à la suite des révélations de Sarah Abitbol, violée adolescente par son entraîneur, la double championne d'Europe de danse sur glace pensait avoir remis la FFSG "sur les rails".

En 2020, c'est à l'issue d'un violent bras de fer avec le gouvernement que Didier Gailhaguet, avait jeté l'éponge.

- Les craintes de Péchalat -

Celui qui a dirigé la FFSG de 1998 à 2004 puis de 2007 à 2020 pourrait-il revenir? "Oui je le crains, mais cela ne me regarde plus", a estimé Nathalie Péchalat.

Didier Gailhaguet a "conduit le programme et la campagne" de Mme Noury, a-t-elle affirmé.

Dans un tweet, la nouvelle ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a souhaité "plein succès à la nouvelle présidente", avant d'ajouter: "Le combat pour la libération de la parole des victimes et la lutte contre les violences sexuelles, impulsés par @NPechalatOff, devront être poursuivis".

Une demi-heure plus tard, la nouvelle présidente Gwenaëlle Noury, qui ne s'est pas exprimée publiquement pendant la campagne et a refusé les interviews, s'avance avec à ses côtés, Patrice Martin, l'actuel président de la Fédération française de ski nautique, qu'elle a choisi comme secrétaire général de la FFSG.

"Ce qui est important pour nous c'est de pouvoir représenter tous les clubs et de faire en sorte que les clubs soient au centre de cette fédération", a-t-elle expliqué.

- "Un consultant comme tous les autres" -

Didier Gailhaguet est-il derrière sa candidature, comme l'affirme Nathalie Péchalat?

"On n'était pas partis seuls, forcément ma démarche naturelle ça a été de consulter un maximum de gens", répond-elle. "Didier Gailhaguet a été consulté, je ne le cache pas parce que pour moi ça reste un passionné des sports de glace, ça reste quelqu'un qui connaît les rouages de cette fédération", a-t-elle expliqué.

"Je tiens à m'entourer de gens compétents qui connaissent cette machine fédérale et Didier en fait partie. Maintenant, il est un consultant comme tous les autres", s'est-elle contenté de dire, en voulant éviter "la polémique".

Dans la presse, Didier Gailhaguet s'était récemment défendu de vouloir peser sur l'élection. "Je n'ai rien à dire, je suis sorti de la vie fédérale (...) Je ne suis candidat à rien", avait-il ainsi affirmé au JDD.

L'ancien patineur Gwendal Peizerat, interrogé par l'AFP au téléphone, estime que "c'est cousu de fil blanc", et accuse de "naïveté" ceux qui ne voient pas que Didier Gailhaguet fomente son retour. Et s'ils le savent "alors honte à eux!".

"Tous les soutiens de Gwenaëlle Noury sont des soutiens de Gailhaguet!", assure-t-il. Le champion olympique 2002 de danse sur glace ne fait pas partie de l'équipe de campagne de Nathalie Péchalat mais se revendique "soutien de fait" quand "il a vu les risques encourus" dans cette élection.

Nouveau venu dans les sports de glace, Patrice Martin, entend lui pour l'instant mener de front ses nouvelles fonctions avec la fin de son 4e et dernier mandat à la tête de la Fédération de ski nautique, qui s'achève en 2024.

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