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Au Dakar, les carrosseries des véhicules sont tapissées de noms de sponsors. Dans la masse ici ou là, des autocollants d'associations portés par des concurrents amateurs que le rallye-raid peut aussi permettre de "servir des causes plus nobles".
Diffusée par 70 chaînes de télévision à travers le monde, "le Dakar donne une visibilité phénoménale aux associations qu'on parraine", assure, avec la fraîcheur des premiers jours, Eric Abel, osthéopathe des Pyrénées Orientales engagé sur les pistes saoudiennes dans la catégorie des SSV, des buggies.
Le voilà à son cinquième Dakar, et avec son copilote Serge Gounon et l'association "Los Amigos", dont la mascotte, un âne catalan, trône sur le capot, ils ont dépassé les 100.000 euros de dons récoltés. Environ 15% du budget construit en amont grâce aux sponsors est alloué à des associations, dont cette année "Vaincre la Mucovisidose" et "Dans les yeux de Loli", pour soutenir une fillette atteinte du syndrome de Rett (une maladie rare d'origine génétique).
A chacune des quinze étapes du raid avalée, une somme est débloquée.
Du côté des Espagnols, deuxième nationalité la plus représentée parmi les 790 concurrents ayant pris le départ, il y a aussi des "équipes différentes avec une dimension sociale et pas seulement sportive", assure Rafael Lesmes dans son T-shirt flanqué "Dakar por la vida".
Il entend certes profiter de l'expérience comme copilote, terminer la course le 15 janvier à Dammam, mais il veut surtout apporter son "grain de sable pour diffuser un message très important": la prévention contre le cancer du sein chez l'homme.
Certains se revendiquent de "l'esprit Dakar".
- Autographes et concours -
En 1986, le chanteur Daniel Balavoine décide après une participation comme co-pilote, de s'engager d'une autre manière, cette fois humanitaire. Il s'investit comme ambassadeur pour l’opération "Pompes à eaux pour l’Afrique" où le rallye s'est couru jusqu'en 2008.
L'affichage et la notorité de l'interprète-compositeur participent à faire naître l'imaginaire d'un rallye-raid solidaire. Et près de quarante ans plus tard, certains font leur la devise de Thierry Sabine, père du "Paris-Dakar", "Passionner ceux qui partent et faire rêver ceux qui restent".
"Mon objectif c'est d'accompagner des enfants malades et de les rapprocher de leur rêve: skier pour certains, monter dans une voiture de course pour d'autres", explique Ludovic Gherardi, parrain de l'associaton "Enfant'Ain".
Ce pilote essaie de récupérer autographes et divers objets pour les donner à des enfants malades à son retour. Il a également déjà réservé un terrain pour leur offrir un baptême du feu à bord d'une voiture de course aménagée en fonction de leur pathologie.
L'Espagnol Alberto Benedicto opte lui pour des concours et tirages au sort pour faire gagner des gants notamment et collecter de fonds pour la fondation Cudeca qui vient en aide à des personnes malades de cancer.
- Vidéos et collectes de fonds -
D'autres ont ouvert une cagnotte, à l'instar de Gérard Tramoni. Il veut récolter un euro par kilomètre parcouru pour l'association "L’enfant@l’hôpital", et développer ainsi le sport à l'hôpital femme-mère-enfant dans la région lyonnaise.
Cet anesthésiste à la ville a troqué sa casquette de médecin du Dakar pour celle de pilote, et enchaîne les vidéos sur les réseaux sociaux pour ces enfants: "ils veulent tout voir!"
Il leur montre les soleils couchants sur le désert saoudien, les traits tirés après les étapes, tantôt aux côtés du quadruple vainqueur du Dakar le Qatarien Nasser Al-Attiyah, ou du Français Sébastien Loeb.
Tous espèrent que l'organisateur Amaury Sport Ogranisation les fera monter quelques minutes sur le podium pour parler de leurs associations. Mais ils disent manquer de visibilité par rapport aux professionnels et leurs "énormes sponsors".
"Je ne comprends pas qu'il n'y ait pas plus de concurrents qui utilisent ce levier de courir pour une association, accessoirement ça facilite aussi la collecte de sponsors", dit Eric Abel.
"Tant que c'était qu'un rallye-raid, il y avait cet esprit-là, de solidarité. Mais à partir du moment où le chrono compte beaucoup, que c'est dans le championnat du monde de rallye-raid, c'est une autre dimension, il y a peut-être moins de place pour ça", avance Ludovic Gherardi.