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Rond-point en jaune et grosse fiesta: la ville de Komenda célèbre la victoire de Pogacar au Tour de France (vidéos)

À 1245 kilomètres des Champs-Élysées, dans la petite ville de Komenda, au nord de la capitale Ljubljana, des voisins et fans se sont réunis dimanche pour célébrer la victoire surprise de Tadej Pogacar, l'enfant du pays, dans le Tour de France.

Aux abords de la salle des sports de Komenda, plusieurs centaines de personnes sont rassemblées pour regarder la course sur un écran télé installé sur le parking. Beaucoup sont venus à vélo, arborant des maillots jaunes. Dans le même temps, une fanfare locale joue.

Ce rassemblement a été organisé du jour au lendemain. Car comme partout, la plupart des habitants, dont le maire Stanislav Poglajen, s'attendaient à ce que la victoire revienne à l'autre Slovène Primoz Roglic, et la seconde place à Pogacar.

Alors, en une nuit, le rond-point principal de la ville a été transformé en l'honneur du natif de cette commune de 6.300 habitants. Le voici entouré de jaune, de blanc et de blanc à pois, comme les trois maillots que Pogacar a gagnés sur le Tour. Certains, à vélo, ne manquent pas d'y passer pour immortaliser l'instant sous le soleil de Komenda, devenue en 24 heures la capitale slovène du cyclisme.

Le maire de la ville, qui arbore lui-même fièrement un tee-shirt jaune, raconte à l'AFP que la municipalité l'a peint dans la nuit. Signe que la performance du coureur de 21 ans a surpris tout le monde. Et ce n'est pas Stanislav Poglajen, bien qu'un peu gêné, qui dira le contraire: "Du fond du cœur, je dois dire que j'aurais été très heureux pour Roglic s'il avait gagné et que Tadej avait terminé second. Mais Pogacar nous a surpris, agréablement surpris !"

La surprise, justement, n'a pas été agréable pour tous. Dans la foule se dessinent les sourires amers des fans de Primoz Roglic. Ils ont annulé la fête qu'ils avaient prévue aujourd'hui et sont venus à Komenda, après que leur idole, grand favori du Tour, a perdu ses 57 secondes d'avance dans l'avant-dernière étape.

Roglic est natif de Trbovlje, une petite ville de 16.000 habitants distante d'à peine 60 km de Komenda. "Nous aurions préféré que Primoz (Roglic) l'emporte, mais c'est le plus fort qui gagne. Nous sommes venus ici pour saluer les fans de Pogacar", déclare Jure, environ une vingtaine d'années, ajoutant que Roglic était sous une pression bien plus forte que son rival de neuf ans son cadet.

Tout près d'eux, Marko Grilc, un retraité de 70 ans environ, maillot jaune sur le dos, fait retentir sa vieille corne de brume de pompier. "D'un côté, je suis déçu et j'aurais aimé que Roglic gagne, mais de l'autre, Tadej est des nôtres... c'est l'extase!", déclare-t-il.

Un peu plus loin encore, une femme d'une cinquantaine d'années travaille dans son jardin. Elle a remarqué les journalistes qui regardent en direction de la maison de Pogacar et lance avec colère: "Je sais pourquoi vous êtes ici, vous êtes venus pour lui (ndlr: Pogacar), mais Roglic aurait dû gagner!". J'ai "pleuré la nuit dernière quand j'ai vu ce qu'ils lui ont fait... et j'ai peur qu'il abandonne sa carrière maintenant", lâche-t-elle à propos de Roglic.

Le président slovène, Borut Pahor, qui a assisté à la dernière étape sur les Champs-Elysées à Paris, a fait hisser samedi sur le bâtiment de la présidence, en même temps que le drapeau national, un drapeau jaune pour honorer une nouvelle fois l'exploit de Pogacar.

La folie jaune a également envahi la presse slovène. L'agence de presse slovène titre un "jour historique pour le cyclisme slovène". Pour le quotidien Dnevnik, "Pogacar et Roglic ont choqué les médias étrangers". De son côté, le quotidien Delo ajoute que le retournement final était une surprise... mais pas imméritée.

"La course s'est terminée comme il se doit par un duel remporté par le meilleur cycliste ce jour-là. Il (Pogacar) se dirige vers une brillante carrière mais Roglic n'a pas dit son dernier mot", a écrit le journaliste Miha Hocevar, sur le site internet du quotidien, ajoutant que ce sont leurs concurrents qui devaient désormais s'inquiéter.

Avant de penser à plus tard, Komenda est toujours sous le signe de la fête dimanche. Quand arrive la fin de la course, les bouteilles de champagne s'ouvrent, les cornes et les sirènes retentissent et l'on agite les drapeaux. Les gens applaudissent et portent des toasts avec leurs verres en plastique tout en regardant la retransmission et cherchant leurs héros parmi les cyclistes qui franchissent la ligne d'arrivée.

A l'instant où le diffuseur télé annonce la montée de Tadej Pogacar sur le podium, certains allument des fumigènes. Et les applaudissements éclatent tout comme un court feu d'artifice visible dans un champ voisin, suivi des "bravos" et de l'hymne national slovène, entonné par la foule en même temps que joué à Paris.

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