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Edito: Mick Schumacher, quand l'émotion prend le volant d'une F1

Mick Schumacher est au volant de la Ferrari SF90 ce mardi. Demain, le pilote allemand prendra le volant de l'Alfa Romeo. Des tests en F1 justifiés, mais qui font craindre une promotion éclair indépendante de résultats.

La Formule 1 est un monde à part. Comme le football et d'autres sports très médiatisés, la F1 est un business, dans lequel investissent de nombreuses personnes, à commencer par les pilotes. Certains d'entre eux ne doivent leur place dans le paddock qu'à un amas de billets déposés par d'influents sponsors. D'autres ont carrément pu compter sur leur paternel pour racheter une équipe, s'assurant ainsi une place à long terme en Formule 1 (coucou Lance, ça roule ?).

Avec Mick Schumacher, la F1 emprunte encore une autre pente glissante. Celle de l'émotion. Pour le comprendre, il faut partir d'un postulat. La Formule 1 est, aujourd'hui encore, considérée comme la discipline reine du sport automobile. Elle n'attire plus autant, mais les convoitises restent nombreuses. Il n'y a pourtant que 20 baquets disponibles. La logique voudrait donc que les 20 meilleurs pilotes au monde soient engagés dans la discipline.

Si tel est le cas, Mick Schumacher a-t-il sa place en Formule 1 ? Impossible à dire à ce stade. Le fils de Michael n'a que 20 ans et quatre saisons de monoplace dans les jambes. Ce n'est pas un problème, des pilotes plus jeunes ont déjà débarqué en Formule 1 par le passé. On pense notamment à Max Verstappen. Mais la majorité sont des prodiges. Mick ne l'est pas encore.

S'il a obtenu un titre prestigieux l'an dernier, avec le titre en Formule 3 européenne, il n'a pas encore suffisamment impressionné pour que l'on se dise, devant sa télé, "waw, lui, c'est un futur champion du monde". Il a même eu besoin de 44 départs avant de remporter un succès en F3. Lui-même le sait et le reconnaît, signe d'une grande prudence et d'une grande maturité, indispensable à la réussite dans ce métier. Il l'a prouvé dés le début de sa carrière, lorsqu'il avait décidé de prendre le nom de jeune fille de sa maman afin de ne pas attirer l'attention sur les circuits de karting.


Mick Schumacher a marqué ses premiers points en F2 ce weekend.

Mais s'appeler Mick Schumacher ouvre des portes. Plus encore quand on est le descendant de Michael Schumacher. Un septuple champion du monde dont l'état végétatif fait encore pleurer le petit monde de la F1. Voilà ce qui justifie l'intérêt porté à Mick: l'émotion. Le flair de Ferrari a encore frappé.

En alignant Mick Schumacher lors de ces essais, la Scuderia s'offre une fabuleuse bouffée d'oxygène. Un test justifié par les exigences de ces séances, réservées à des rookies, mais qui propulse sur le devant de la scène un pilote qui, objectivement, n'a pas encore démontré qu'il méritait d'être en F1. Et un immense coup de pub sur le dos d'une émotion morbide. Ne soyons pas dupe: cet essai fait partie d'une stratégie globale qui vise à la faire monter en F1 le plus tôt possible.

Je lance une bouteille à la mer, mais je me mouille, aussi. Son test de mercredi chez Alfa Romeo n'est pas innocent. L'écurie a un lien fort avec Ferrari, qui fourni son moteur à la structure suisse. Ferrari a donc son mot à dire sur le duo de pilote et voudra y implanter Mick Schumacher, qui ne débutera jamais sa carrière chez Ferrari.


Mick Schumacher au volant de la SF90.

Il y a donc fort à parier qu'Antonio Giovinazzi ou Kimi Raïkkonen soit remplacé par Mick Schumacher l'année prochaine, voire avant selon les résultats. Et ce même si l'Allemand ne parvenait pas à séduire en Formule 2. Le plan ? Lancer Mick Schumacher chez Alfa avec un plan de carrière similaire à celui d'un certain Charles Leclerc.

A la différence près que le Monégasque, précoce lui aussi, a tout écrasé sur son passage. Y compris chez ce qui était encore Sauber l'année dernière. Mick Schumacher doit encore le faire. Il est important de lui laisser le temps de se développer. Ferrari devrait accepter, si le besoin se fait ressentir, de la laisser disputer une deuxième saison de F2 l'année prochaine. Arriver prêt en F1 est plus intelligent que d'y arriver tout court. Et pourtant, par la simple force de l'émotion, il risque de se retrouver en F1. Avec la pression qui va avec, les comparaisons permanentes et l'absence totale de temps d'adaptation, la faute, justement à ce fameux nom.

Ce ne serait pas un cadeau. Ni pour lui, ni pour la Formule 1. Alors laissons-lui le temps. Soyons objectifs. Séparons Mick de Michael. Je ne demande qu'à le voir réussir en Formule 1. Mais je serais triste que ce ne soit pas par son talent. J'ose espérer que je ne suis pas le seul. 

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