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Serena Williams face à un nouveau défi: revenir au sommet après sa grossesse

Serena Williams a passé sa carrière à relever les défis, remportant 23 titres de Grand Chelem et devenant, à 35 ans, la N.1 mondiale la plus âgée de l'histoire. Dans quelques mois, une nouvelle épreuve l'attend: reconquérir les sommets après son premier enfant.

L'Américaine a annoncé en décembre ses fiançailles avec le cofondateur de Reddit, Alexis Ohanian. Mercredi, elle a posté sur Snapchat un selfie montrant son ventre arrondi et accompagné de la légende "20 semaines".

Elle était donc déjà enceinte lorsqu'elle a remporté l'Open d'Australie en janvier, en battant sa soeur aînée Venus.

"Je suis heureuse de confirmer que Serena attend un enfant pour cet automne", a déclaré à l'AFP Kelly Bush Novak, son agent. "Elle est impatiente de revenir en 2018".

Après une pluie de messages bienveillants envers les futurs parents, une question s'est élevée: est-ce que la joueuse, qui fêtera ses 36 ans en septembre, pourra retrouver son niveau et ainsi espérer battre le record de victoires solo en Grand Chelem de l'Australienne Margaret Court? Score à battre: 24.

Mais le voudra-t-elle seulement? "C'est un autre de ces défis ultimes pour Serena Williams, autour de 37 ans, d'essayer de rattraper Margaret Court", a relevé Pam Shriver, championne américaine de tennis dans les années 1980 devenue commentatrice pour la chaîne sportive ESPN.

"Aucune raison qu'elle ne puisse y arriver. Ce qu'elle a accompli pendant sa trentaine est bien plus que n'importe quelle autre joueuse", a-t-elle estimé.

- Elle 'ne veut pas s'arrêter là' -

Et son entraîneur Patrick Mouratoglou, contacté par l'AFP, assure que Serena Williams "ne veut pas s'arrêter là (...) Dire quand elle reviendra précisément (l'an prochain) n'est pas quelque chose dont elle se soucie dans l'immédiat. Mais, elle ne veut pas s'arrêter là."

- Surmonter les obstacles -

Margaret Court avait 29 ans lorsqu'elle a donné naissance à son premier enfant, en 1972. L'année suivante, elle s'était emparée des titres aux Opens d'Australie, de France et des Etats-Unis.

Au fil des ans, Serena Williams a affronté défis, blessures, controverses ou encore tragédies, incarnant néanmoins le tennis féminin de ces deux dernières décennies.

Elle a grandi à Compton, une banlieue de Los Angeles gangrénée par le crime, apprenant ce sport avec son père Richard et s'entraînant hors du circuit traditionnel avec Venus.

Son entrée dans la compétition féminine (WTA) date de 1995 à Québec. Elle avait 14 ans.

A 17 ans, Serena a remporté à New York son premier titre en Grand Chelem, battant en chemin la tenante du titre Lindsay Davenport puis la N.1 mondiale Martina Hingis en finale.

Mais, avec le succès, est venue la controverse. Lors du tournoi d'Indian Wells en 2001, Venus a été accusée d'avoir laissé sa soeur cadette remporter la demi-finale et Serena a été huée pendant la finale, ce qui ne l'a pas empêchée de gagner. Leur père a affirmé avoir entendu des remarques racistes de spectateurs.

En conséquence, elle a boycotté le tournoi jusqu'en 2015.

Elle a complété son premier "Serena Slam" en 2002: elle a remporté à la suite les quatre tournois du Grand Chelem (Melbourne, Roland-Garros, Wimbledon, Flushing Meadows), comme Margaret Court, Steffi Graf, Martina Navratilova et Maureen Connolly avant elle.

Sa course a été interrompue par Justine Henin en demi-finale de Roland-Garros mais elle s'est imposée sur le gazon anglais et raté Flushing Meadows pour une opération des quadriceps.

Très affectée par la mort en septembre 2003 de sa demi-soeur Yetunde Price, tuée par une balle perdue lors d'une fusillade entre bandes rivales, la championne a mis sa carrière entre parenthèses pendant huit mois avant d'effectuer un retour triomphal en 2004 à Miami.

- "Serena Chelem II" -

Elle a surmonté une blessure au genou pour remporter l'US Open en 2008.

En 2009, un point de pénalité pour avoir agoni d'insultes une juge de ligne lui coûte la demi-finale de ce même tournoi, face à Kim Clijsters, première mère à remporter des titres du Grand Chelem après les Australiennes Evonne Goolagong et Margaret Court.

En 2009 et 2010, gagnante de l'Open d'Australie et de Wimbledon, elle est stoppée net dans son élan par une blessure au pied: en déplacement à Munich, elle s'est profondément coupée en marchant sur du verre brisé.

Mais c'est en février 2011 qu'elle a eu "la peur de sa vie" lorsqu'elle a dû être opérée en urgence à Los Angeles, victime d'une embolie pulmonaire qui l'a tenue hors des courts presque un an.

De retour en 2012, elle s'impose à Wimbledon puis, en six participations, gagne quatre titres du Grand Chelem. C'est le "Serena Chelem II".

Si certains, comme les anciennes N.1 mondiales Lindsay Davenport et Tracy Austin, s'interrogent sur sa motivation pour revenir, la jeune mère devrait avoir sa chance d'entrer dans le club fermé des mamans vainqueurs de titres du Grand Chelem et d'atteindre le record de Margaret Court en 2018.

"Tout est possible", a indiqué Pam Shriver. "Cela dépend pour beaucoup de Serena, de la condition physique qu'elle va conserver pendant sa grossesse." Et son entraîneur Patrick Mouratoglou souligne: "Elle a gagné le dernier Open d'Australie, va probablement redevenir N.1 la semaine prochaine et sent qu'elle peut encore dominer le tennis."

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