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Top 14: "Le titre n'a jamais été à l'ordre du jour" à l'UBB, selon Dubié

Large leader du championnat avec Bordeaux-Bègles, le centre Jean-Baptiste Dubié se voyait disputer sa première phase finale de Top 14, mais la pandémie de coronavirus a mis un terme à la saison et à ses rêves.

"Le titre n'a jamais été à l'ordre du jour", a assuré le joueur âgé de 30 ans dans un entretien à l'AFP.

Q: Vous êtes confiné depuis deux mois. Qu'est-ce qui vous manque dans la vie de rugbyman professionnel?

R: "L'entraînement, le contact avec les gars, la vie de groupe... Tout ça me manque vraiment. J'aime m'entraîner seul mais, parfois, je lâche. C'est dur de ne pas pouvoir faire son métier, son sport, sa passion. Ca me pèse. C'est d'autant plus compliqué que je ne vois rien de positif se profiler."

Q: La saison se termine alors que vous étiez largement en tête...

R: "Ce qu'on a fait, on l'a pas fait pour rien, on a appris des choses qui vont nous servir mais forcément, c'est la +lose+! Quand tu ne connais pas les phases finales et leur engouement, il y a de quoi être vraiment frustré. Beaucoup de copains m'ont dit +Vous allez vivre un truc incroyable+. Pas de chance, c'est un truc inédit, incroyable, qui tombe mal pour l'UBB. C'est dur. On n'avait pas envie que cette saison se termine. J'ai cru jusqu'à la fin qu'on allait faire les phases finales en septembre... Mais comment peut-on jouer alors qu'on n'a rien pour maîtriser la propagation? Ca parait irréel."

Q: Vous accepteriez un titre de champion?

R: "On n'en a pas parlé entre nous. Le président a annoncé qu'il ne le réclamerait pas. Pour tout dire, ça nous a même pas traversé l'esprit. Il manque un tiers de la saison, on ne s'est jamais dit qu'on serait sacrés. Le titre n'a jamais été à l'ordre du jour."

Q: Quel bilan tirez-vous de votre saison?

R: "J'ai du mal à me projeter parce que c'est encore frais. On a fait une réunion avec les joueurs, le staff (...) Certains partent dans d'autres clubs. Là, je me suis rendu compte qu'on est en train de basculer sur autre chose. Il y a plein de choses à retenir: le début de saison, la période hivernale qui nous a toujours fait défaut, le début d'année où on était attendu... et puis cette fin de saison où on avait pris un ascendant comptable et psychologique sur les autres. On était bien, avec un effectif super bien géré, quasiment sans blessé. Ca va laisser des regrets. On a appris à gagner des matches difficiles, on a appris à rien lâcher. On est tous malheureux. On était une soixantaine en visio, on rigolait parce qu'on était contents de se retrouver mais on avait des têtes déconfites de parler de fin de saison, de se dire au revoir, de se demander ce qu'on va faire l'an prochain. Le pire, c'est qu'on n'a pas de réponse. On n'en sait rien."

Q: Vous vous voyez reprendre l'entraînement avec des gants, des masques... ?

R: "(rire) Je me vois reprendre. Par petits groupes, pour aller à la salle. Mais ça paraît hyper compliqué. On est une soixantaine. On va devoir tester tout le temps, car il y a des couples, des enfants... C'est colossal. Je n'arrive pas vraiment à me projeter. Dans tous les cas, ce sera compliqué."

Q: On parle beaucoup de baisses de salaires...

R: "Il y a une inquiétude. Ca va avoir un impact sur les joueurs. Tous ne gagnent pas bien leur vie, certains sont pas beaucoup plus haut que le SMIC. Certains n'ont pas une marge de manoeuvre énorme. Il y a une crainte économique personnelle mais aussi par rapport au club. S'il n'y a pas de rentrée d'argent jusqu'en janvier 2021, comment on fait? Des clubs vont-ils mourir? Je suis prêt à accepter une baisse de salaire: il en va de la survie de mon club et de ma situation. Mais on peut pas tout mettre sur le dos des joueurs. On subit la crise aussi, comme tout le monde. Evidemment que tout le monde est prêt à faire un effort, mais il ne faut pas demander des choses impossibles."

Propos recueillis par Nicholas Mc ANALLY

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