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Plus qu'un simple jeu de plage: Sara nous explique pourquoi l'Ultimate Frisbee est "un sport ultra-complet"

Le frisbee. On le réduit souvent à une activité que l'on pratique à la plage en vacances. Mais pas l'Ultimate Frisbee. C'est autre chose: un sport explosif, sans contact, où se mêlent technique et tactique. Plus surprenant encore: il n'y a pas d’arbitre. Et d'autant plus de respect entre adversaires. Sara nous fait découvrir ce sport en pleine expansion mais qui "manque cruellement de notoriété".

Très loin derrière le football et ses 200.000 membres ou le tennis et ses 66.000 adhérents, l'Ultimate Frisbee commence à se faire une petite place au sein des sports pratiqués en Fédération Wallonie-Bruxelles avec maintenant plus de 2.000 affiliés jouant dans une dizaine de clubs, ainsi que dans plusieurs équipes universitaires.

C'est pour donner un coup de boost à son sport "qui manque cruellement de notoriété" que Sara nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. "C'est dommage qu'un sport aussi chouette soit si peu connu", nous explique-elle. "A chaque fois que j'en parle, les gens se demandent ce que c'est. Et alors, je vous passe la blague qui revient le plus souvent. 'C'est un truc qu'il faut lancer à son chien, c'est ça?'". De quoi bien énerver cette Waterlootoise de 22 ans.

Pourtant, son sport est loin d'être un terrain de jeu où l'on perd ses nerfs. Et ce, malgré le fait qu'il se joue... sans arbitre. "La qualité unique de ce sport est qu'il est auto-arbitré. Chaque joueur sur le terrain est responsable du bon déroulement du match, responsable d'appeler les fautes quand il y en a, et de reconnaître ses torts. La communication, le fair-play, le respect de l'adversaire sont des valeurs mises sur le devant de la scène dans ce sport. C'est quelque chose d'assez exceptionnel". Et à raison. On n'imagine pas, un seul instant, un match de foot sans referee...

L'Ultimate frisbee est un sport d'équipe, qui se joue en salle, en extérieur ou sur sable, à 7 contre 7 ou à 5 contre 5, et qui allie toutes les qualités de plusieurs sports: endurance, précision, explosivité, tactique ou stratégie. "Toutes ces petites choses en font un sport ultra-complet. Pour le pratiquer, il faut avoir une bonne condition physique car ça court énormément. Un bon physique de manière générale est primordial dans ce sport".

A l'image du football américain, le but du jeu est d'atteindre une zone d'en-but adverse en se faisant des passes entre coéquipiers. Comme au basket, il est interdit de marcher avec le frisbee en main. A l'instar du hockey, c'est un sport sans contact, ce qui permet de le pratiquer dans plusieurs divisions: mixte, féminine, masculine dite "open", jeune et master. "Il n'y a que des passionnés, c'est ça aussi qui est vraiment super chouette. On a beaucoup de tournois aussi. Ce sont des moments hyper intenses, mais avant tout des moments d'échange et de rencontre".


Sara fait aujourd'hui partie d'un club situé à Braine-l'Alleud (Brabant wallon) et de l'équipe nationale U24 féminine ainsi que de la sélection nationale mixte.

Que de chemin parcouru pour cette étudiante en Bachelier - Ingénieur commercial à l'Institut catholique des hautes études commerciales (ICHEC). Elle qui a découvert sa passion alors qu'elle participait à une initiation en secondaires! "En fait, je me cherchais un sport. Je me suis rappelé que j'avais fait de l'Ultimate Frisbee à l'école et que j'avais plutôt bien aimé. Alors je me suis dit: 'Pourquoi pas trouver un club et essayer?'".

La première année, en 2016, Sara prend part aux entraînements et dispute des matches "sans plus". "Je faisais mon petit sport et voilà". Puis, le déclic lors d'un tournoi en France pour lequel on lui a demandé de venir. "C'était incroyable. On était comme coupé du monde pendant ce tournoi. On était dans un univers vraiment à part. Tout le monde s'entendait bien".

Elle participe ensuite à plus de tournois jusqu'à la journée de sélection pour les équipes nationales. Une détection pour lancer une équipe mixte. "On nous a fait passer des tests physiques et techniques. On a aussi fait des petits matches. A la fin de la journée, j'ai été prise".

La Belgique ne se débrouille pas trop mal au niveau international, nous dit-elle. "Honnêtement, on est pas mal. Les Adultes Féminines ont terminé 7e d'Europe l'an passé. Au niveau des jeunes, ce n'est pas encore vraiment développé. Au niveau masculin, les U24 ont été classés 7e au Championnat du monde et les U20 ont fini 4e au Mondial de 2018. En demi-finale, ils ont failli créer l'exploit en battant les Etats-Unis, la référence dans ce domaine. On y a cru jusqu'au bout ce jour-là!".

Le seul point négatif, c'est peut-être le coût de l'Ultimate Frisbee. S'il ne faut pas trop débourser pour y jouer, puisqu'il ne faut qu'un frisbee et de deux équipes d'au moins 5 joueurs, la cotisation dans un club s'élève en temps normal à 150 euros. Ce sont surtout les tournois tout au long de l'année qui alourdissent la balance. "Un tournoi coûte 45 € par joueur, le repas du soir n'est pas toujours inclus (50-60 € par week-end). On est aussi parti tout le week-end et donc, parfois, on réserve une auberge de jeunesse pour dormir (10 à 30 € la nuit). En équipe nationale, il faut payer 350 € par joueur pour participer à un tournoi, sans compter le stage de préparation (une centaine d'euros pour 3 jours). Il faut aussi compter l'équipement et le maillot (70-80 €) et tous les déplacements, ...".

Lueur d'espoir pour Sara et tous les amoureux de ce sport: les démarches pour le faire reconnaître par l'Administration de l'éducation physique, du sport et de la vie en plein air (Adeps) sont en cours. Et les quelques subsides accordés seront les bienvenus pour l'avenir et la démocratisation de l'Ultimate Frisbee.

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