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Trophée Jules Verne, le journal de bord de l'équipage: "Une terrible aventure"

Parti dimanche en quête du record absolu du tour du monde à la voile, l'équipage du multicoque géant et volant "Maxi Edmond de Rothschild" livre son carnet de bord pour l'AFP, avec un premier volet signé Charles Caudrelier qui parle d'une "terrible aventure".

Co-skipper du bateau avec Jules Verne, Caudrelier raconte les heures avant le départ, quand il s'est d'abord préoccupé de son poêle, puis la séparation avec sa fille "comme un samedi normal" avant d'évoquer ses cinq co-équipiers et les 40 jours qu'il veut aller chercher pour battre le record.

"Quand je me suis réveillé, je me suis dit: il faut absolument que j’aille acheter des granulés pour mon poêle! Je savais qu’on partait, j’avais encore ce truc-là à régler pour que ma famille ne se retrouve pas sans chauffage dans deux jours. Et puis j’ai rangé ma maison, j’ai rangé mes papiers. C’est assez luxueux finalement, on est à la maison, ce n'est pas comme sur un départ de course. Mais c’est très brutal aussi. J’ai déposé ma fille comme un samedi normal à la gym. Maxime (son fils) est resté avec moi jusqu’au départ. La veille, on dînait ensemble, et là d’un seul coup je disparais pour 40 jours.

Quarante jours. Je repense aux 80 jours de Bruno Peyron. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me passionner pour la voile et par son bateau, le Commodore Explorer (premier sous les 80 jours en 1993, soit 79 jours et 6 heures) que je trouvais magnifique. Il était bleu et je me souviens de leur passage mémorable du cap Horn. C'était des pionniers, ils ne savaient pas où ils allaient, c’était l’aventure extrême. Ce sera une aventure pour nous aussi, et une terrible. C’est dingue de se dire qu’on va faire deux fois moins et que surtout c’est moi qui vais le tenter. A l’époque, j’en rêvais, mais je n’imaginais pas qu'en 2021 j'essayerais de casser cette barre des 40 jours.

Notre bateau est prêt. C’est un bateau que je regarde beaucoup. J’ai fait faire des grandes photos pour accrocher chez moi parce que je le trouve magnifique, je ne suis pas du style à lui parler mais c’est vrai que parfois... Plus que de le regarder, je l'admire. Ce bateau est quand même magique. Et là, j'ai juste une chose à lui dire: tu ne me lâches pas !

Ca fait un moment qu'on attend d'y aller. On y a pensé matin et soir, pendant la nuit aussi. On n’a pas la pression des concurrents, on a celle du record à battre, mais c’est très particulier comme sensation.

J’ai une grande confiance en Franck (Cammas) et en tous les gars avec qui je pars.

Franck est un ami, il a été élu marin de la décennie, je considère que ce n’est pas un hold-up ! J’ai toujours aimé naviguer avec lui parce que c’est intéressant, tout simplement. David Boileau, le boat captain, connaît le bateau comme sa poche. Quand il y a un souci, il répare plus vite que tout le monde. Et il est toujours de bonne humeur. Erwann Israel est imperturbable, c’est un diesel, toujours à cent pour cent sur les réglages. Morgan Lagravière est le petit jeune du groupe, avec des qualités de glisse et de vitesse, un homme de sensations. Yoann Riou, c’est un fidèle, un excellent marin. Et il y a l’homme à terre, celui avec qui on va être en contact tout le temps, Marcel Van Triest. On va lui retransmettre nos sensations pour qu’il puisse ajuster ses routes. Il est comme à bord, il va vivre enfermé dans sa maison pendant 40 jours, à notre rythme.

Le Trophée Jules Verne, c’est un sacré challenge, on a plus de chance d’échouer que de réussir, mais je crois en nous, on a mis toutes les chances de notre côté pour réussir. Il faut que notre bateau et la météo tiennent".

Propos recueillis par Sabine COLPART

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