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XV de France: en 3e ligne, un régime enfin complémentaire

Un "plaqueur-gratteur" (Wenceslas Lauret), un N.8 qui fait avancer (Grégory Alldritt) et un coureur (Charles Ollivon), capable d'assurer la continuité du jeu: après un an et demi de tâtonnements, le sélectionneur du XV de France Jacques Brunel semble avoir trouvé la recette d'une troisième ligne équilibrée.

Dimanche à Oita (sud du Japon), en quart de finale de Coupe du monde face au pays de Galles, elle ne sera alignée que pour la troisième fois, après les deux rencontres de la compétition contre l'Argentine et les Tonga (23-21 à chaque fois).

Et pour cause: Alldritt (22 ans, 10 sél.) n'a fait ses débuts internationaux qu'en février, quand Ollivon (26 ans, 10 sél.) n'avait pas encore retrouvé la compétition après une rechute de sa fracture à un omoplate qui lui a gâché la vie ces deux dernières années.

Ils ont commencé à faire la paire lors des deux premiers matches de préparation, contre l'Ecosse, à Nice (32-3) puis Edimbourg (14-17), deux rencontres que n'a pu disputer Lauret (30 ans, 26 sél.), alors handicapé par une douleur à une cuisse.

Le Racingman est revenu pour le dernier tour de chauffe, contre l'Italie au Stade de France (47-19), rencontre que n'avaient pas débutée Alldritt et Ollivon.

Cette troisième ligne a donc été lancée dans le grand bain au Mondial en raison de sa complémentarité que recherche tout staff même si quelques exceptions existent (les Australiens avec le duo de "gratteurs" Pocock-Hooper par exemple).

- Lauret, profil indispensable -

Lauret est le "plaqueur-gratteur" de la bande, précieux pour marquer physiquement l'adversaire et ralentir ses libérations de balle, et donc de facto son jeu. "Un profil qu'il faut dans une équipe, même s'il est plus en difficultés balle en main, ce n'est pas nouveau" déclare à l'AFP Thomas Lièvremont, ancien N.8 du XV de France.

Ollivon est lui supérieur techniquement et capable, par "son intelligence de jeu et ses qualités de déplacement", poursuit Lièvremont, d'assurer le lien entre avants et trois-quarts, indispensable pour permettre la continuité du jeu.

Ils entourent Alldritt, qui n'a certes "pas la puissance" de Louis Picamoles, l'ancien titulaire du poste de N.8, selon Lièvremont, mais qui "joue tellement juste qu'il fait avancer", par ses "appuis et sa technique individuelle".

Entre novembre 2018 et le Tournoi des six nations 2019, Brunel avait pourtant aligné à sept reprises (en huit rencontres) une troisième ligne qui paraissait déjà équilibrée, formée de Lauret, Picamoles et Arthur Iturria.

La nouvelle l'est encore davantage puisqu'Ollivon, dont la course longue est supérieure à celle d'Iturria, fait davantage le lien entre les avants et les arrières.

- Alldritt et Ollivon, interchangeables -

Surtout, souligne Lièvremont, le XV de France ne "pratique plus le même rugby" depuis l'arrivée dans le staff cet été de Fabien Galthié, chantre d'un jeu davantage porté vers le mouvement.

"Cette troisième ligne correspond au jeu que veut pratiquer l'encadrement" abonde Jean-Claude Skrela, ancien 3e ligne et sélectionneur des Bleus.

Lièvremont développe: "Il y a eu une évolution, on a désormais besoin d'un 3e ligne de +rupture+, et Ollivon remplit ce rôle comme aurait pu le faire (François) Cros (finalement non retenu). Il est au soutien offensif comme Alldritt, même si ce dernier évolue davantage au près et dans la couverture du +troisième rideau+."

Ollivon et Alldritt bonifient cette troisième ligne, poursuit l'ancien N.8: "Ils sont indispensables et interchangeables. Ils respirent le même rugby, arrivent à franchir sur leur technique individuelle, sont très forts dans les duels, sur les appuis, et par leur gestuelle sont capables de faire jouer après eux" poursuit l'ancien N.8.

Ollivon lui-même reconnaissait, avant le match de l'Argentine, avoir des affinités avec le Rochelais: "On ne se connaissait pas du tout il y a deux mois et demi. On s'est bien entendus en dehors du terrain et, quand les matches sont arrivés, sans que ce soit forcément volontaire, on s'est bien trouvés sur le terrain, que ce soit moi avec le ballon, lui en soutien et réciproquement." Il est à souhaiter pour les Bleus qu'ils se trouvent de nouveau facilement dimanche.

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