Accueil Sport

Top 14: à Castres, le rugby "fait vibrer la ville"

Sur la place Jean-Jaurès, une statue de l'icône socialiste, et autre fierté locale, est entourée, à l'approche de la finale du Top 14 vendredi, d'oriflammes municipaux "Castres en bleu et blanc", les couleurs du club auquel est presque entièrement dévouée cette ville de 40.000 habitants.

Depuis que le Castres Olympique s'est qualifié en phase finale pour la première fois depuis 2018, l'année de son dernier titre, la sous-préfecture du Tarn vit au rythme du rugby.

De la halle de l'Albinque aux berges de la Durenque, drapeaux, maillots, écharpes et ballons de baudruche ornent les commerces, parés pour la plupart de la même affichette "Allez CO! Tous ensemble".

"Tous les commerçants jouent le jeu", apprécie Marion Arcèse, qui a disposé dans la vitrine de son magasin de décoration tout ce qu'elle comptait de produits bleus et blancs.

Arrivée de Saint-Etienne il y a trois ans, elle n'est "pas spécialement" une grande passionnée de rugby, mais "qu'on aime ou non, on est porté par la ferveur".

"Ça fait vibrer la ville", raconte la jeune femme. "Tout le monde en parle, les gens se rassemblent, les bars sont pleins les soirs de match".

- "Même les grands-mères" -

Fenêtres grandes ouvertes en attendant sous un soleil de plomb sa prochaine course, Pascal Bessou a accroché à l'antenne de son taxi blanc un drapeau bleu du CO.

D'aussi loin qu'il se souvienne, Castres a "toujours été une ville de rugby", même quand le club de football local a connu son heure de gloire dans les années 1960.

Celui de basket fait aussi plutôt bonne figure et les pentes escarpées de la Montagne noire se prêtent bien au cyclisme, avec le voisin mazamétain Laurent Jalabert en étendard, mais rien ne rivalise de près ou de loin avec le ballon ovale.

"Même les grands-mères suivent le rugby toute l'année", assure le chauffeur de taxi. "Ce club a une âme, sans aucune vedette dans son effectif. De toute façon, ça ne marche pas quand il y en a".

Quintuple champion de France (1949, 1950, 1993, 2013 et 2018), le CO, porté financièrement pas les laboratoires Pierre Fabre, plus gros employeur du département, se plaît à mettre en avant des valeurs dans lesquelles se reconnaissent les habitants de la ville, humbles et besogneux.

Cette communion fait recette. Les 5.000 places mises à disposition de chacun des clubs finalistes se sont arrachées et une grosse vingtaine de cars seront affrétés pour le déplacement au Stade de France.

"On sent qu'il y a un gros engouement", confirme le directeur général du club tarnais Matthias Rolland. "On travaille à fond pour trouver des solutions pour nos supporters. Ils le méritent".

- Bonheur et fierté -

Ceux qui ne monteront pas à Paris pourront suivre la finale, contre Montpellier, à l'Irish ou à l'Español, le QG des supporters castrais, tenu par l'ancien troisième ligne José Diaz, sacré champion de France en 1993.

Un écran géant sera également installé par la mairie sur la place Pierre-Fabre, une semaine après l'interdiction par la préfecture, en raison de la canicule, de la fan-zone prévue pour la demi-finale contre le voisin toulousain.

Plusieurs centaines de personnes étaient déjà rassemblées à l'aéroport de Castres mercredi pour acclamer avant leur départ des joueurs pas insensibles à ce soutien.

"Ça fait plaisir parce qu'on joue aussi pour apporter aux gens du bonheur et de la fierté", témoigne le deuxième ligne Loïc Jacquet. "Ça fait partie de l'ADN des joueurs du club. On nous inculque quand on arrive ici qu'on ne joue pas pour nous, mais pour quelque chose de plus grand".

"Ça nous donne encore plus envie de nous dépasser", appuie l'ailier ou arrière Geoffrey Palis. "Ce ne sont pas des spectateurs qui viennent au stade, mais des supporters. Des gens qui vivent pour le CO et qui pour la plupart, vont passer une sale semaine si on perd le week-end. Il va falloir faire une grosse performance vendredi pour que la fête soit belle".

À lire aussi

Sélectionné pour vous