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Tour de France: face à la canicule, le peloton est paré

Quarante degrés sur la route du Tour de France: la canicule annoncée dans le sud du pays va frapper le peloton de plein fouet entre mardi et jeudi et pourrait causer des dégâts, mais les coureurs savent y faire face.

La journée de repos tombait à pic, lundi à Nîmes, pour s'acclimater aux fortes chaleurs. Entre le sommet pluvieux du Prat d'Albis, dimanche soir, et la fournaise du Gard, le thermomètre a pris d'un coup une quinzaine de degrés.

Pas question pour les coureurs de s'éterniser à leur retour de l'entraînement matinal: tous sont rapidement retournés dans le frais de leurs chambres climatisées. Chez Ineos, pendant que le leader Geraint Thomas se voyait assailli de demandes d'autographes, le Néerlandais Dylan van Baarle a vite disparu dans l'ascenseur avec en main deux grandes bouteilles d'eau, et deux sodas glacés.

"Sur une troisième semaine de Tour de France, de telles chaleurs, je pense que cela peut faire des différences", assure Davide Bramati, le directeur sportif de l'équipe Deceuninck, celle du maillot jaune Julian Alaphilippe.

- "Un facteur perturbant" -

Si les cyclistes professionnels "ont une physiologie et un entraînement hors normes", comme le précise Jacky Maillot, le médecin de l'équipe Groupama-FDJ, la chaleur reste "un facteur perturbant pour la performance".

"Quand on transpire en course, on peut perdre environ un litre de sueur par heure (...) et quand on perd un litre, on ne peut se réhydrater que d'un demi-litre, on ne compense que la moitié de nos pertes", explique le spécialiste. "Il faut en tenir compte".

Comment y remédier ? "Anticiper", d'abord, en s'assurant au quotidien que l'hydratation du coureur est optimale, en connaissant la "tolérance" de chacun, car celle-ci diffère suivant le coureur, répond Jacky Maillot. Organiser en amont d'une épreuve une période "d'acclimatation, un entraînement en ambiance chaude par exemple", est utile, précise-t-il, car "la tolérance à la chaleur se travaille très vite".

Et pendant la course ? "Faire en sorte d'avoir le plus souvent possible deux bidons sur le vélo", avance Julien Bernard, le coureur de l'équipe Trek. Pour les assistants sportifs, il s'agira de multiplier les points de ravitaillement, distribuer plus de bidons - "jusqu'à trois par heure par coureur", soit 1,5 litre, estime Jacky Maillot -, s'assurer que la glace qui préserve les boissons au frais pendant la course ne vient pas à manquer.

- "L'eau n'hydrate pas suffisamment" -

"On a une machine à glaçons dans l'équipe, mais cela nous arrive d'en récupérer en plus dans les hôtels", affirme Konstantin Permiakov, un assistant de l'équipe Astana, en pleine préparation des bidons. A ses pieds, trois énormes glacières remplies à ras bord, qui peuvent contenir chacune 70 bidons, seront à nouveau réapprovisionnées en glaçons mardi matin juste avant l'étape. "On les remplit toutes quoi qu'il arrive et on est sûrs de ne pas en manquer. Mais on en utilisera sans doute plus que d'habitude", reprend-il.

Seule différence par rapport à une étape habituelle, il prévoit pour mardi de mettre des sacs de glace à disposition des coureurs souhaitant diminuer la température de leur corps, qui atteint parfois plus de 39 degrés par temps très chaud.

"Au-dessus de 39 ou 39,5 degrés, on sait que c'est un facteur limitant de la performance", justifie Jacky Maillot, martelant l'importance de préparer une "stratégie de refroidissement" en parallèle de la "stratégie d'apport hydrique tout au long de l'étape".

Celle-ci est essentielle, selon lui, car "l'eau n'hydrate pas suffisamment". D'où l'intérêt d'enrichir l'eau de "sels minéraux et de glucides".

Le peloton semble donc rôdé à ces fortes chaleurs. La course ne changera pas radicalement mais un détail sera peut-être à noter: il concerne les spectateurs rêvant de recevoir un bidon en bord de route. "On en donnera sans doute un peu moins", glisse-t-on chez Deceuninck, "car on n'en a plus tant que ça et on en a besoin !"

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