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Tour d'Italie: le peloton de mauvaise humeur, la 19e étape raccourcie

Le peloton du Giro de mauvaise humeur: une manifestation des coureurs a entraîné une diminution drastique de la 19e étape, raccourcie de plus d'une centaine de kilomètres, par rapport à son excessive longueur de départ, vendredi, à Morbegno (nord).

Au lendemain de l'étape-reine par sa grande difficulté et sa durée, plus de six heures de selle en haute montagne, le Giro a basculé dans sa tradition de la polémique. Sous la pluie battante, la majorité du peloton a refusé de s'élancer pour 258 kilomètres, la longueur du parcours de plaine prévu jusqu'à Asti dans le Piémont.

Adam Hansen, l'Australien de l'équipe Lotto qui en est à son 29e grand tour, a résumé la situation: "Nous n'avons pas accepté de partir. Nous avons négocié avec l'organisateur pour raccourcir l'étape afin que la course puisse encore avoir lieu."

La négociation, tardive, a débouché sur des scènes chaotiques puisque plusieurs bus d'équipes ont déjà quitté le site de départ. Sous la pluie battante, des coureurs mettent pied à terre, d'autres font demi-tour. Certains montrent leur incompréhension et repartent, d'autres s'arrêtent vraiment. Dans l'attente, plusieurs sautillent sur place auprès de leur vélo, pour se réchauffer.

Le directeur du Tour d'Italie Mauro Vegni, qui a accepté de modifier le parcours, doit trouver à la hâte une solution de repli. Ce sera Abbiategrasso, au nord de Milan, où un nouveau départ a été donné à 14h30, avec un retard supérieur à une heure par rapport à l'horaire initial.

- Fatigue accumulée -

L'étape, qui devait être la plus longue du Giro bien qu'elle soit située à deux jours seulement de l'arrivée à Milan, a été ramenée ainsi à 124 kilomètres. Avec une promesse de Hansen, transformé en leader naturel du peloton: "Nous ferons tous de notre mieux pour faire un spectacle."

L'association des coureurs (CPA), dont le délégué sur la course est l'Italien Cristian Salvato, a remercié le jury de la course et l'organisateur du Giro d'avoir accédé à sa demande: "La santé est la priorité, surtout dans cette période de Covid. Réduire l'étape ne diminuera pas le spectacle mais permettra aux défenses immunitaires des coureurs de ne pas courir de plus grands risques."

Si cette 19e étape n'entrait pas dans le cadre du protocole dit des "conditions extrêmes", malgré la pluie froide tombant sur la Lombardie, la grogne des coureurs s'explique avant tout par l'accumulation de la fatigue. Surtout après trois journées à six heures de vélo, les deux dernières sur des parcours de montagne, et un temps de récupération excessivement réduit en raison de l'éloignement des hôtels et des transferts. A titre d'exemple, l'équipe Bora a quitté son hôtel, vendredi matin, sur le coup de... 7 heures.

Vu de France, les commentaires ont été acerbes. Marc Madiot, le patron de l'équipe Groupama-FDJ, s'est montré définitif sur la chaîne L'Equipe : "Quand on s'engage sur un tour de trois semaines, on sait qu'on va rencontrer la fatigue. Si on ne l'accepte pas, on change de métier, comme je dis parfois à mes coureurs, vous n'êtes pas obligés d'être coureur cycliste."

"Je préconise la mise en place d'une instance indépendante qui valide les parcours, a ajouté Madiot. On savait très bien qu'il y aurait beaucoup de transferts, qu'il y aurait des conditions difficiles, on aurait pu anticiper avant".

Pour Pascal Chanteur, président de l'association française des coureurs, "ce qui est malheureux aujourd'hui, c'est que les décisions qui ont été prises auraient dû être prises avant".

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