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Fed Cup: les Bleues, du "LOL" ironique aux sourires partagés

Fracturée pendant deux ans, l'équipe de France de Fed Cup a scellé sa réunification par un sacre sur les terres australiennes de la N.1 mondiale Ashleigh Barty, au bout d'un double décisif partagé par Caroline Garcia et Kristina Mladenovic, dimanche à Perth. Retour sur dix mois mois de reconstruction.

Garcia et Mladenovic allongées sur le court, l'une collée à l'autre. Puis semblant ne plus vouloir se lâcher quelques minutes après leur double victorieux synonyme de triomphe. La première la tête sur l'épaule de la seconde, en larmes, pendant la Marseillaise, puis dans les bras l'une de l'autre: on se serait presque frotté les yeux pour y croire tant de telles images paraissaient inimaginables il n'y a même pas un an.

Car quand Julien Benneteau, à peine enfilé le costume de capitaine, surprend en sélectionnant Garcia fin janvier pour le premier tour en Belgique, son entreprise est encore loin d'être couronnée de succès.

A ce moment-là, la N.1 française n'a plus remis les pieds en équipe de France depuis fin 2016 et la défaite en finale face à la République tchèque, au double décisif, à Strasbourg.

Sa décision de privilégier sa carrière individuelle passe mal auprès de ses coéquipières. Et la brouille s'aiguise quand son forfait pour le barrage contre l'Espagne au printemps 2017, pour lequel Yannick Noah l'avait malgré tout appelée, est accueilli par un triple "LOL" signé Mladenovic, son ex-partenaire de double, Alizé Cornet et Pauline Parmentier sur Twitter. Leur manière à elles de mettre en doute la réalité de la blessure de Garcia.

- "Pire moment" -

"Le pire moment de ma carrière" et "le sentiment qu'il n'y a plus de confiance", confiera la principale intéressée dans une interview à l'Equipe.

Pour Benneteau néanmoins, dont Pauline Parmentier loue la franchise et la sensibilité, le choix s'impose: "C'était inconcevable de ne pas la sélectionner", justifie-t-il, car "je me devais de sélectionner la meilleure équipe possible".

Quand on cherche à savoir si elle va accepter l'invitation, les choses sont alors beaucoup moins nettes. "Elle sait qu'elle est sélectionnée", se borne-t-il à répéter. "Et assurée que les filles attendent son retour et que le staff fera tout pour qu'elle se sente bien", ajoute-t-il.

"Il y a eu à mon avis des excuses sur certaines choses qui se sont passées ou qui se sont dites surtout. Après c'est à elles, entre elles, de régler ça", évoque-t-il simplement.

La réponse de Garcia tombe trois jours plus tard : "Rdv à Liège ! Fière et heureuse de défendre les couleurs de la France", tweette-t-elle.

Le lien brisé est renoué.

En Belgique, si Garcia s'attend à un "premier contact froid", les retrouvailles "se sont bien passées" et toute l'équipe s'est réunie parce qu'il était "important de revenir sur le passé", dixit le capitaine tricolore.

Sur le court, le retour en Bleu de la Lyonnaise, victorieuse de ses deux simples (contre Van Uytvanck et Mertens), est idéal.

"Ca donne des frissons la Marseillaise. J'étais très contente de retrouver cette ambiance-là", se réjouit-elle après son premier match.

- Double décisif -

Si les Bleues s'offrent les Belges 3-0, tout n'est pas gagné pour autant pour Benneteau. Car Garcia laisse planer le doute sur la suite de son aventure tricolore.

Participera-t-elle à la demi-finale contre la Roumanie de Simona Halep ? "Je ne me suis pas vraiment encore posé la question. On ne va pas se projeter sur une rencontre dans des mois", lâche-t-elle.

Le brouillard s'éclaircit début avril, quand Benneteau, "pas plus inquiet que ça" et qui a "laissé faire les choses", dévoile sa sélection pour recevoir Halep et ses partenaires sur la terre battue de Rouen et précise que Garcia "a tout de suite répondu: +C'est important pour moi, je viens+" quand il lui a annoncé sa décision par téléphone.

Un cap supplémentaire est franchi dans le rapprochement entre Garcia et Mladenovic quand le capitaine les associe, avec succès (5-7, 6-3, 6-4 contre Halep et Nicolescu), pour le double décisif et qu'elles envoient les Bleues en finale en Australie.

"On n'était pas tout à fait ensemble à certains moments. Mais on a joué l'une pour l'autre, on s'est vraiment beaucoup aidé", se félicite alors Garcia.

La scène s'est répétée dimanche, cette fois contre Barty et Samantha Stosur, mais avec la même réussite (6-4, 6-3).

"On n'a pas besoin d'être les meilleures amies du monde pour former une équipe", philosophait Garcia en début d'année. Sur le court bleu de Perth, on jurerait qu'elles en avaient presque l'air.

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