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Cinq choses à savoir sur la Trouée d'Arenberg, un lieu de légende de Paris-Roubaix

Ses pavés disjoints, bombés, presque toujours glissants, ont fait de la Trouée d'Arenberg le symbole de Paris-Roubaix, un lieu de légende en même temps qu'un temps fort de la course malgré son éloignement par rapport à l'arrivée (95 km).

"Cela fait 50 ans que la Trouée a été mise sur le parcours en 1968, elle est aujourd'hui indissociable de l'image de Paris-Roubaix", explique à l'AFP le directeur du Tour Christian Prudhomme.


Elle possède plusieurs noms: trouée, tranchée, drève...

Si elle a été couramment qualifiée de "tranchée" par le passé, l'usage contemporain a privilégié le terme de "trouée", qui correspond mieux à la réalité. Il s'agit bien d'une trouée en ligne droite de 2400 mètres à travers la forêt de Raismes-Saint-Amand-les-Eaux, à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Valenciennes. Mais son nom officiel est tout autre: Drève des Boules d'Hérin. Il est inscrit sur une plaque à l'entrée, après le passage de la double voie ferrée qui contraint les organisateurs de Paris-Roubaix à caler leurs prévisions horaires en fonction des passages des trains. De l'autre côté du chemin, une stèle rappelle le souvenir de Jean Stablinski, l'ancien champion du monde (1962) qui travailla dans les entrailles du site.


Elle symbolise la mine et les "gueules noires"

Un immense chevalet, à proximité, rappelle le passé minier de l'endroit (aujourd'hui transformé en pôle dédié aux métiers de l'image), tout proche des corons où habitaient les "gueules noires". C'est à Wallers-Arenberg que fut tourné au début des années 1990 le film Germinal, tiré du roman d'Emile Zola, quelques années après la fermeture définitive de la mine (1989). En 1968, Jean Stablinski signala les lieux à Albert Bouvet, à qui le patron du Tour de France Jacques Goddet avait demandé de revivifier Paris-Roubaix en passe de s'affadir dès lors que les pavés des nationales disparaissaient au profit du bitume. Albert Bouvet n'était guère rassuré de son coup d'audace... Son fils, Philippe, devenu journaliste à l'Equipe, raconte l'interrogation de celui qui avait été surnommé pour l'occasion Méphisto: "Et si je n'ai pas de coureur à l'arrivée ?"


Elle est peuplée par les oiseaux

Bruit, fureur, fracas, les termes évoqués rappellent que, le jour de la course, l'intensité culmine à l'entrée des quelque 275.000 pavés que compte la Trouée. Hormis ce point d'orgue, la forêt retrouve son calme à peine troublé par le passage des promeneurs qui, à pied, à vélo, ou à cheval, entendent le chant des oiseaux et peuvent voir à l'occasion le gibier. Arenberg abrite une réserve ornithologique à quelques centaines de mètres du chemin pavé, la mare à Goriaux qui ressemble davantage à un étang aux eaux calmes.


Elle a une légende noire

Au carrefour du début du siècle, deux chutes largement médiatisées ont contribué à accréditer la réputation dangereuse d'Arenberg, où les coureurs craignent par-dessus tout de ne pouvoir contrôler leur vélo. En 1998, Johan Museew, qui avait gagné deux ans plus tôt, y laissait une rotule. Le Belge, qui risqua même l'amputation à cause de l'infection, se rétablit ensuite pour s'imposer deux autres fois au vélodrome. Pour limiter les riques, la course emprunta la Trouée en sens inverse les deux années suivantes. En 2001, ce fut au tour de Philippe Gaumont, déchaîné, de chuter lourdement. La photo du Français, à terre, fit le tour du monde. Depuis 2002, aucune édition n'a eu lieu dans des conditions trop boueuses.


Elle suscite l'inquiétude des organisateurs

Chaque année, à l'approche de la course, les organisateurs se demandent dans quel état seront les pavés. A cause de l'herbe qui ne cesse de pousser et réclame un désherbage thermique (au gaz), surtout dans les 900 premiers mètres, la partie plus dangereuse pour les coureurs. "On rêve d'une solution pérenne qui fasse qu'on ne s'interroge plus à quinze jours de la course quand l'hiver a été pluvieux", reconnaît Christian Prudhomme à propos du site géré par l'Office national des forêts. Pour l'association des "Amis de Paris-Roubaix", la solution consisterait à procéder à une réfection des joints entre les pavés. A l'exemple du Koppenberg, haut lieu du Tour des Flandres.

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