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Coupe Davis: un enterrement dans la tristesse pour les supporters français

"Plus que la défaite, c'est la fin de cette magnifique compétition qui nous rend extrêmement tristes": l'enterrement de la Coupe Davis, qui subira un relooking radical l'an prochain, a été doublement difficile pour les supporters tricolores, dimanche au Stade Pierre-Mauroy.

Sur la terre battue lilloise, la France a en effet été surclassée par les Croates: Lucas Pouille, qui avait apporté le point de la victoire aux Bleus en finale l'an dernier, n'a cette fois rien pu faire face à Marin Cilic, qui a offert à la Croatie son deuxième Saladier d'argent après celui remporté en 2005.

La défaite du Nordiste, balayé en trois sets (7-6, 6-3, 6-3), est venue assommer encore un peu plus des supporters tricolores déjà anéantis par la réforme, dès l'an prochain, de la compétition vieille de 118 ans.

"C'est catastrophique ce qui a été fait. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais c'est la dernière fois qu'on va vivre une superbe ambiance comme ça, c'est dramatique", estime David, membre de l'Association des Supporters des Equipes de France de tennis (ASEFT).

"La nouvelle compétition, ça n'aura rien à voir. Ca ne sera pas la Coupe Davis. Ils ont juste acheté un nom, mais ça ne sera jamais plus pareil", poursuit le Vosgien, qui met l'ambiance dans la tribune avec sa grosse caisse, quelques rangs derrière le banc français.

Dès 2019, la Coupe Davis troquera son format traditionnel plus que centenaire au profit d'une formule condensée autour d'une semaine réunissant dix-huit nations et qui aura lieu, sauf rebondissement, en fin de saison à Madrid.

Le footballeur Gerard Piqué, patron du fonds d'investissement Kosmos à l'origine de la réforme, et la Fédération internationale (ITF), personnifiée par son président David Haggerty, cristallisent les rancoeurs de supporters. L'Américain a d'ailleurs été hué à plusieurs reprises durant le week-end, et notamment avant la remise du trophée dimanche.

"J'en veux énormément à l'ITF qui a mis en place cette réforme et à la Fédération française qui a soutenu cette mise à mort", lâche Marie-France, que l'on repère de loin avec ses lunettes bleues clignotantes.

"Je suis très très déçue, c'est un crève-coeur. La Coupe Davis c'était vraiment une ambiance particulière et là ils ont cassé notre jouet" regrette la Parisienne de 79 ans, une des doyennes de l'ASEFT, qui a "voyagé partout dans le monde depuis 2004 pour encourager la France."

- "un véritable déchirement" -

A plusieurs reprises durant cette finale, les supporters tricolores ont brandi des banderoles pour dénoncer la réforme de la compétition: "La Coupe Davis, on l'avait dans les gênes", "118 ans: l'ITF m'a tuer", "Adieu et merci pour tous ces moments".

L'argent, l'un des principaux motifs du relooking puisque l'investissement du groupe Kosmos dans la nouvelle Coupe Davis serait de 3 milliards de dollars sur 25 ans, revient souvent dans les critiques formulées par les supporters.

"Je suis remonté contre les instances qui ont vendu l'âme de la Coupe Davis au plus offrant alors qu'une compétition comme celle-là n'a pas de prix", fulmine Philippe, un Lillois.

"Les joueurs venaient défendre les couleurs de leur pays gratuitement et là tout va devenir une question d'argent", déplore David.

Quelques rangs plus haut, Nicole, retraitée de 67 ans qui agite frénétiquement sa crécelle entre chaque point, est déjà nostalgique: "Depuis 2010 j'ai effectué de nombreux déplacements qui étaient de superbes moments de partages. C'est dur de se dire que c'est fini... Vivre les derniers moments de la Coupe Davis, c'est un véritable déchirement."

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