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Tennis: Benoît Paire dans le très dur

Après des crises de colère plus que limites, après des matchs balancés, après une étrange apathie sur le court, Benoît Paire s'est expliqué vendredi sur les réseaux sociaux: le fantasque joueur français ne parvient pas à surmonter les conditions de jeu induites par les mesures sanitaires depuis un an, mais il entend s'accrocher.

"Premièrement, bravo à Holger que j'apprécie beaucoup, je lui souhaite bonne chance pour sa carrière. Deuxièmement, un grand merci à mes proches qui m'ont envoyé des messages de soutien qui me font vraiment du bien", a écrit Paire dans un message sur Instagram, deux jours après une prestation plus que piteuse au tournoi de Santiago du Chili où il a été dominé par Holger Rune, 17 ans et seulement 410e joueur mondial, 6-2, 6-3.

Outre l'élimination dès son entrée en lice, c'est l'apathie presque inquiétante de Paire qui a marqué les esprits.

Pas de colère, pas d'encouragements, pas de jet de raquette, pas de rébellion... juste de l'abattement. Un étonnant état d'esprit qu'il a tenu à expliquer en évoquant un "circuit ATP devenu triste, ennuyeux et ridicule".

"Je sais, vous allez dire +tu te rends pas compte de la chance que tu as bla-bla-bla+, mais jouer dans des stades à huis clos sans aucune ambiance c'est pas pour ça que je joue au tennis", a-t-il souligné, réitérant une position qu'il tient depuis la reprise du circuit l'été dernier dans des conditions de sécurité sanitaire pesantes à cause du covid-19.

- Déboires -

Il faut reconnaître que l'Avignonnais de 31 ans, 29e mondial, est l'un des joueurs qui a le plus subi les mesures sanitaires imposées par les organisateurs de tournois. Plusieurs semaines d'isolement total dans un hôtel de New York pour avoir été testé positif au coronavirus avant le début de l'US Open en septembre, puis quatorze jours de confinement à son arrivée à Melbourne pour l'Open d'Australie en janvier sans autorisation de sortie pour avoir été cas contact dans l'avion, puis une journée d'isolement à cause d'un cas positif au Covid dans son hôtel... Et une piètre élimination au premier tour.

Après le Majeur australien, Paire est parti en Amérique du Sud où il espérait profiter de conditions de vie plus ouvertes.

Mais sur le court, il a enchaîné les déboires.

A Buenos Aires d'abord où, dès son entrée en lice face à Francisco Cerundolo (137e), Paire a craqué. Contestant une décision arbitrale, il a ostensiblement craché sur la marque laissée par la balle sur la terre battue. Quelques contestations et gros mots hurlés lui ont ensuite valu un point de pénalité, avant un dénouement tragicomique.

Sur la balle de match, il a commis une double faute en servant notamment sa seconde balle dans un geste de débutant en cherchant moins à la mettre dans le carré de service qu'à éviter le ramasseur de balle qui se trouvait toujours sur la trajectoire.

- Provocation -

A ses frasques sur le court, il a ensuite ajouté une provocation sur les réseaux sociaux où ses détracteurs s'en donnaient à coeur joie: une photo du site de l'ATP affichant ses 8,5 millions de dollars de gains en carrière était accompagnée du commentaire "Finalement ça vaut le coup d'être nul" et de deux émoticones, un baiser et un doigt d'honneur.

Après cette crise explosive, la crise de tétanie de Santiago n'était que plus surprenante.

"Pour moi, jouer au tennis est devenu un métier sans saveur. Alors oui, il me faut du temps pour m'adapter à ce pseudo circuit ATP, mais je vais faire les efforts pour essayer de retrouver juste le plaisir de jouer au tennis", a-t-il écrit sur Instagram en confirmant son intention de s'aligner à Acapulco (15-20 mars) puis au Master 1000 de Miami (24 mars-4 avril).

"Mon objectif sera juste d'avoir le sourire sur le terrain et kiffer taper dans une balle, que je gagne ou que je perde, je m'en fous royalement", a-t-il conclu.

Aux premières loges pour ressentir la détresse de Paire à Santiago, Rune a immédiatement réagi à la publication du Français: "respect", a-t-il posté avec la sobriété de mise face à une personne en grande souffrance.

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