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Le scénario catastrophe prend forme à un mois du départ du Tour de France

Un coureur soupçonné de dopage pour grand favori du Tour, c'est le scénario catastrophe qui menace à un mois du départ de la 105e édition, dans un climat grandissant de suspicion et de doute autour de Chris Froome.

Nul ne sait encore si le Britannique, tenant du titre et candidat au record des cinq victoires, sera bien dans le peloton qui s'élancera le 7 juillet, à Noirmoutier-en-l'Île, pour la plus grande course de l'année. L'affaire de son contrôle antidopage "anormal" -le terme juridique pour évoquer un contrôle positif avant la décision de l'instance antidopage- de la Vuelta-2017 continue à traîner en longueur.

"C'est un cas très complexe, avec beaucoup d'avocats, beaucoup de documents, beaucoup d'argent", a répété dans L'Equipe le président de l'Union cycliste internationale (UCI), David Lappartient, qui a toujours déclaré espérer que "le dossier soit réglé avant le Tour". Mais, la semaine passée, le Français a avoué: "Il faut être réaliste: je crois que ce ne sera pas le cas."

La ligne de défense du camp Froome, contestant le principe du test antidopage qui a conclu à un très large dépassement du plafond autorisé de salbutamol, place en première ligne l'Agence mondiale antidopage (AMA), associée à l'UCI dans l'affaire. Et ajoute à la dimension du cas.


Le risque de la diffamation

En attendant, Froome, qui nie s'être dopé, continue de courir, comme il en a le droit d'après le règlement international, et le doute l'accompagne d'autant plus que le Britannique paraît de plus en plus fort. Il a gagné le Giro le 27 mai après avoir survolé les deux dernières étapes de montagne.

Le pied de nez, 80 kilomètres d'échappée solitaire dans l'étape de Bardonecchia, a fait grincer des dents en coulisses bien que Froome, imperturbable, ait mentionné qu'il avait gagné plus de temps dans les descentes que dans les montées. Au lendemain de l'"exploit" du Britannique, plusieurs responsables d'équipes consultés par l'AFP ont marqué leur colère ("honteux !", a dit l'un d'eux). Mais aucun n'a accepté d'être cité.

Seul, le coureur néo-zélandais George Bennett a réagi spontanément à l'arrivée à Bardonecchia dans une vidéo qui a vite tourné sur internet. "Il a fait une Landis!", s'est exclamé Bennett, en référence avec le raid mémorable du Tour de France 2006 avant que l'Américain soit déclaré positif.

Son équipe s'est empressée d'expliquer ensuite que Bennett n'avait en aucune manière fait de lien avec le dopage. Faute de preuve formelle, pareille suggestion -par un coureur, un responsable d'équipe ou un média- relèverait en effet de la diffamation et serait susceptible de poursuites.


La fureur de Hinault

La tension monte toutefois à l'approche du Tour au fur et à mesure que l'hypothèse de la participation de Froome se renforce. A moins d'une récusation par les organisateurs (ASO) compte tenu de "l'atteinte à l'image et/ou la réputation de l'épreuve". "C'est incroyable qu'on l'ait laissé s'aligner sur le Giro", a tonné Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour, dans le journal Le Parisien. "Froome et son équipe prennent les gens pour des cons. C'est ma liberté de le penser et de le dire", a fulminé l'ancien ambassadeur d'ASO, désormais retraité.

En Italie, Ivan Fanini, le patron de l'équipe Amore e Vita (absente du Giro), a lui aussi mis les pieds dans le plat et a soutenu Hinault. "Il (Froome) n'aurait pas dû courir et, s'il n'avait pas les avocats de la Sky, on parlerait d'une toute autre histoire", a réagi Fanini dans le quotidien La Repubblica. "Même Lappartient, que je respecte, a renoncé à remettre le trophée à Froome", a pointé le patron d'Amore e Vita, très critique envers les organisateurs du Giro pour avoir accepté Froome dans leur épreuve et se retrouver avec un vainqueur sous la menace d'un possible déclassement. "Cela me met en colère de penser qu'on aurait pu éviter tout cela si nous ramions tous dans la direction d'un cyclisme propre, au-dessus de tout soupçon".

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