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Stoffel Vandoorne, quand l'ombre d'un espagnol menace la place d'un grand espoir de la F1

Stoffel Vandoorne, ce n’est qu’une saison et demie en Formule 1. Le jeune belge prometteur, le futur Ayrton Senna, disaient certains. Son arrivée chez McLaren était vécue comme une prouesse dans notre petite Belgique. Et pourtant, aujourd’hui, Vandoorne est à deux doigts de devoir plier bagage. La faute à qui ?

Lorsque Stoffel Vandoorne était officialisé en Formule 1, j’étais comme un enfant. Mettez-vous à ma place : le seul Belge que j’ai connu en F1, c’était Jérôme d’Ambrosio, en qui personne ne croyait vraiment à l’époque de sa signature chez Virgin. Je n’ai pas connu l’époque des Ickx et Boutsen, qui ont fait vibrer le pays pendant plusieurs années au gré de leurs aventures dans la plus prestigieuse des compétitions automobiles.

Une éclosion inévitable


J’ai commencé à comprendre que Vandoorne avait quelque chose de spécial en Formule Renault 3.5. Je me souviens l’avoir vu à l’oeuvre à Spa-Francorchamps à l’époque. C’était une merveille de fluidité, un pilote capable d’attaquer dans toutes les conditions, régulier, rapide et efficace. Son éclosion en GP2 était une évidence et son titre, acquis avec la même élégance et le même talent qu’un certain Charles Leclerc, ne pouvait garantir qu’un avenir radieux en Formule 1.

Sauf que la marche est toujours grande et que le plateau de la F1 peut parfois faire preuve d’une grande cruauté. Le Belge a obtenu la confiance d’un team aux allures de légende, McLaren, avec ses armoires à trophées dépassant la taille de ma maison et un palmarès aussi long qu’un film d’auteur français. Mais une équipe en perdition, engluée dans une crise existentielle et dont la présence dans l’élite ne tient à peu près qu’à une chose : son pilote Espagnol, Fernando Alonso.

Vivre dans l’ombre d’une légende


Le petit rookie Stoffel Vandoorne arrive à peine à marcher dans l’ombre de son coéquipier. Sympathique quand il le veut, l’Espagnol est surtout dans une position de force que personne ne pourra lui contester à Woking. Sans lui, McLaren n’aurait aucune valeur commerciale. Sans lui, la F1 d’aujourd’hui n’aurait finalement plus de sens pour l’équipe britannique, qui doit s’accrocher de ses dix doigts à la branche de son pilote pour continuer à survivre dans la jungle automobile.

Une prouesse à Bahraïn quelques mois avant sa nomination prouve que Stoffel Vandoorne a les armes pour briller. En un week-end, il était impossible pour Alonso de contenir le danger d’un petit jeune désireux, simplement, de gagner sa place. Mais il est par contre facile de l’étouffer dés le premier grand prix de sa jeune carrière par l’acquisition de garanties sportives.

Ne soyons pas dupe : la McLaren est bâtie intégralement autour du pilote chevronné qu’est Alonso. Les évolutions sont pensées pour lui permettre de briller et de rester dans la lumière, quitte à jeter un nuage sombre en permanence au-dessus de la tête de son coéquipier. Un champion peut parfois devenir une horreur quand il ne pense qu’à son ego au dépend, parfois, des intérêts d’un collectif.

Combien de fois a-t-on vu Fernando Alonso offrir une aspiration à son jeune équipier ? Quand a-t-on eu la garantie que Stoffel avait accès aux mêmes évolutions ? Ce n’est pas la première fois qu’Alonso aspire à un développement d’une voiture autour de ses qualités. Comment une équipe d’un tel niveau peut-elle encore accepter de se voir diriger par un pilote ? Peu de gens ont pu contenir cette direction dans le passé, parce que l’Ibère n’a jamais eu le sens du partage quand il s’agissait de réussir en Formule 1.

Alors oui, après 18 mois en Formule 1, Stoffel Vandoorne n’a objectivement pas encore prouvé qu’il pouvait suivre son équipier sur la distance. Mais il subit surtout, depuis son accession à la discipline, la claque la plus monumentale de sa carrière. Parce qu’il n’a pas les cartes sportives pour briller face à un équipier plus politique que lui. La cruauté d’une discipline est résumée en une seule crise et McLaren n’a pas l’audace de dire stop à cette suprématie individuelle.

Le facteur X: le rachat de Force India


Aujourd'hui, Vandoorne se retrouve sous la pression d'Esteban Ocon. Le Français pourrait en effet être remplacé dès le grand prix de Belgique par un certain Lance Stroll, actuellement en pote chez Williams. La raison ? Son papa, Lawrence, a racheté l'équipe Force India et va, sans aucun doute possible, pousser pour y intégrer son fiston.

Peut-être cette opération sonne-t-elle le glas des espoirs de Stoffel, qui, selon plusieurs médias internationaux, serait remplacé dés son grand prix à domicile par Esteban Ocon. Il rester sans doute un baquet à saisir chez Williams, seule réelle option pour la saison prochain. A moins que Fernando Alonso n'annonce sa retraite et que le Belge puisse s'assurer un avenir plus favorable.

La non-expression de son talent


Le talent ne se perd pas. Comme d’autre avant lui, Vandoorne risque de payer le prix fort. Non pas par manque de qualités, mais par du lobbying économique et égoïste d’un grand pilote qui refuse de bosser pour une équipe.

Reste à espérer que certains managers fassent preuve d’un bon sens suffisant pour discerner le talent de Stoffel Vandoorne des manipulations politiques de son équipier. Il en va de l’avenir d’un jeune prometteur et donc, au final, de la discipline.

Quitte à se rendre compte, par la suite, qu’il n’a finalement pas autant de qualités qu’on le prétend. Mais le chapitre McLaren ne permet nullement de l’affirmer.

“La voiture est plus importante que le pilote en Formule 1”. Cette critique, tout le monde la connaît. Il faut à présent rajouter la mention selon laquelle, parfois, le pilote est plus important que l’équipe en Formule 1. Le décideur ne décide plus pour son pilote, c’est l’inverse qui devient vrai. Et c’est un vrai problème dans un monde aussi concurrentiel que celui-là. C’est le collectif pris en otage par l’individualisme. La jeunesse doit se former, mais jamais un professeur n’est supposé l’empêcher de s’exprimer. Est-ce vraiment si vérifiable chez McLaren ?

Alexandre Braeckman

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