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Tour de France: Ewan vainqueur d'un sprint chaud, très chaud

Du haut de ses 165 centimètres, l'Australien Caleb Ewan est sorti vainqueur d'un sprint chaud, très chaud, à l'arrivée de la 11e étape, mercredi, à Poitiers, où Peter Sagan a perdu gros dans la lutte pour le maillot vert.

La photo-finish, indispensable, a départagé trois coureurs quasiment sur la même ligne. Ewan, victorieux pour la deuxième fois sur le Tour cette année, a été déclaré vainqueur devant les deux rivaux en lutte pour le maillot vert, Peter Sagan et l'Irlandais Sam Bennett.

Pour avoir forcé le passage le long des barrières, en donnant un coup d'épaule au Belge Wout Van Aert, Sagan, qui s'était infiltré dans un trou de souris, a été ensuite sanctionné par le jury des commissaires, impitoyable sur ce coup. Le Slovaque, rétrogradé à la dernière place du peloton, a perdu le bénéfice de sa deuxième place et le capital points (30) qui lui est associé.

Au classement par points, le titulaire habituel du maillot vert (sept fois couronné) compte désormais 68 points de retard sur Bennett.

La ligne franchie, Van Aert (classé 3e finalement) a adressé un doigt d'honneur à Sagan, dans une réaction à chaud traduisant son mécontentement, ou peut-être son émotion d'avoir frôlé une autre issue. D'habitude prudent, le Belge, dont la mission prioritaire consiste à protéger le maillot jaune du Slovène Primoz Roglic, s'était mêlé à un sprint que tout désignait à haut risque.

- Les sprinteurs "un peu fous" -

Interrogé sur la décision des commissaires de déclasser Sagan, Roglic l'a estimée "juste". "Les sprinteurs sont assez différents de nous, ils sont un peu fous", a toutefois rappelé le Slovène. "Ils se battent dans les sprints, mais il faut le faire dans les règles".

Quant à la prise de risque de Van Aert, qui s'était abstenu de lutter pour la victoire la veille à l'île de Ré, Roglic a éludé: "On en parle tous les jours au briefing et on me dit qu'on voit en fonction de la course. A la fin, c'est lui qui décide."

Pour gagner, Ewan, la fusée de poche australienne ("Pocket Rocket"), a livré une nouvelle fois un sprint étourdissant. Il s'est faufilé, comme il l'avait déjà fait dans la troisième étape à Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence), et s'est imposé pour la cinquième fois, à l'âge de 26 ans, dans le Tour. L'an passé, pour sa première participation, il avait enlevé trois étapes.

Ewan, sagement, s'est gardé de condamner Sagan: "On était tous à la limite de nos possibilités, on avait tous la même ambition. Dans cette situation, aucun de nous ne pense vraiment à la sécurité. Peter a vu un petit trou s'ouvrir. Un sprint, c'est comme ça..."

Dans cette étape de transition de 167,5 kilomètres, entre Charentes et Poitou, l'échappée solitaire de Matthieu Ladagnous, parti à l'avant dès le premier kilomètre, s'est prolongée jusqu'à 45 kilomètres de l'arrivée.

- "Le peloton décide" -

Le Pâlois, qui était cantonné au départ de Nice à un rôle d'équipier au service de Thibaut Pinot, s'est transformé en baroudeur, un exercice qu'il connaît pour en être à sa 11e échappée dans le Tour depuis 2007.

Derrière lui, le peloton a contrôlé l'écart. Il n'a accéléré vraiment que derrière un groupe de contre-attaquants (avec Stuyven, Naesen et Küng notamment) formé après une vingtaine de kilomètres et neutralisé par l'équipe Deceuninck pour Sam Bennett.

"C'est toujours le peloton qui décide, c'est lui qui fixe le tempo de la journée", a rappelé Yvon Madiot, le directeur sportif de Ladagnous à la Groupama-FDJ.

L'aventure a pris fin à l'entrée de la dernière heure de course quelques minutes avant l'abandon de l'Autrichien Gregor Mühlberger, malade. Victime d'une chute, l'Espagnol Ion Izagirre a lui aussi abandonné.

Jeudi, la 12e étape, le plus longue de cette édition avec 218 kilomètres, s'adresse en priorité aux baroudeurs et autres attaquants, entre Chauvigny (Vienne) et Sarran (Corrèze). La course passe notamment par Saint-Léonard-de-Noblat, la bourgade de l'ancien champion français Raymond Poulidor, décédé en novembre dernier.

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