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Trophée Jules Verne, le journal de bord de l'équipage: "Une vie en accéléré"

Filant à des vitesses pouvant frôler les 90 km/h, l'équipage du bateau géant volant Maxi Edmond de Rothschild fait l'expérience d'une "vie en accéléré", raconte l'un des équipiers, Morgan Lagravière, dans un carnet de bord pour l'AFP lors du Trophée Jules Verne.

Le multicoque de 32 mètres de long est parti le 10 janvier avec à son bord six marins - dont Morgan Lagravière, barreur/régleur - pour tenter de battre le record du tour du monde en équipage, soit 40 jours et 23 heures.

L'équipage a passé l'équateur vendredi avec une avance de presque six heures sur le détenteur (Idec Sport en janvier 2017) soit 5 jours et 13 heures.

"Cela fait tout juste une semaine que nous avons quitté Lorient, nos familles, nos amis, l'équipe du Gitana! En termes de conditions météo nous avons été gâtés avec un grand soleil. Ça nous a permis de nous éloigner plus sereinement, je dirais. Les départs, et surtout pour un tour du monde, sont toujours des moments assez particuliers dans la vie des marins. On quitte notre environnement de terrien, de famille pour retrouver un environnement de vie tout à fait différent; au large, à six, dans un bateau qui file jour et nuit.

Depuis notre départ en pleine nuit noire de Ouessant, on a tous trouvé notre rythme, pris nos marques. Tout s'enchaîne plutôt bien et nous avons la chance de profiter à nouveau de belles conditions pour naviguer depuis la sortie du Pot-au-Noir.

Ce qui est très frappant sur un bateau rapide comme le Maxi Edmond de Rothschild c'est que nous vivons tout en accéléré, à commencer par la météo. On vit toutes les saisons de manière très rapprochée. Je l'avais déjà un peu vécu en Imoca (bateaux du Vendée Globe, NDLR), qui est aussi une catégorie qui va vite, mais là c'est deux à trois fois plus rapide!

Les températures varient beaucoup chaque jour. Nous sommes passés du très froid au très chaud et là, le long du Brésil, nous revenons à des choses un peu plus tempérées. Mais à bord on savoure actuellement ces belles journées au chaud car on sait que le changement vers le froid va être brutal d'ici 48 à 72 heures. Les polaires et les duvets seront à nouveau de sortie et les bienvenus.

Au large du Cap-Vert on a touché un poisson dans le safran central alors que l'on naviguait à plus de 30 nœuds. Ça s'est révélé sans gravité car le matériel a tenu le choc mais j'étais à la barre et ça m'a tout de suite rappelé notre première tentative et ce qui nous avait conduit à faire demi-tour. On voit que ce que nous vivons sur ce Trophée Jules Verne peut s'arrêter très vite, en une fraction de secondes et sur des choses que l'on ne maîtrise malheureusement pas. C'est d'autant plus important de profiter de chaque jour qui passe et de ce que l'on vit car c'est exceptionnel !

Le bateau est incroyable et les conditions que nous rencontrons lui permettent de s'exprimer totalement. C'est une telle chance d'être ici avec cet équipage. Je mesure et je profite à fond".

Propos recueillis par Sabine COLPART

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