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Voile: neuf filles en lice pour une course au large plus féminine

"On a toutes le couteau entre les dents": Violette Dorange, 18 ans, résume le niveau de motivation des neuf candidates en lice cette semaine à Port-la-Forêt (Finistère) pour le Challenge Océane, la première filière d'excellence de course au large 100% féminine.

"C'est rare de voir autant de filles sur des bateaux", note la jeune navigatrice, tout juste majeure, avant d'aller se mesurer en mer aux huit autres candidates âgées de 18 à 28 ans de cette première édition financée par la région Bretagne et le Crédit Mutuel de Bretagne (CMB).

A bord de l'un des trois bateaux de la filière d'excellence de course au large Bretagne-CMB, elles vont disputer plusieurs manches en équipages de trois, alternant les postes sous l'oeil attentif des membres du jury composé de représentants de la Fédération française de voile (FFV), d'entraîneurs du Pôle d'entraînement Finistère course au large de Port-la-Forêt et de navigateurs reconnus comme Paul Meilhat ou Samantha Davies.

"Il y a toujours eu plus d'opportunités dans la course au large pour les hommes que pour les femmes", note la navigatrice britannique, estimant "dommage" de ne pas avoir pu profiter elle-même d'un tel dispositif.

Toute la semaine, les navigatrices en herbe ont enchaîné les régates dans le berceau sportif des Jourdain, Le Cam, Josse ou Riou, mais aussi les entretiens individuels et les tests techniques et physiques.

Elles ont notamment dû nager vêtues d'un épais ciré sous une voile de bateau flottant à la surface de l'eau d'une piscine, passer sous un rocher artificiel posé dans le fond du bassin ou tenter de se hisser à une corde à noeuds suspendue à une cinquantaine de centimètres au-dessus de l'eau, toujours habillées de leur combinaison pour plus de points, ou après l'avoir retirée.

"Elles prennent tout cela très au sérieux, elles ne lâchent rien !" commente Samantha Davies.

- "un rêve" -

"Il y a beaucoup de talents chez toutes les filles, on a toutes le couteau entre les dents, on a toutes envie d'y aller à fond", confirme Violette Dorange, assurant vivre "un rêve".

Ces épreuves, comme toutes les autres, sont les mêmes que celles auxquelles sont soumis les candidats, femmes et hommes, du challenge Espoir de la filière bretonne, destiné à repérer les futurs talents de la course au large, mais jamais remporté par une femme depuis sa création en 1993.

Sur des courses "très techniques et surtout très physiques comme avec les Figaro 3 on avait peu de chances d'avoir une femme lauréate sur un projet mixte", explique à l'AFP Christian Le Pape, directeur du Pôle course au large, évaluant à 10% la proportion de filles dans la course au large à la voile, l'une des rares disciplines sportives où hommes et femmes peuvent concourir ensemble.

D'où l'idée de créer ce défi 100% féminin, avec à la clé: un bateau, un salaire et un budget de fonctionnement pour disputer pendant deux ans le circuit du championnat de France de course au large en solitaire, ainsi que l'intégration au pôle d'entraînement de Port-la-Forêt.

Cette filière permettra en outre de créer un "vivier" de navigatrices en prévision de l'épreuve de course au large en équipages mixtes qui fera pour la première fois son entrée aux JO de Paris en 2024.

"C'est vraiment une filière exceptionnelle pour aider les filles à percer et briller dans la course au large: vous venez avec votre ciré et vous avez un salaire, un bateau, un préparateur et un budget de fonctionnement", note Christian Le Pape, connu pour dénicher les futurs grands noms de la voile.

Trois candidates, parmi lesquelles la Rochelaise Violette Dorange, première fille à avoir traversé la Manche en Optimist en 2016, à l'âge de 15 ans, et plus jeune participante à la Mini-Transat, cette course transatlantique en solitaire et sans moyens de communication, se retrouveront en finale du challenge du 9 au 13 décembre à Port-la-Forêt.

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