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Tour d'Italie: l'offensive à la sauce Ineos

La stratégie change, la victoire revient: transformé en apôtre de l'offensive flamboyante, Dave Brailsford, le patron de l'équipe Sky devenue Ineos, compte désormais onze grands tours à l'actif de son groupe après la victoire de Tao Geoghegan Hart dans le Giro.

La mutation est-elle durable ? L'implacable rouleau compresseur qui a anesthésié à six reprises le Tour de France au long des années 2010 (Bradley Wiggins, Chris Froome, Geraint Thomas) jusqu'à l'avènement l'an passé du grimpeur colombien Egan Bernal s'est transformée ces dernières semaines. A chaque fois après l'abandon de ses leaders, de Bernal dans la dernière semaine du Tour, de Thomas au troisième jour du Giro.

A entendre Dave Brailsford, la philosophie du groupe n'est plus la même. "Je suis venu dans ce sport quand j'étais jeune parce que j'aimais la course", a affirmé à Eurosport le patron de l'équipe britannique. "Au cours des dix dernières années, nous avons beaucoup gagné. Mais ce n'était pas aussi amusant que ce que nous avons fait là."

Le bilan ? Sept victoires d'étapes dans le Giro, quatre pour Filippo Ganna, deux pour Tao Geoghegan Hart, une pour Jhonatan Narvaez, le maillot rose et la présence de l'ensemble de ses coureurs dans des échappées (Castroviejo, Dennis, Puccio, Swift).

"Nous sommes des grenadiers maintenant", a soutenu Brailsford par référence au nouveau nom, celui d'un gros 4X4, de l'équipe patronnée depuis le printemps 2019 par un géant de la pétrochimie, le milliardaire Jim Ratcliffe. En d'autres termes, des combattants tournés vers l'offensive, en rupture avec le style "défensif" précédent, de l'aveu même de Brailsford.

- La culture de la victoire pour ADN -

Le créateur de l'équipe a enfoncé le clou pour faire passer le message: "Le sport, c'est l'émotion, les moments exaltants de la course, et nous voulons y être."

Les faits ont suivi le discours mais la rupture se pousuivra-t-elle au-delà du début de l'automne 2020 ? L'avenir le déterminera même si l'équipe a jusqu'à présent pour ADN la culture de la victoire par le biais des fameux gains marginaux. Pour nouvelle preuve, le transfert de Geoghegan Hart par hélicoptère à la veille du contre-la-montre final du Giro pour lui épargner la fatigue du transport routier qu'a fait son adversaire (Jay Hindley).

Pour l'heure, le constat s'impose. L'an prochain, la formation la plus riche -et de loin- du peloton pourrait aligner quatre coureurs (Bernal, Carapaz, Geoghegan Hart, Thomas) déjà vainqueurs d'un grand tour au départ du Tour de France si elle décidait de multiplier les leaders. Avec, pour appui, les renforts du Britannique Adam Yates (4e du Tour 2016) et de l'Australien Richie Porte (3e du Tour 2020), qui ont rejoint le groupe.

L'éclosion de Geoghegan Hart, saluée avec émotion par Brailsford, renforce l'identité britannique du groupe qui avait opté pour des jeunes talents sud-américains depuis trois ans (Bernal, Martinez, Narvaez, Rivera, Sosa). Sans même attendre la prochaine venue de la pépite anglaise Thomas Pidcock, 21 ans et vainqueur début septembre du Baby Giro, le Tour d'Italie espoirs.

"Comme tant de cyclistes britanniques de ma génération, j'ai toujours aspiré à courir sur route avec cette équipe", a annoncé Pidcock lors de son engagement. "C'est la meilleure au monde".

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