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Le coureur suisse Gino Mäder, 26 ans, a succombé à ses blessures vendredi après avoir été victime d'une lourde chute la veille dans la vertigineuse descente finale de la 5e étape du Tour de Suisse, un décès qui a provoqué une onde de choc dans le monde du cyclisme.
Le grimpeur "n'a pas pu relever son dernier et plus grand défi et à 11h30, nous avons dû dire au revoir à l'une des lumières de notre équipe", écrit la formation Bahrain-Victorious dans un communiqué.
Gino Mäder, alors 27e du classement général, était tombé jeudi au km 197 de l'étape-reine de l'épreuve helvétique, entre Fiesch et La Punt, dans la descente du col de l'Albula, après une journée harassante marquée par trois ascensions au-delà de 2.000 m d'altitude et 4.710 m de dénivelé positif.
Il avait été retrouvé "inerte dans l'eau" d'un ravin en contrebas de la route et transporté à l'hôpital de Coire après avoir été réanimé.
- Meilleur jeune de la Vuelta -
Mais le lendemain, "Gino a perdu son combat pour se remettre des graves blessures qu'il avait subies", a expliqué la Bahrain-Victorious, qui s'est dite "dévastée par cet accident tragique".
La course a été "neutralisée" vendredi avant le départ de la 6e étape entre Coire et Oberwil-Lieli, et le peloton a parcouru en silence les 30 derniers kilomètres, formant un cortège quelques mètres en retrait des six coéquipiers de Gino Mäder, qui ont franchi la ligne sous les applaudissements des spectateurs.
L'épreuve emmenée par le maillot jaune danois Mattias Skjelmose (Trek-Segafredo) reprendra samedi.
Le directeur général de la Bahrain, Milan Erzen, a rendu hommage à "un cycliste extrêmement talentueux, mais aussi une personne formidable en dehors du vélo".
D'autres équipes ont exprimé leur tristesse. "Une information accablante et vraiment difficile à concevoir", a affirmé Soudal Quick-Step. "Notre sport, si beau et si cruel", a réagi l'AG2R.
"Le cyclisme est une grande famille, aujourd'hui nous pleurons tous un garçon spécial. Ton sourire restera toujours dans nos coeurs", a affirmé l'organisation du Tour d'Italie, où le grimpeur avait remporté une étape en 2021.
Côté coureurs, le Slovène Primoz Roglic s'est dit "sans voix" et le Gallois Geraint Thomas a évoqué "un jour triste". "Repose en paix, tu me manqueras", a posté le Slovène Tadej Pogacar sur Instagram. Le Français Julian Alaphilippe s'est dit "terriblement choqué", ajoutant: "tu étais un guerrier, un chic type Gino".
"Nous nous souviendrons toujours de toi", a réagi son compatriote Stefan Küng, vainqueur dimanche de la première étape.
Mäder était l'un des principaux espoirs suisses dans les courses à étapes, et s'était classé 5e et meilleur jeune du Tour d'Espagne 2021.
L'Américain Magnus Sheffield (Ineos-Grenadiers) avait chuté au même endroit et avait été hospitalisé avec "des contusions et une commotion cérébrale", selon l'organisation.
Derrière le vainqueur d'étape, l'Espagnol Juan Ayuso, la moto suiveuse avait été flashée à plus de 100 km/h, d'après le direct officiel du Tour de Suisse.
- Evenepoel furieux -
Dès jeudi soir, le champion du monde Remco Evenepoel avait déploré sur Twitter le choix de boucler par un tel tracé cette étape éprouvante.
"Puisqu'une arrivée au sommet aurait été parfaitement possible, ce n'était pas une bonne décision de laisser (les coureurs) finir par cette descente dangereuse", avait écrit le Belge.
L'Allemand Simon Geschke (Cofidis) lui avait répondu, dans un message publié avant l'annonce du décès de Mäder et supprimé depuis: la descente vers La Punt - un classique du Tour de Suisse - "n'était pas dangereuse, avec de bonnes routes, pas de tunnels, des virages parfaitement visibles".
"Mais je suis d'accord sur le fait que dans les 10 derniers kilomètres d'une course, c'est chercher les ennuis. Mais ce sont les coureurs qui prennent des risques, à mon avis, pas seulement dans les descentes", avait-il poursuivi.
Sa chute mortelle rappelle celles du Belge Wouter Weylandt en 2011, dans la descente du Passo del Bocco lors de la 3e étape du Giro, et de l'Italien Fabio Casartelli en 1995, dans la descente du Portet d'Aspet pendant la 15e étape du Tour de France.
L'Union cycliste internationale avait annoncé fin 2020 de nouvelles mesures pour sécuriser les parcours après la très grave chute du Néerlandais Fabio Jakobsen lors du Tour de Pologne quelques mois plus tôt, mais elles concernaient surtout les arrivées au sprint massif.