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Tennis: Marion Bartoli, une détermination à toute épreuve

Marion Bartoli, qui a annoncé mardi à 33 ans son retour sur les courts, a écrit son histoire avec une détermination à toute épreuve, malgré les moqueries sur son parcours atypique, ses problèmes de poids et sa relation fusionnelle avec son père dont elle s'est depuis émancipée.

Celle qui n'était ni la plus talentueuse ni la plus impressionnante des joueuses du circuit est pourtant celle qui a sans doute le mieux exploité son potentiel, à un degré qui force le respect.

Handicapée par un physique qu'elle qualifie elle-même de commun, elle n'est à la base "pas faite pour le haut niveau", a toujours dit son père Walter, un médecin, qui l'a initiée au tennis à l'âge de six ans.

A Retournac, bourgade de 2.700 habitants en bord de Loire, la petite Marion commence à s'entraîner dans un gymnase sans recul, si petit qu'elle est "obligée de jouer dans le court" pour ne pas toucher le mur avec sa raquette.

C'est ainsi qu'elle développe son jeu vers l'avant agressif, à deux mains en revers et en coup droit, comme son idole Monica Seles.

Couvée par son père en dehors de toute structure fédérale, elle met du temps à percer au haut niveau, une lenteur qu'elle attribue à la priorité accordée aux études jusqu'à la sortie de l'adolescence.

- 'Toujours voulu être la première' -

"Je n'avais pas le projet d'être professionnelle jusqu'à ma victoire à l'US Open juniors à 17 ans. J'avais plus de facilité à l'école qu'en tennis", explique celle qui a "toujours voulu être la première".

Dès ses premiers pas sur le circuit, qui en a pourtant vu d'autres, elle détonne aux côtés de son père, un duo fusionnel et exclusif qui l'empêche pendant très longtemps de s'ouvrir aux autres.

Elle refuse ainsi pendant huit ans de jouer pour l'équipe de France de Fed Cup parce que son père, dont elle ne veut pas se séparer, n'a pas le droit de l'y accompagner.

Les autres joueuses ne voient pas toujours d'un œil bienveillant cette Auvergnate orgueilleuse et susceptible, qui revendique ses origines corses.

Sur internet, les anonymes se lâchent. On moque son surpoids et on rigole devant ses séances d'entraînement baroques où elle peut apparaître harnachée d'énormes élastiques.

Bartoli, elle, a du mal à trouver des sponsors. "Je suis onzième mondiale mais je vais acheter mes chaussures et mes tenues au magasin comme tout le monde. Peut-être je ne suis pas assez blonde, assez grande ou assez mince", dit-elle en 2010.

Au prix de plusieurs soubresauts, elle s'affranchit de la tutelle de son père, par consentement mutuel, insiste-t-elle, au printemps 2013.

- 'Cauchemar' -

Revenue en équipe de France, elle rayonne, libérée, pour vivre le plus grand moment de sa carrière sur le Central de Wimbledon.

Mais six semaines plus tard, à Cincinnati, elle surprend tout le monde en annonçant qu'elle met fin à sa carrière, expliquant que son "corps n'arrive plus à tout supporter."

Reconvertie en consultante télé, Marion Bartoli connaît alors une retraite tourmentée par des problèmes de santé. Extrêmement amaigrie -- elle ne pèse plus que 47 kilos selon les médias -- elle réfute toutefois les rumeurs d'anorexie et évoque "un virus infectieux" qui lui fait craindre pour sa vie.

"Ma vie est devenue un cauchemar (...) Je suis en train de dépérir et je ne sais pas pourquoi", raconte-t-elle en juillet 2016 sur une chaîne de télévision britannique.

Mais symbole du "nouveau départ" qu'elle entend prendre, elle court et termine le marathon de New York en novembre 2016 quatre mois après son hospitalisation.

Et mardi, plus de quatre ans après avoir quitté les courts, elle annonce son retour à la compétition. "Ça va être un grand défi, j'ai encore beaucoup d'entraînement à faire", admet-elle, impatiente de retrouver son "public adoré".

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