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Vendée Globe: "Dans la tempête c'est magnifique" pour le leader Charlie Dalin

Pour son premier tour du monde en solitaire, Charlie Dalin mène brillamment le Vendée Globe, affrontant les éléments à bord de son bateau flambant neuf (Apivia), se délectant d'être au "coeur de la tempête" qu'il trouve "magnifique".

Joint par téléphone alors qu'il naviguait dans l'océan Indien, entre deux gros coups de vent, le marin normand de 36 ans a répondu aux questions de l'AFP tout en manoeuvrant son voilier dans des conditions musclées. Une première question, un début de réponse puis un blanc et des bruits de fond. Et de nouveau la voix du skipper: "Je suis à 25 noeuds (46 km/h) dans une mer dégueulasse", dit-il avant de lancer: "Revenons à nos moutons !"

Question: A quoi ressemble l'océan Indien où vous vous trouvez?

Réponse: "Les météorologues appellent ça le tunnel, c'est vraiment ça, t'es dans un tunnel en mouvance, il faut faire avec. La seule solution est d’avancer assez vite. Mais il y a des moments où je savoure, hier dans la tempête, c'était magique. Ce qui me gêne dans la tempête c'est l'approche de la tempête, tu dois réduire la voilure, ça fait toujours peur, réduire trop tôt, être trainé du coup pendant un moment et réagir trop tard. Ce qui me dérange dans ces coups de vent c'est plus l'avant. Une fois que t'es dedans, que t'as ta voilure, reste plus qu'à attendre, quelque part".

Q: Et après ?

R: "Après dans la tempête c'est magnifique, la lumière, la mer était grosse, était belle. Je voyais avec une caméra que je faisais tourner à 360°, j'étais à l'abri dans le bateau, je voyais, les déferlantes et le grain arriver et c'était beau, c'est un beau spectacle. Une fois que t'es dedans, t'es dedans. Moi c'est un bateau qui est fait pour aller très vite, des pointes à plus de 30 noeuds (55 km/h). Le seul danger dans ces tempêtes serait une vague qui ferait coucher le bateau, le faire rouler. Je n'ai pas eu de déferlantes dangereuses dans cette première tempête. Mais j'ai apprécié, tout en protégeant mon bateau, d'être au cœur de la tempête".

Q: Pouvez-vous nous décrire cette tempête ?

R: "C'était une mer désordonnée, particulièrement au début avant le vent fort, une mer très courte, vraiment désagréable. Au coeur de la tempête la houle était plus allongée, un peu plus vivable. Tu surveilles le vent qui augmente au fur et à mesure, les grains. Le vent était très instable, du coup quand tu vois arriver un grain tu ne sais pas trop si ça va monter, la plus grosse c'est proche des 50 noeuds (92 km/h), tu essaies de garder le contrôle du bateau et ne pas aller trop vite non plus pour pas trop taper dans les creux de vagues".

Q: Votre cockpit est presque entièrement fermé. Est-ce que ça change la donne ?

R: "Aujourd'hui je ne m'équipe que pour faire une manoeuvre quand je dois sortir du bateau, c'est un luxe. Tu perds pas de temps à t'équiper et ça reste une zone relativement sèche. Avoir cet espèce de dernier rempart avant les éléments, cet espace de confort à l'intérieur du bateau. Je n'ai pas de chauffage à bord, ça permet de garder une température assez élevée à l'intérieur du bateau. Là il fait presque 17 degrés dans le bateau, c'est supportable on va dire. Depuis que je suis arrivé dans les mers du sud, le plus froid que j'ai eu c'est 12,2 degrés".

Q: Seul à bord, souffrez-vous de la solitude ?

R: "Ca va. Hier soir c'était sympa. J'avais demandé à ma compagne de m'envoyer en photos les pages d'un livre de mon fils (Oscar, 2 ans et demi). L'idée c'était de pouvoir lui lire au téléphone. J'ai eu cette idée pendant la course, il y avait un moment que je voulais le faire mais je n'avais pas encore eu le temps. Elle a mis son téléphone sur haut-parleur, elle tournait les pages et moi je lisais l'histoire. C'était un grand moment de partage, je l'entendais réagir à l'histoire. C'était un petit moment sympa, j'étais en train de sortir de la tempête".

Propose recueillis par Sabine COLPART

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