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Cyclisme: l'Enfer de Paris-Roubaix attend Sagan et tous les autres

L'Enfer attend dimanche les coureurs de Paris-Roubaix pour la 116e édition d'une course incomparable, le sommet de la saison des classiques qui est plus ouvert que jamais malgré la présence de Peter Sagan et la domination récente de l'équipe Quick-Step.

Terrain sec ou mouillé ? En d'autres termes, la poussière ou la boue ? Les deux, risquent fort de répondre dimanche soir les rescapés des 257 kilomètres qui séparent Compiègne du vélodrome nordiste où le vainqueur de la "reine des classiques" recevra en fin d'après-midi le traditionnel pavé.

- ARENBERG POINT-CLE DEPUIS 50 ANS -

"C'est un Paris-Roubaix très délicat qui s'annonce pour les coureurs", prévient le directeur de course Thierry Gouvenou qui a fait procéder au nettoyage du secteur le plus crotté (Haveluy), juste avant la Trouée d'Arenberg à l'inégalable dramaturgie. "Le plus piégeux, c'est d'alterner du sec, le plus souvent, au mouillé comme cela risque d'être parfois le cas".

Le parcours a été remodelé dans le Cambrésis, avec un secteur inédit (Saint-Vaast) après le premier des deux ravitaillements. "Mais cela ne devrait pas peser", estime le directeur de course. "C'est une partie qui a surtout pour fonction d'user".

Même par temps printanier, la prévision météo pour dimanche, Arenberg représente un point-clé depuis l'introduction de la Trouée -2400 m en ligne droite- sur le parcours voici cinquante ans.

Dans cette hallucinante gueule de l'Enfer pour les concurrents qui foncent à plus de 50 km/h pour l'aborder en bonne position, le risque de chute est augmenté par l'herbe qui repousse sans cesse entre les pavés en grès du Hainaut (ou de granit), surtout si elle est rendue glissante par la possible averse matinale.

C'est à la sortie que les équipes recensent les forces en présence, en fonction des chutes et incidents qui s'égrènent tout au long des secteurs (29 au total pour 54,5 km). A 93 kilomètres de l'arrivée, une autre course commence. Tout aussi dure et exigeante, surtout dans les deux autres secteurs cotés 5 étoiles (le summum sur l'échelle des difficultés), Mons-en-Pévèle et le carrefour de l'Arbre, à franchir dans la dernière heure.

- UNE AFFAIRE DE SPECIALISTES -

"La plus prestigieuse des classiques", de l'avis du légendaire Eddy Merckx qui la conquit à trois reprises (une fois de moins que Roger De Vlaeminck et Tom Boonen), séduit surtout les spécialistes. Elle effraie les coureurs de grands tours qui la délaissent, bien que le prochain Tour de France emprunte le 15 juillet sur une vingtaine de kilomètres les mêmes secteurs pavés. A l'avance, l'un des sommets de la Grande Boucle !

Au moins fait-elle rêver le champion du monde, Peter Sagan, régulièrement malchanceux jusqu'à présent sur les pavés (6e pour meilleur classement) malgré son exceptionnelle habileté sur le vélo. "Paris-Roubaix est une course imprévisible et c'est pour cela qu'elle m'intrigue", dit le Slovaque (28 ans) pour justifier sa prédilection pour la classique, l'une des rares courses qu'il voyait à la télévision quand il était enfant.

- LE TRIDENT QUICK-STEP -

Sagan, mieux entouré que par le passé, s'impose en première ligne des favoris, lui qui pourrait devenir le premier champion du monde vainqueur à Roubaix depuis... Bernard Hinault en 1981. Au même titre que le vainqueur sortant, le Belge Greg Van Avermaet, et le trident de l'équipe Quick-Step, la plus forte collectivement dans les classiques précédentes.

Mais qui choisir, dans cette formation habituée au succès, entre le Néerlandais Niki Terpstra, irrésistible dimanche dernier au Tour des Flandres, le Belge Philippe Gilbert, quasi-débutant dans Paris-Roubaix mais supérieurement armé, et le Tchèque Zdenek Stybar, encore plus à l'aise si la boue est de la partie ?

Les Belges, qui se sont taillé la part du lion par le passé, croient aussi en Sep Vanmarcke, Jasper Stuyven -attention à son jeune coéquipier danois Mads Pedersen, 22 ans seulement- ou encore le champion du monde de cyclo-cross Wout Van Aert. A moins d'un sprint en petit comité (Degenkolb, Démare, Kristoff) ou d'une surprise aussi considérable que celle provoquée par l'Australien Mathew Hayman, lauréat en 2016 d'une sublime édition.

Sagan (2e en juniors voici dix ans) le rappelle justement, "il peut se passer quelque chose à tout moment dans Paris-Roubaix".

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