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Top 14: les supporters castrais plus forts que le huis clos

Juchés sur le toit d'une vieille camionnette, les supporters de Castres, le son de leurs tambours noyé dans celui de la sono poussée à fond, se font entendre, malgré le huis clos, derrière les grilles du stade Pierre-Fabre pour le derby de Top 14 face au voisin toulousain (26-24).

"On a la chance d'avoir un stade à l'ancienne, ça ne serait pas possible s'il était complètement fermé comme à Paris ou Toulouse", apprécie Baptiste Almaric, que ses parents ont emmené dans les tribunes castraises dès sa naissance, il y a 21 ans.

Avec ses camarades des "Amis du rugby", le plus gros groupe de supporters du CO, il a investi l'un des deux coins qui offrent depuis la rue une vision partielle du terrain, entre un pylône d'éclairage et l'arrière d'un grand écran.

"C'est un peu comme si on était dedans. Enfin, ça dépend où les essais sont marqués... On est surtout là pour les joueurs, pour qu'ils sachent qu'on ne les laisse pas tomber", explique le jeune homme sous son maillot rayé du même bleu et blanc que le ciel tarnais samedi.

- La police tolérante -

Dans le coin opposé, du côté de la tribune nord, Salim Djellilahine, président d'un autre groupe de supporters, "Torcida Castra", fait visiter son "salon VIP".

Les packs de bière "au frais" au pied des escabeaux, il arrive à trouver un certain "charme" aux huis clos imposés depuis des mois dans tous les stades du pays en raison de la crise sanitaire: "C'est là qu'on reconnaît les vrais supporters, ceux qui sont là, sur un mur, plutôt que dans leur canapé devant Canal".

Le coup d'envoi du derby contre Toulouse a été donné à 14h45 mais il arrive que les matches débordent sur le couvre-feu.

"La dernière fois, on était encore là à 19h30 et la police est passée", raconte Salim. "Ils ont été tolérants. Ils savaient qu'on allait rentrer chez nous dès la fin du match. Mais on sait qu'on prend le risque d'une amende de 135 euros. C'est le prix d'un abonnement pour la saison".

Au club-house des "Amis du rugby", où le groupe se réunit avant chaque rencontre au milieu de vieilles photos et écharpes, reliques d'une période plus conviviale, Sylvie Buttignol est plus à cheval sur les horaires.

"On les aime beaucoup nos joueurs mais ils ne nous paient pas les amendes et le club non plus", plaisante-t-elle.

- Fumigènes et confettis -

Alors, parfois, quand le match commence trop tard et que leurs enfants ne sont pas ramasseurs de balles - une bonne excuse pour l'attestation de déplacement -, les supporters se contentent de l'arrivée des joueurs au stade pour leur montrer leur soutien avant de vite rentrer chez eux.

Samedi, en début d'après-midi, les Castrais ont été accueillis, derrière les vitres teintées de leur car, par une grosse centaine de personnes, dans un respect relatif des gestes barrières.

Sous un nuage de fumigènes et une pluie de confettis, ils ont semblé goûter l'espace de quelques mètres à ce semblant de normalité, à cette brève réminiscence du rugby qui se jouait devant du public.

Au coup de sifflet final, la victoire en poche, le pilier Wilfrid Hounkpatin et le troisième ligne et capitaine Mathieu Babillot, reconnaissants, sont allés saluer dans son petit coin le "kop" d'un autre groupe, "Puissance Castres".

"On sait que ce n'est pas simple pour eux cette saison", a commenté Babillot derrière son masque face aux journalistes tenus à distance. "On avait envie de les rendre fiers et j'espère qu'on y a réussi. On espère maintenant les retrouver rapidement, à Castres ou ailleurs". Et pas derrière des grilles.

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