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Tour de France: Froome a un boulevard

Le Britannique Chris Froome, au caractère diamétralement opposé à celui de Lance Armstrong, semble avoir un boulevard devant lui jusqu'à Paris malgré l'accumulation des difficultés dans les Alpes lors de la troisième et dernière semaine du Tour de France.

Que risque Froome dans les derniers jours de course ?

"Le meilleur grimpeur du monde", pour reprendre l'expression du patron de l'équipe Sky, Dave Brailsford, s'est montré -et de loin !- le plus fort dans les deux premières arrivées au sommet. Aucun de ses adversaires n'a pu garder sa roue, pas même le grimpeur colombien Nairo Quintana qui avait pourtant pris les devants dans l'ascension du Mont Ventoux.

Deux des trois étapes alpestres, l'Alpe d'Huez (jeudi) et le Semnoz (samedi), se concluent au sommet. Deux occasions, par conséquent, pour le Britannique de 28 ans de creuser encore l'écart sur ses suivants qui apparaissent résignés, à l'exception notable de l'Espagnol Alberto Contador, deux fois vainqueur du Tour à la fin de la décade précédente (2007, 2009).

Pour gagner le 100e Tour dimanche prochain, Froome dispose d'une autre journée à son avantage. Le contre-la-montre de 32,5 kilomètres, mercredi, au-dessus du lac de Serre-Ponçon, semble taillé à ses mesures, bien plus qu'à celles du champion du monde de la discipline, l'Allemand Tony Martin, le seul à l'avoir devancé la semaine passée sur la route menant au Mont-Saint-Michel. Mais Contador devrait cette fois perdre moins de temps sur un parcours présentant deux montées mais aussi deux descentes, un exercice loin d'être le point fort du Britannique.

A la tête d'une équipe Sky affaiblie (deux hommes en moins), vulnérable (surtout dans la plaine) mais encore efficace en montagne, à l'image de l'Australien Richie Porte sur les pentes du Ventoux, le porteur du maillot jaune court peu de risques. Sauf accident ou maladie.

Il peut aussi jouer avec l'appui d'autres formations, chacune ayant son propre intérêt en fin de Tour. Movistar et Europcar qui ont roulé à plein régime dimanche pour rejoindre le pied du Ventoux en ont donné un premier aperçu.

Deux maillots distinctifs (le jaune à Froome, le vert à Sagan) sont pour l'heure préemptés. Mais le blanc du meilleur jeune (Quintana ou Kwiatkowski ?) et les pois rouges du meilleur grimpeur (Froome, Quintana, Nieve ou Rolland ?) donnent lieu à des matches.

Le classement par équipes est encore plus incertain même si la Saxo de Contador semble la mieux armée et les victoires d'étape, tout comme les places d'honneur, valent cher. Autant d'enjeux, facteurs d'animations dans la dernière semaine de course mais aussi de blocages, en fonction des circonstances.

Pourquoi est-ce l'anti-Armstrong ?

Avec l'Américain, le septuple vainqueur du Tour (1999 à 2005) déchu pour dopage à l'automne passé, Froome partage le souci du détail, le perfectionnisme pointilleux... et la domination sur le Tour.

La différence essentielle, selon le Britannique qui s'est exprimé lundi lors de la journée de repos, c'est que "Lance a triché, je ne triche pas. Point final." Mais la suspicion qui entoure toute performance de haut niveau accompagne inévitablement le porteur du maillot jaune, dont la vitesse de jambes a produit une impression-choc dans la montée du Ventoux. Une suspicion déplorée par l'ancien champion américain Greg LeMond, l'un des principaux détracteurs d'Armstrong, qui veut croire en la sincérité du maillot jaune 2013.

Armstrong et Froome diffèrent surtout par le caractère. Au Texan, patron d'équipe redouté, dur voire brutal dans ses relations avec les autres, le Kenyan blanc oppose une inaltérable douceur et une éducation de très bon aloi. Ses coéquipiers le décrivent comme un homme profondément gentil. D'une courtoisie irréprochable, il ne hausse pas la voix... même quand il doit répondre pour la énième fois à une question sur le dopage.

Paradoxalement, Froome a agi autrement que son prédécesseur au sommet du Ventoux. Là où Armstrong avait cru (à tort) se concilier les bonnes grâces de Marco Pantani en 2000 en lui offrant ostensiblement la victoire, le Britannique s'est donné à fond pour creuser l'écart maximal.

On ne sait jamais ce qui peut arriver, a-t-on dit en substance du côté de l'équipe britannique, instruite par la mésaventure, le coup de bordures, survenue vendredi sur la route de Saint-Amand-Montrond. Mais la phrase relève de la précaution de langage, tant Froome a mis KO l'adversité.

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