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Avec sa compétition par équipes, l'ATP montre ses muscles face à la Coupe Davis

ATP 1, ITF 0: dans la lutte d'influence entre le circuit professionnel masculin et la Fédération internationale de tennis, le premier n'a pas lésiné jeudi à l'heure de mettre en orbite sa compétition par équipes, qui promet à la Coupe Davis new-look une concurrence quasi frontale dès l'année prochaine.

Dotation XL - tant en points qu'en dollars - et, essentiel, soutien affiché d'une prestigieuse brochette de joueurs, Novak Djokovic et Roger Federer en tête, sans oublier les visages de la nouvelle vague, Alexander Zverev, Karen Khachanov, Stefanos Tsitsipas, Alex de Minaur ou encore Frances Tiafoe. C'est tous muscles dehors que l'ATP a présenté à Londres son "ATP Cup", mouture 2.0 de la World Team Cup, abandonnée depuis 2013.

Elle s'affirme comme un adversaire de taille pour la Coupe Davis, à la formule révolutionnée à partir de l'année prochaine sous l'impulsion du projet porté par le fonds d'investissement Kosmos, présidé par le footballeur espagnol Gerard Piqué.

Avec le positionnement confirmé de l'ATP Cup début janvier avant l'Open d'Australie (10 jours, du 3 au 12 précisément en 2020) et sa formule dévoilée (6 poules de 4, huit quart-de-finalistes), se précise la perspective à horizon fin 2019-début 2020 de la tenue de deux compétitions par équipes au format comparable à seulement six semaines d'intervalle, la Coupe Davis étant prévue la semaine du 18 au 24 novembre.

- Djokovic en VRP -

Et en annonçant qu'elle offrirait quinze millions de dollars de prize money et jusqu'à 750 points aux vainqueurs, l'ATP a affiché sans ambages sa volonté de jouer dans la cour des (très) grands. A titre de comparaison, les levées du Grand Chelem distribuent entre 18 et 25 millions de dollars aux joueurs, le Masters de fin d'année 8,5 millions et le mieux doté des Masters 1000 environ 9 millions. Quant au pactole de points, il n'est dépassé que par ce même ensemble de tournois. "Notre monnaie, ce sont les points ATP", résume l'Américain John Isner, N.10 mondial.

Si ça ne suffisait pas, l'instance régissant le circuit pro a sorti l'artillerie lourde pour en assurer la promotion, à grands renforts de clips vidéo et de témoignages de joueurs enthousiastes.

"J'apprécie que ce soit détenu par l'ATP, par les joueurs, et qu'il y ait des points ATP", y souligne d'entrée Djokovic, présent jeudi.

"C'est la meilleure manière de lancer la saison. Plus de 90% du temps, on joue individuellement, on n'a pas trop d'épreuves par équipes, ça va réunir beaucoup de nations et, personnellement, ce sera un moment de fierté de représenter mon pays", poursuit le N.1 mondial, qui ne se présente plus en Coupe Davis depuis le quart de finale de l'édition 2017.

"Les joueurs se sentent parfois un peu seuls sur le circuit, c'est très sympa de jouer en équipe et je pense que ça va être un grand succès", renchérit Federer.

- La Coupe Davis en danger ? -

Le contraste avec la défiance réservée à la Coupe Davis relookée - une phase finale d'une semaine avec 18 équipes - est saisissant. Dans l'absolu, leurs mots pour chanter les louanges de jouer par équipes pourraient parfaitement s'adapter à la compétition plus que centenaire de l'ITF. Mais au coeur de l'été, quand sa réforme a été adoptée, on n'a pas vu les joueurs se bousculer pour vanter ses mérites. Au contraire, dans les semaines qui ont suivi, leurs voix se sont élevées pour la critiquer.

Djokovic a estimé "la date vraiment mauvaise, notamment pour les meilleurs joueurs", et lui comme Federer ont mis en doute leur participation. Zverev a déjà tranché et ne la "jouera pas". "Parce qu'en novembre, je ne veux plus jouer au tennis", a lancé le jeune Allemand.

Côté ATP, on s'est appliqué jeudi à souligner en creux ce que beaucoup de joueurs reprochent à la Fédération internationale.

"La première semaine de la saison, les joueurs ont envie de jouer, c'est pour cela que le tournoi bénéficie de leur fort soutien", a déclaré le patron du circuit masculin, Chris Kermode, en insistant sur le fait que l'épreuve "a été construite à travers une consultation approfondie de plusieurs années avec les joueurs".

Ce n'est sans doute pas un hasard si, des trois étoiles du tennis mondial, la seule qu'on n'a pas entendue est Rafael Nadal.

L'Espagnol est un des rares à propos duquel Piqué s'est montré affirmatif ("s'il n'est pas blessé, il sera là") quant à sa volonté de participer à la première édition. Sans doute pas étranger au fait qu'elle soit organisée à Madrid.

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