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Tour de France: Pinot, du rêve au cauchemar

En quelques secondes, Thibaut Pinot a vu tous ses efforts de la première semaine du Tour réduits à néant: le Français a lâché prise sur une étape de plat lundi après avoir survolé les premières ascensions et voit son rêve de victoire s'éloigner.

Entre le contre-la-montre maîtrisé à Bruxelles par son équipe Groupama-FDJ (2e étape), l'attaque fougueuse sur la Planche des Belles Filles (6e étape), et le coup de force de Saint-Etienne samedi (8e étape), Pinot avait pris 19 secondes d'avance sur le tenant du titre Geraint Thomas.

Le brusque "coup de bordure" des équipes Deceuninck puis Ineos, à 38 kilomètres d'Albi, l'a laissé à 1 min 40 sec du Gallois. La sanction est lourde.

"Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?", a simplement réagi le Franc-Comtois sur la ligne d'arrivée à Albi, profondément touché, avant de rejoindre rapidement son hôtel situé à quelques hectomètres du centre-ville. "C'est une journée de merde".

Ses équipiers, irréprochables jusque-là, n'ont pas eu les mots non plus pour expliquer ce coup de massue. "On était bien placés toute la journée...", s'est lamenté le Suisse Sébastien Reichenbach. "C'est dommage, quand on pense à toute l'énergie qu'on met pour rester (à l'avant du peloton)".

L'équipe, une fois distancée par cette accélération brutale au moment où la route devenait plus étroite, a certes donné toute son énergie pour tenter de recoller, s'approchant à seulement quelques secondes du groupe des favoris à 18 kilomètres du but. Mais elle a ensuite définitivement lâché prise. "On était tout près, à huit secondes, mais on était tous à bloc...", a raconté Reichenbach.

- "La chance n'est pas là" -

"Il y a des moments comme cela où la chance n'est pas là, on se retrouve derrière au moment où il ne faut pas l'être", a résumé dans la foulée Matthieu Ladagnous, conscient d'avoir été "piégé".

"Aujourd'hui (lundi), ce n'était pas le jour où il fallait passer à côté, mais on a cafouillé au moment où il fallait être là", a renchéri un peu plus tard le directeur sportif de l'équipe Philippe Mauduit, en gardant son flegme. Deux jours plus tôt, il refusait de s'enflammer après le coup de force de Pinot aux côtés de son compatriote Julian Alaphilippe vers Saint-Etienne, qui avait propulsé le grimpeur de l'équipe sur le podium.

Comment expliquer ce moment d'inattention? "Ce n'est pas un manque de cohésion", a évacué Mauduit. "C'est un moment où il y a de la panique dans le peloton".

"C'est normal qu'il soit déçu, qu'il y ait de la colère, a ajouté le directeur sportif au sujet de Pinot, refusant de considérer "l'histoire déjà complètement écrite" et invitant toute l'équipe à "prendre le temps de faire le bilan de cette journée".

Le bilan chronométrique, lui, est vite fait: Pinot pointe, avant les Pyrénées et le contre-la-montre individuel de Pau, à la 11e place à 1 min 21 sec de Thomas (2e), un spécialiste du "chrono" qui pourrait donc, sur le papier, accroître son avance vendredi à la veille de l'arrivée en haut du Tourmalet.

Le Franc-Comtois pensait sans doute aborder ce col mythique avec l'intention de défendre son rang et conserver son avance sur ses rivaux. Désormais, il sait qu'il sera condamné à y réduire son retard.

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