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Plus d'argent pour les pauvres du tennis !

Les prix distribués par les tournois du Grand Chelem sont faramineux, mais trop peu de joueurs en profitent. Alors certains d'entre eux ont fait campagne à l'US Open pour augmenter la part des bénéfices réservée aux joueurs, afin qu'ils soient plus nombreux à bien vivre du tennis.

Le mot d'ordre est porté depuis un certain temps déjà par le président du Conseil des joueurs Novak Djokovic, mais il a été mis en avant par d'autres que lui à Flushing Meadows.

"Je pense que les prix sont vraiment très élevés. A chaque tour, ils doublent, doublent, doublent. Il est évident que les gars qui vont loin s'en sortent bien", a relevé mardi le Canadien Vasek Pospisil.

Le vainqueur de l'US Open (homme comme femme) va toucher 3,8 millions de dollars en 2019 et les 128 perdants et perdantes du 1er tour auront 50.000 dollars de prime. Mais il s'agit d'un des quatre tournois du Grand Chelem où, sauf blessure, les tout meilleurs sont à l'affiche.

Car, si elles sont encore conséquentes sur le circuit principal de l'ATP, les dotations s'effondrent dès les tournois Challengers (2e division) où elles sont inférieures à 170.000 dollars au total, sans parler du circuit Futures (3e div.). Des niveaux de rémunération qui favorisent la corruption et les paris truqués.

"S'il devait y avoir des augmentations, je pense qu'il n'y a plus besoin qu'elle touchent le sommet", a commenté mercredi Roger Federer qui se souvient avoir touché 450.000 dollars pour le premier de ses 20 titres du Grand Chelem, en 2003 en Australie.

- 50.000 pour une défaite -

"Les gens aiment dire +regarde ce type, il a perdu au 1er tour en prenant 6-2, 6-2, 6-3, et il a quand même ramassé un chèque de 50.000 dollars+. Mais ce n'est pas la bonne façon de regarder les choses", a souligné Pospisil après sa qualification pour le 2e tour.

"Ce joueur avait gagné 43 matchs au plus haut niveau pour atteindre un classement qui le qualifie directement dans le tableau, et il n'a que quatre tournois dans l'année pour gagner autant d'argent", a souligné le Canadien 216e mondial.

Or, ce joueur paye des impôts, des voyages aux quatre coins du monde pour jouer les tournois, son coach, l'hôtel, etc. Les 50.000 dollars sont ainsi rapidement engloutis.

Selon l'estimation de Pospisil, seul le Top 100 mondial gagne bien sa vie car, à l'US Open par exemple, seuls 14% des bénéfices sont reversés aux joueurs: 7% aux femmes et 7% aux hommes.

"Je ne pense pas que ce soit normal alors que notre sport rapporte un argent incroyable", a-t-il estimé.

Dimanche avant le début de l'US Open, Chris Kemrode, le président de l'ATP poussé dehors par le Conseil des joueurs, a affirmé, lui, que son organisation était bénéficiaire pour la première fois depuis des années.

- "5 à 10 ans" -

"Ca serait bien que les joueurs puissent aussi s'en sortir sur le circuit Challenger, plus bas dans le classement", a estimé Federer. Il est bien décidé à "travailler dur" avec le Conseil des joueurs qu'il vient de rejoindre en compagnie également de Rafael Nadal, pour que cet objectif soit atteint "dans les cinq à dix ans".

Et des joueuses de la WTA ont apporté leur soutien à ce projet.

"Il faut aider les jeunes joueuses à progresser (...) Le plus important pour moi est de leur assurer un soutien financier. En progressant, leurs primes seront plus importantes, mais c'est vraiment important quand vous êtes jeunes", a plaidé Sloane Stephens, lauréate à New York en 2017.

La situation actuelle vient du fait que "les joueurs sont relativement impuissants face aux tournois", a insisté Pospisil. "Nous n'avons pas d'avocat impliqué dans la seule défense des intérêts des joueurs. Comment faire pour obtenir une certaine équité alors qu'on parle d'un business?", a-t-il interrogé.

A ce stade, il n'est pas question de boycott de tournoi: "c'est très doux: +pouvons-nous venir à la table de négociations afin que vous nous expliquiez pourquoi il faut que ce soit 14%?+", a assuré le Canadien.

Il a rappelé que dans le modèle économique des grands sports américains, propriétaires et joueurs se partagent les revenus globalement à 50-50.

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