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Coupe Davis: Nicolas Mahut, laver l'affront

Surmonter le passé. L'année dernière, Nicolas Mahut, persuadé d'être aligné, avait été écarté par Yannick Noah au dernier moment du double de la finale de Coupe Davis contre la Belgique. Une cicatrice jamais vraiment refermée, qu'il a l'occasion de cautériser face à la Croatie, sa "dernière chance".

Les larmes avaient tout résumé. Pas seulement les siennes, mais aussi celles de son compère Julien Benneteau. Au moment de l'hymne lors de la présentation des équipes de la finale face aux Belges de David Goffin dans un stade Pierre-Mauroy comble, les deux bannis n'avaient pas réussi à les contenir en tribunes.

Une scène indélébile, à la hauteur de la surprise du chef. Noah avait en effet surpris tout le monde en préférant aligner au dernier moment Pierre-Hugues Herbert aux côtés de Richard Gasquet en double. Un choix difficilement compréhensible, car pour beaucoup, le capitaine tenait la paire idéale.

"Bennet'" surfait sur une fin de saison tonitruante, avec une demi-finale à Bercy quelques jours plus tôt. Mahut, lui, revenait du Masters de Londres disputé avec Herbert, qui s'était blessé au dos avant d'arriver dans le Nord de la France et semblait destiné à jouer les sparring-partners de luxe. L'Angevin avait de surcroît été aligné lors de cinq des six rencontres de l'ère Noah depuis 2016.

- Travail de résilience -

Pendant la semaine d'entraînement précédant la finale victorieuse (3-2), Mahut et Benneteau avaient joué ensemble. Rien ne pouvait laisser croire à un tel choix.

Sauf qu'Herbert avait peu goûté son statut de non-sélectionnable et l'avait fait savoir. Revenu dans le jeu, il avait gagné sa place aux entraînements, sans que personne ne le voit venir.

Noah avait taillé dans le vif, un épisode assez symptomatique de l'absence d'états d'âme qui l'a animé lorsqu'il a dû trancher sous son capitanat. Un choix gagnant finalement, donc indiscutable. Mais Mahut, comme son compère, était tombé de haut. Il avait ravalé sa déception pendant le week-end. Les quinze jours suivants avaient "été un peu difficiles", a-t-il déjà raconté. Le travail de résilience a pris du temps.

Rappelé face à l'Italie, sur la terre battue de Gênes en quarts de finale, Mahut avait fait le job avec Herbert. A l'époque, loin de Lille et d'une éventuelle finale, le sujet n'était pas d'actualité.

Il est vite revenu sur la table avec la demi-finale contre l'Espagne mi-septembre, de nouveau à Lille, un épisode qui a servi de catharsis. Noah a sorti Benneteau de sa pré-retraite et l'a aligné avec Mahut, sur la même scène que la finale de 2017. La semaine précédant leur match n'a "pas été facile" à vivre de l'aveu de Mahut. "Il faut mettre tout ça de côté et ce n'est pas évident. C'est un vrai travail", avait-il raconté. Les deux avaient assuré ne pas y voir une revanche, mais l'émotion affleurait inévitablement.

- "Ma dernière chance" -

Leur match face à Lopez et Granollers a sans doute été leur meilleur en Coupe Davis, avec un niveau de jeu "stratosphérique" selon le capitaine espagnol Sergi Bruguera. Et la blessure de l'année dernière en partie effacée. En partie seulement.

Cette fois, pour la finale face aux Croates, le suspense ne devrait pas s'inviter. Même s'il faut toujours rester prudent avec Noah, la paire Mahut-Herbert, battue en finale du Masters de Londres dimanche, n'a a priori pas de souci à se faire. Une occasion en or pour Mahut de disputer enfin une finale de Coupe Davis, un rêve de gosse.

"On ne peut pas aborder ce rendez-vous avec détachement, a-t-il confessé mardi. Je suis peut-être encore plus excité parce que je sais que c'est la dernière et que, quoiqu'il arrive, il n'y aura plus rien derrière. Il n'y aura plus jamais de finale de Coupe Davis (dans le format actuel, ndlr). C'est ma dernière chance, ça fait trente ans que je l'attends, je l'ai à portée de main." Une chance à ne pas rater.

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