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Coupe Davis: Fabio Fognini et la "commedia dell'arte"

Capable de coups de génie comme de coups de sang mémorables, le fantasque Fabio Fognini est imprévisible et redouté sur terre battue où il sera l'arme N.1 de l'Italie face aux Français en quart de finale de Coupe Davis, dès vendredi à Gênes.

Pour avoir un aperçu de la dualité du personnage, il suffit de taper son nom sur YouTube. Côté pile: de superbes points remportés avec panache face à des stars comme Roger Federer ou Rafael Nadal. Côté face: un condensé de ses plus grandes frasques, allant d'échanges houleux avec Gaël Monfils ou Nadal à des discussions à n'en plus finir avec les arbitres, en passant par un doigt d'honneur adressé au public de Shanghai...

S'il est "un peu victime de son attitude", Fognini n'en reste pas moins, à 30 ans, "un top 10 en puissance" et "l'un des meilleurs joueurs au niveau de la qualité de balle et de la vélocité", estime Emmanuel Planque, l'entraîneur de Lucas Pouille, le N.1 français.

L'étalon italien, marié à l'ex-championne Flavia Pennetta et papa d'un petit Federico, n'a ni un gabarit (1,78 m, 74 kg) ni un palmarès (6 titres) impressionnants. Mais il peut se targuer d'avoir vaincu Nadal à trois reprises la même année (2015), dont deux fois sur terre battue. Sur l'ocre, il a aussi surclassé Andy Murray, alors N.1 mondial, l'an dernier à Rome (6-2, 6-4), et conquis tous ses trophée en simple, le dernier début mars à Sao Paulo.

- Crise de nerfs à Monte-Carlo -

Quart-de-finaliste à Roland-Garros (2011), son meilleur résultat en Grand Chelem, le 20e mondial (13e en 2014) a fait mieux en double. Avec son compère Simone Bolelli, il a remporté l'Open d'Australie (2015) en battant en finale Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut. Début février, en Coupe Davis, il a écarté quasiment à lui seul le Japon après plus de 11 heures et trente minutes passées sur les courts...

Pour Riccardo Crivelli, journaliste à la Gazzetta dello Sport, "c'est un garçon très sympathique en dehors, alors qu'il montre souvent son mauvais côté et peut perdre la tête sur un terrain." Exemple: en 2014, à Shanghai, il avait eu ce geste obscène envers le public après une défaite, cuisante face au 553e mondial Chuhan Wang.

Quelques mois plus tôt, à Monte-Carlo, c'est son entraîneur d'alors, Jose Perlas, qu'il avait insulté en plein match face à Jo-Wilfried Tsonga. "Fogna" maîtrisait pourtant son sujet avant de piquer une crise de nerfs après une décision arbitrale litigieuse. Résultat: il avait perdu les neuf derniers jeu de la partie (5-7, 6-3, 6-0).

- Forte pression -

Pour Jean-Paul Loth, ancien capitaine de la France reconverti commentateur télé, son attitude est digne de "la commedia dell'arte". "Il parle sans arrêt, invective, peut lâcher deux ou trois jeux mais aussi revenir dans le match comme une bombe et gagner."

Le bluff ne marche pas à tous les coups. Pour preuve, sa défaite récente face à Jérémy Chardy à Indian Wells où ses expressions injurieuses - "Va te faire foutre!" ou encore "il a été 100e mondial toute sa vie" - à l'adresse du Français n'ont pas empêché ce dernier d'inverser la tendance et de l'emporter.

Fognini semblait pourtant s'être calmé après l'épisode du dernier US Open. Ses insultes envers une arbitre suédoise lui avaient valu une disqualification et une suspension pour deux autres tournois majeurs en cas de récidive...

Pour Riccardo Crivelli, son comportement vient peut-être de la forte pression qui pèse sur ses épaules, dans un pays où on attend toujours un successeur à Adriano Panetta, lauréat de Roland-Garros et de la Coupe Davis en 1976.

"A 13 ans, Fognini était déjà considéré comme l'un des meilleurs joueurs du futur. On s'attend à ce qu'il gagne de grands titres", souligne le journaliste transalpin. Offrir à l'Italie une deuxième Coupe Davis serait une belle manière de satisfaire ces attentes.

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