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Jamais sorti des États-Unis avant de disputer des tournois en Australie et Nouvelle-Zélande en janvier, l'Américain Ben Shelton, étudiant de l'Université de Floride, est la surprise de Melbourne où il s'est hissé en quarts de finale de l'Open d'Australie.
"C'est un de ces moments où il faut se pincer pour y croire", reconnaissait-il, encore tout plein d'étoiles dans les yeux, après sa victoire au troisième tour sur le grand court John Cain (le troisième court principal du Melbourne Park) quasiment rempli et tout acquis à la cause de son adversaire australien Alexei Popyrin (113e).
"Il y a eu des moments où j'ai regardé autour de moi en me disant +ouah, le stade est sacrément rempli+. C'était incroyable, difficile à décrire. Je n'aurais jamais pu imaginer que je me retrouverais là il y a six mois, quatre mois même", savourait-il.
En juillet dernier il était 433e, en septembre 172e. Il a débuté l'Open d'Australie en tant que 89e à l'ATP et grimpera largement dans le Top 50 lundi à l'issue du tournoi.
"S'il continue de jouer comme ça, dans six mois il est dans le Top 10", a prédit Popyrin.
Encore largement inconnu en embarquant dans l'avion pour l'étranger, le joueur né à Atlanta il y a 20 ans, s'est fait un nom en dix jours: il est le premier champion universitaire américain en titre à se hisser en quarts de finale du Majeur australien depuis Arthur Ashe en 1966 et le plus jeune joueur US à atteindre les quarts d'un tournoi du Grand Chelem depuis Andy Roddick à l'US Open 2002.
- Références -
Deux anciens N.1 mondiaux, deux sacrées références du tennis mondial.
Et Shelton peut aller encore plus loin puisqu'il affronte mercredi son compatriote Tommy Paul (35e), lui aussi inattendu à ce stade du tournoi, pour une place dans le dernier carré.
Pour en arriver là, le jeune homme de 1,93m est passé par la filière universitaire américaine, une route moins prisée ces dernières années que les académies où seul le tennis compte.
"Je n'ai pas encore d'examens, mais ça va devenir intéressant quand mes dates d'examen vont coïncider avec celles des matches", soulignait-il après sa victoire en 1/8es de finale contre son compatriote JJ Wolf (67e).
Entraîné par son père Bryan, lui-même ancien 55e mondial, le gaucher est passé professionnel en 2022, juste avant de jouer son premier Majeur, la Fédération américaine lui ayant octroyé une invitation pour l'US Open. Il s'y était incliné en cinq sets et trois tie breaks face au Portugais Nuno Borges (104e), dès le premier tour.
Adolescent, il n'était pas particulièrement bon, se passionnait pour d'autres sports que le tennis. "Je n'étais pas au niveau que beaucoup de joueurs du circuit avaient à 13, 14, 15 et même 18 ans", estime-t-il.
- Pourquoi voyager ? -
A l'époque, de nombreux joueurs américains étaient capable de le battre chaque semaine. Ce qui explique son absence des grands tournois internationaux de son âge.
"Mon père pensait qu'il n'y avait pas de raison de voyager à l'étranger où j'aurais probablement perdu aussi", souligne-t-il.
Son premier tournoi ATP, il l'a joué dans sa ville de naissance, Atlanta, où il a remporté son premier match sur le circuit principal en battant en deux sets l'Indien Ramkumar Ramanathan (229e) avant de s'incliner au tie break du troisième set face à son illustre compatriote John Isner (25e).
Puis au Masters 1000 de Cincinnati, il a remporté deux matches, contre Lorenzo Sonego (56e) et surtout Casper Ruud (5e), finaliste trois semaines plus tard à Flushing Meadows.
Il avait fini l'année sur le circuit Challenger en remportant ses trois derniers tournois, avant de débuter la saison 2023 à l'ATP 250 d’Adélaïde où il a perdu au premier tour des qualifications. Il s'était ensuite hissé au deuxième tour de l'ATP 250 d'Auckland. Pas de quoi laisser présager le parcours à venir à Melbourne.
"J'ai pris confiance l'an dernier au début de l'été, confie-t-il. Plus je jouais à très haut niveau et plus je me croyais capable d'avancer".
Jusqu'où ira-t-il à Melbourne ?