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Voile: la mixité sur le devant de la scène à la Transat Paprec

Pour la première fois, une épreuve de course au large instaure la mixité comme une règle à part entière: la Transat Paprec s'est élancée dimanche de Concarneau en direction de Saint-Barthélémy, avec 11 duos femmes-hommes prêts à en découdre.

"C'est un sport où on peut se battre. Cela ne se joue pas que sur le physique. Il y a aussi la stratégie, la gestion du sommeil, la capacité à gérer la frustration. Et on le voit dans les classements", explique Violette Dorange, 10e de la dernière Solitaire du Figaro.

La navigatrice, 21 ans, prend le départ de la course avec Basile Bourgnon (Edenred) et le duo s'entraîne ensemble depuis des mois : "D'habitude on est adversaire... j'ai préféré l'avoir dans mon équipe cette fois pour augmenter mes chances", commente le Breton, grand habitué des pontons et fils du célèbre marin Laurent Bourgnon.

Séparément, ils ont déjà six traversées transatlantiques au compteur, mais comme pour les autres équipages au départ, l'air du large aura toujours un parfum de découverte. "Partir à deux, c'est à chaque fois une nouvelle histoire, quel que soit le sexe. A bord, on est juste des soldats sur un bateau. Il faut faire le boulot, bien manœuvrer, bien réfléchir", relève Bourgnon, 20 ans.

- Longue histoire -

La célèbre traversée, ex-Transat AG2R, a une longue histoire avec les femmes. Catherine Chabaud, Florence Arthaud ou encore Isabelle Autissier ont pris le départ dans les années 1990, sur les monocoques Figaro Bénéteau, des types de voiliers toujours utilisés.

En 2000, la navigatrice Karine Fauconnier a même remporté l'épreuve en duo avec Lionel Lemonchois. Mais depuis, aucune femme n'est plus montée sur le podium. Pour cette 16e édition, il y en aura forcément trois.

Les organisateurs ont officiellement imposé en juillet dernier aux équipages d'être 100% mixte, une première. "On rentrait dans une nouvelle phase pour la course, avec un nouveau partenaire (Paprec, NDLR) et on voulait raconter une histoire différente", détaille Jospeh Bizard, directeur général d'OC Sport Pen Duick, organisateur de l'événement.

"Cela doit aussi répondre à un problème de notre sport qui est que les femmes ne se sentent pas forcément à leur place dans la course au large et on a besoin de stimuler une dynamique", précise-t-il.

- "Sous-représentées" -

Côté skippers, on se réjouit. "Il n’y aura jamais eu autant de navigatrices à participer, affirme Pauline Courtois, championne du monde de match-racing. "Ça ouvre plein d’opportunités pour les filles", ajoute celle qui s'élance avec Corentin Horeau (Mutuelle Bleue).

Pour Jeanne Grégoire, ancienne marin et directrice du Pôle Finistère Course au Large de Port-la-Forêt, cette démarche est à saluer. "A terme, cela pourra permettre à plus de femmes de participer à des courses d'envergure car elles auront acquis plus d'expérience", selon elle.

"C'est regrettable de devoir l'imposer, mais on voit bien que c'est nécessaire. Au départ de la Route du Rhum, il y a 138 bateaux et 7 femmes à la barre. On est dans un système où les femmes sont sous-représentées", explique-t-elle.

Alors que le monde de la course au large a été secoué en début d'année par l'affaire Clarisse Crémer, qui a affirmé avoir été débarquée par son sponsor car elle était devenue maman, la Transat Paprec doit permettre de rappeler que "les femmes savent naviguer à très haut niveau", dit Jeanne Grégoire.

Le départ de la course a été donné en début d'après-midi à Concarneau pour un parcours de 3.890 milles à parcourir jusqu’à Saint-Barthélémy.

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