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Après Rémi Cavagna et Florian Sénéchal, au tour de Julian Alaphilippe? Le tricot tricolore colle à la peau du trio de Soudal-Quick Step et le statut d'homme à battre à celle d'"Alaf'", sur le parcours cabossé de Cassel, dimanche aux Championnats de France de cyclisme.
Après une saison 2022 noire, le double champion du monde a retrouvé des couleurs. Mais il lui en manque sur le maillot depuis qu'il a dû remiser celui de champion du monde l'an dernier. Un succès dans le Nord, sur ce parcours qui lui plait, le barbouillerait de bleu, de blanc et de rouge autant qu'il confirmerait son retour au premier plan, à moins d'une semaine du Tour de France (1er-23 juillet).
"Julian ne pourra pas se cacher", dit le grimpeur d'AG2R-Citroën, Aurélien Paret-Peintre. "Le parcours lui correspond à 100%. C'est le meilleur coureur du monde sur ce type de bosses."
Le monticule de Cassel (176 mètres), qui surmonte la plaine de Flandre intérieure, est visible des faubourgs d'Hazebrouck, d'où s'élancera à 11h00 le peloton avant de rejoindre la boucle finale en huit.
- "Ca me plaît" -
"La motivation est là mais je n'ai pas toutes les cartes en main. On verra si le scénario se présente bien pour nous", déclare pour sa part +Alaf'+. "C'est un circuit sélectif et ça me plaît."
Il n'est pas le seul. Benoît Cosnefroy et donc Aurélien Paret-Peintre, chez AG2R-Citroën, le fixent avec gourmandise. Thibaut Pinot, David Gaudu et Valentin Madouas avec appétit aussi, du côté de la Groupama-FDJ. Guillaume Martin, Axel Zingle et Victor Lafay ont également faim, alors que leur équipe nordiste Cofidis n'a jamais été sacrée championne de France depuis sa création en 1997.
Autres possibles prétendants, Romain Bardet et Christophe Laporte ont fait l'impasse, même si ce Championnat s'annonce comme le plus exigeant depuis 2016 et le deuxième sacre d'Arthur Vichot, à Vesoul.
A l'affiche: 224 kilomètres au total pour près de 4.200 mètres de dénivelé positif. Ceux-ci sont concentrés dans deux belles bosses à gravir lors de chacun des 15 tours. Une première pavée, de 1,5 km à 4% de pente moyenne, très vite suivie d'un mur passant sous la porte d'Aire: un km à près de 8%, juste avant la ligne.
"Ca risque d'être spectaculaire", annonce Julian Alaphilippe. Il l'assume, le puncheur vient "pour essayer de gagner". Sinon, "ce sera un bon entraînement pour Bilbao", ajoute-t-il, en référence au grand départ du Tour, qu'il doit retrouver deux ans après, le 1er juillet, avec deux premières étapes taillées pour lui.
Le discours a changé, regonflé par son succès ce mois dans la deuxième étape du Dauphiné. Sorti d'un tunnel de mois moroses marqués par des chutes à répétition, dont celle terrible de Liège-Bastogne-Liège l'an passé (pneumothorax, fractures d'une omoplate et de deux côtes) qui l'a privé de la Grande boucle 2022. Une période pâle prolongée par une campagne ardennaise 2023 plombée par un genou blessé.
"Ca a été des moments vraiment très difficiles", témoigne son cousin et entraîneur Franck Alaphilippe." Julian a l'âme d'un gagneur. S'imposer en World Tour était vraiment important pour son moral. Ca permet de mieux travailler encore. (...) C'est un cercle vertueux."
- "Tout le monde nous fliquera" -
Plusieurs fois passé près de s'imposer aux Championnats de France (3e en 2018 et 2020), il n'a pas encore conclu, ce qui n'empêche pas son équipe belge, Soudal-Quick Step, en sous-nombre, de monopoliser le maillot bleu-blanc-rouge depuis deux ans.
"Ca fait plaisir de gagner alors que les équipes françaises sont à 15 ou 20", sourit Florian Sénéchal au moment de rendre l'étoffe tricolore. "J'ai l'impression que tout le monde nous redoute et nous fliquera."
"Ils ne sont que trois mais ils sont trois très forts", explique Benoit Cosnefroy. "Les grosses équipes françaises ont aussi le poids de la course sur les épaules et il y a souvent un marquage entre elles."
"On sait que si on arrive dans les deux derniers tours avec Julian, en un contre un, on ne pourra pas le lâcher, décrit Aurélien Paret-Peintre. A nous de jouer sur le surnombre."