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Tour de France: François Lemarchand, direction inattendue

Le Covid l'a propulsé sans prévenir aux commandes de la plus grande course au monde. Avec la quarantaine de Christian Prudhomme, testé positif au nouveau coronavirus, François Lemarchand est devenu le patron inattendu d'un Tour de France sans précédent et sous pression.

L'équipier modèle a été poussé dans la lumière. François Lemarchand, ancien gregario de Greg LeMond, officiait jusque-là sur Paris-Nice. Avec le test positif du directeur du Tour de France Christian Prudhomme mardi, il a dû assurer presto la direction de course.

"Je sais faire mais c'est le Tour de France, ça change la donne. Quand on se retrouve devant le maillot jaune et les autres... Même pour donner le départ, prendre une décision… C'est le Tour de France quand même", souffle-t-il à moins de deux heures de donner son troisième départ sur ce Tour.

Pas question pour l'ancien coureur aux treize saisons au plus haut niveau de cacher une "certaine pression". "On arrive sur des étapes importantes", rappelle-t-il.

Le Tour parvient au sommet du Puy Mary vendredi, au Grand Colombier dimanche. Et Christian Prudhomme ne pourra pas reprendre son rôle avant mardi, pour la 16e étape, au plus tôt. Soit un total d'au moins six étapes à diriger à François Lemarchand.

"Depuis le temps qu'il fait ça, il maîtrise toutes les ficelles, rassure son ancien leader chez Z, Ronan Pensec.

"Il a l'expérience, la compétence et a occupé tous les différents postes", énumère-t-il.

Reste qu'après plus de 20 ans dans l'organisation de Paris-Nice (rejointe avant son rachat par ASO), dont 10 années en charge de la direction de la "course au soleil", François Lemarchand n'avait pas encore connu un tel tourbillon médiatique.

- "Tout est décuplé" -

"Ca ne m'est jamais arrivé, reconnaît-il. Tout est décuplé sur le Tour". A l'habituel gigantisme de la Grande boucle, s'est ajouté cette année le contexte Covid.

"Ce sont des décisions qui vont au-delà du sport. Je me retrouve un peu confronté à ça, pas entièrement, décrit François Lemarchand. On me pose des questions sur ce qui passera la semaine prochaine".

La semaine prochaine et sa seconde batterie de tests virologiques en course: avec la menace pour les équipes d'être exclues en cas de deux membres positifs.

"J'ai déjà appris à gérer des épreuves avec des choses peu habituelles", rappelle-t-il. Il était justement aux commandes de la dernière édition de Paris-Nice, raccourcie d'une étape en raison de la pandémie.

Mais les sources de stress sur le Tour ne sont pas toujours celles que l'on peut croire. A moins de deux heures du départ de la 12e étape jeudi, François Lemarchand griffonne des pages à l'encre verte: "Je cherche des infos pour ne surtout pas dire de bêtises sur Radio Tour, par exemple écorcher un nom ou me tromper dans un titre. Et n'oublier personne".

Surtout par une journée riche en hommage comme jeudi: "Aujourd'hui c'est particulier: Raymond Poulidor, Jacques Chirac, Antoine Blondin. Il ne faut pas les oublier. Et puis il y a aussi du monde en course: François Baroin, Jean-François Lamour".

L'ex-coureur révise donc. "François a toujours été quelqu'un à l'écoute, très professionnel, nickel dans son boulot", loue Roger Legeay, ancien patron de l'équipe Crédit agricole (anciennement Z puis Gan), qui l'a eu 9 ans sous ses ordres.

"Ce n'est pas un hasard s'il est là", souligne-t-il en rappelant au passage qu'il était de la dernière équipe française ayant remporté le Tour en 1990: Z avec Greg LeMond.

"C'était un capitaine de route, mais naturellement sans en imposer, un travailleur de l'ombre un peu". Jusqu'à mardi. Il est depuis en pleine lumière.

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