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Cigarettiers en F1: va-t-on faire un pas en arrière?

Les cigarettiers réinvestissent la Formule 1 malgré plusieurs interdictions en vigueur, avec des dépenses publicitaires en hausse qui ont atteint le chiffre "inquiétant" de 100 millions de dollars (environ 85 millions d'euros) l'an passé, selon un rapport publié mercredi.

Selon cette étude, co-écrite par le magazine spécialisé Formula Money et l'ONG anti-tabac STOP, les dépenses des géants du tabac Philip Morris International (PMI) et British American Tobacco (BAT) en faveur des écuries de F1 Ferrari et McLaren devraient atteindre 115 millions de dollars (environ 98 millions d'euros) en 2020.

Un retour des investissements, après des années de baisse provoquée par une prise de conscience des méfaits du tabac, des lois anti-tabagisme dans plusieurs pays et d'une interdiction au sein de la F1.

L'an passé, PMI et BAT ont lancé un partenariat entre leurs filiales de recherche scientifique et Ferrari et McLaren, plus d'une décennie après la convention de l'OMS interdisant la publicité pour le tabac.

S'ils ne mettent plus en avant leurs traditionnelles cigarettes, ils promeuvent désormais de nouveaux produits "sans fumée" mais contenant du tabac, sans mentionner directement de marques.

"Faire de la publicité pour ces produits attire de nouveaux fumeurs, spécialement les jeunes, ce qui cause un préjudice aux générations futures", déclare dans un communiqué le docteur Rüdiger Krech, médecin travaillant à l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

"Nous ne devons pas revenir en arrière dans la lutte contre le tabac", qui tue plus de sept millions de persones chaque année selon l'OMS, ajoute-t-il.

Le rapport estime que l'exposition médiatique des courses de F1 en 2019 a pu rapporter "au moins 150 millions de dollars" à "Mission Winnow", organisation liée à Philip Morris, et 27,6 millions pour les marques de BAT.

"La F1 est un sport mondial qui attire plus de 500 millions de fans, la plupart des hommes et des jeunes, des catégories prisées. Les cigarettiers ont un vrai retour sur investissement, a déclaré Caroline Reid de Formula Money.

Selon le rapport, depuis la création de la F1 il y a 70 ans, 4,4 milliards de dollars (3,74 M EUR) y ont été dépensés dans des publicités et partenariats avec des cigarettiers.

La Fédération internationale de l'automobile, instance dirigeante de la F1, est opposée depuis 2006 à toute publicité en faveur des cigarettes ou du tabac.

"La FIA assure vouloir promouvoir une contribution positive envers la société. C'est impossible tant qu'elle est liée à une industrie qui cause tant de mal", rétorque Mary Assunta, une membre de STOP, dans un communiqué.

Contactée par l'AFP, la FIA a répondu dans un mail qu'elle "restait fermement opposée à la publicité en faveur du tabac et continue à se tenir à ses recommandations de 2003".

"Nous ne sommes toutefois pas dans une position où nous pouvons interférer avec les accords commerciaux privés entre les écuries et leurs sponsors", a ajouté l'instance.

Philip Morris a lui assuré que le partenariat avec Ferrari "n'est pas et ne sera pas utilisé pour faire de la publicité pour des produits à base de tabac ou contenant de la nicotine", précisant par le biais de leur avocat que leurs "activités avec leurs partenaires respectent les lois en vigueur".

"PMI et BAT assurent qu'elles ne sont pas directement de la publicité pour des cigarettes. Mais selon le droit des marques, elles sont associées à des produits contenant du tabac", souligne Phil Chamberlain, membre de STOP.

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