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Violences sexuelles: aux "Français Volants", une soirée face aux parents pour entamer la thérapie

"On le croisait quand même tous les jours": le club parisien historique de patinage et de hockey sur glace des Français Volants, "traumatisé" par les révélations d'abus sexuels de l'un de ses dirigeants, Gilles Beyer, a entamé mercredi soir sa thérapie par une réunion entre des parents inquiets, en colère ou sceptiques, et une association de protection des victimes.

"Vous vous dites que c'est bien que votre fille aille en club pour progresser (...) et puis on se retrouve comme chez les curés, où tout est étouffé, tout est caché". Comme une soixantaine de parents, Sylvain, un Parisien de 48 ans qui préfère ne pas donner son nom, est venu passer la soirée au siège du comité olympique français, en bordure du périphérique parisien, pour prendre des informations auprès de l'association Colosse aux pieds d'argile.

La réunion était l'une des premières réponses concrètes pour rassurer les parents de la part du club des Français Volants, place forte du patinage français et épicentre depuis la fin du mois de janvier du vaste scandale de violences sexuelles qui a secoué tout le sport tricolore.

D'abord accusé de viols par les anciennes patineuses qu'il entraînait, Hélène Godard et Sarah Abitbol, respectivement à la fin des années 70 et au début des années 90, quand elles avaient 13 à 14 ans pour la première, 15 à 17 ans pour la seconde, Gilles Beyer a aussi été mis en cause pour des faits beaucoup plus récents alors qu'il était délégué général du club, dont la patinoire se trouve à Bercy.

La mère d'une jeune championne l'a accusé de lui avoir envoyé de nombreux messages "obscènes" puis d'avoir tenté d'obtenir ses faveurs sexuelles contre des cours gratuits pour sa fille en 2017-2018. Beyer, 62 ans, a concédé des relations intimes" et "inappropriées" avec Sarah Abitbol, lui présentant des "excuses" aussitôt refusées par celle-ci. Son avocat annonce qu'il se tient "à disposition de la justice".

- "Climat anxiogène" -

"Gilles, c'est le bureau à gauche de la porte d'entrée de la patinoire. C'est lui qui présentait les galas, les spectacles. Tous les adhérents le connaissent, les parents, les enfants, c'est un peu un traumatisme", confie à l'AFP un membre du club, sous couvert d'anonymat.

"On le croisait quand même tous les jours. Quand on l'a appris... ça donne envie de vomir", confirme Blandine Le Marchand, 47 ans, dont un fils est licencié en hockey, dans ce club fondé en 1937, où de nombreux champions du patinage ont été formés.

Pour les parents d'enfants inscrits aux Français Volants, la situation interpelle d'autant plus que si Gilles Beyer a été évincé de l'encadrement, le président du club n'est autre que ... son frère, Alain Beyer, qui a promis de se mettre à l'écart dans les prochaines semaines.

"Je serais quand même très étonné s'il n'était au courant de rien", redoute Sylvain, l'un des parents.

"Il y a un climat anxiogène (...) à nous d'apaiser tout le monde et de faire en sorte que tout le monde ne soit pas dans le même panier", a expliqué, après la réunion, le président de Colosse aux pieds d'argile, Sébastien Boueilh, un ancien rugbyman lui-même victime durant son enfance.

"On est là pour expliquer aux parents comment fonctionne un prédateur (...) comment identifier une victime par rapport au changement de comportement qu'elle peut avoir, capter les signaux", explique-t-il après la réunion, dont les journalistes étaient tenus à l'écart.

La réunion a aussi servi à diagnostiquer des problèmes concrets: "Par exemple on a entendu qu'un coach a besoin de passer dans le vestiaire des filles pour aller chercher du matériel", expose Sébastien Boueilh.

La prochaine fois, "ce sera avec les enfants, par tranche d'âge, à la patinoire", conclut-il.

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