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Cyclisme: l'éternelle attente pour la France

Combien de temps encore ? Pour le cyclisme français, le temps de la reconquête n'est pas encore venu dans les grands tours, à la différence de la plupart des grandes courses d'un jour et du championnat du monde qui est revenu cette année à Julian Alaphilippe.

La Vuelta n'a plus eu de vainqueur français depuis 1995 (Jalabert), le Giro depuis 1989 (Fignon), le Tour depuis 1985 (Hinault). Même en tenant compte de l'époque du dopage sanguin traversée par le cyclisme, une très longue nuit, la séquence semble interminable, au sens littéral du terme si l'on en croit Bernard Hinault.

"Pour l'instant, je ne vois pas un Français qui va me succéder et je le regrette, je serais tellement heureux de pouvoir le rencontrer", a répété en boucle l'inoxydable champion breton dans de récentes émissions radio (Europe 1, France Bleu Breizh Izel). Sans voir aucune ouverture réelle pour les candidats potentiels.

Julian Alaphilippe ? "En haute montagne, quand il aura fait une journée ou deux, il aura beaucoup de mal", estime non sans raison Hinault à propos du champion du monde (5e du Tour 2019), qui continue à se tourner avant tout vers les classiques ou les succès d'étape.

Thibaut Pinot ? "Je ne pense pas qu'il puisse gagner", coupe court le Breton dans une sortie qui a suscité la réaction de son ancien coéquipier Marc Madiot, le patron de l'équipe de Pinot (Groupama-FDJ): "Libre à chacun de penser ce qu'il veut. On est là pour faire le mieux possible, on espère se rapprocher le plus possible."

- Avis réaliste et désespérant -

Quant à David Gaudu, le plus jeune de tous (24 ans), Hinault prévient: "Il ne faut surtout pas lui mettre dans la tête qu'il va gagner le Tour. Il faut lui laisser faire ce qu'il a envie, c'est-à-dire gagner des étapes et peut-être par ce biais-là, faire ce qu'a fait Voeckler (en 2011). C'est seulement comme ça qu'un Français peut gagner. Mais, ça m'étonnerait qu'on lui laisse dix minutes d'avance."

L'avis, pour réaliste (et désespérant) qu'il soit, néglige les bouleversements en cours dans le cyclisme, l'accélération de la maturité pour les plus jeunes. Jusqu'où progressera Gaudu, vainqueur du Tour de l'Avenir tout aussi probant que Bernal et Pogacar qui lui ont succédé au palmarès de cette course de référence dans la catégorie espoirs ? Et que fera Clément Champoussin, néo-pro de 22 ans et grimpeur prometteur dans la récente Vuelta ?

Même Romain Bardet, représentant avec Thibaut Pinot de la belle génération 1990, ne peut être oublié. L'Auvergnat a quitté AG2R La Mondiale, son équipe de toujours, pour rejoindre DSM (ex-Sunweb), une formation qui a brillé dans le Tour 2020 à l'exemple du Suisse Marc Hirschi.

Son nouveau groupe se veut jeune, innovant, performant. "L'équipe ne m'a pas recruté avec un résultat spécifique en tête", assure Bardet. "Elle pense qu'on peut ensemble créer un nouveau chemin de performances pour moi".

En 2021, cette route pourrait être inédite en effet et passer par le Giro plutôt que par le Tour. Le scénario a failli avoir lieu déjà en 2020, avant que la pandémie rebatte les cartes. Une nouvelle époque se profile peut-être.

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