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Un an pile après sa dernière sélection avec le XV de France, l'ailier Yoann Huget a montré samedi contre l'Argentine (28-13) qu'il restait, à 31 ans, un candidat crédible à une place pour la Coupe du monde, lui le "maudit" de cette compétition.
Si les Bleus ont marqué contre les Pumas leur premier essai en première main depuis belle lurette (25e), ils le doivent à la totalité de leurs trois-quarts (Serin, Lopez, Bastareaud, Fickou, Huget, Fall, Thomas) impliquée sur l'action, mais en particulier au Toulousain. "Yoann joue super bien le coup: il fait une feinte de croisée avec moi et écarte le ballon", a expliqué Gaël Fickou.
Si le coup a fonctionné, c'est aussi parce que Bastareaud "fait un bon leurre", a relativisé Huget. Il n'empêche: à 31 ans, le N.11 s'est complètement relancé en sélection (il en compte 52) avec ce bon match que cette percée symbolise.
Un mois auparavant, mi-octobre, Huget ne faisait pourtant pas partie de la liste initiale du sélectionneur Jacques Brunel. Rappelé après le forfait de Wesley Fofana, il a profité de la blessure d'un autre centre clermontois, Damian Penaud, lors de la défaite contre l'Afrique du Sud (26-29), pour retrouver directement une place de titulaire.
"C'était comme une première", a souri Huget, à qui Brunel n'avait jusqu'ici pas donné sa chance en 2018. Sa dernière sélection remontait au 18 novembre 2017, pile un an, lors d'un sinistre revers face aux mêmes Springboks (18-17) qui allait sonner le glas de l'ex-sélectionneur Guy Novès.
- Novembre 2017: "une faute" -
"J'étais ressorti par la petite porte", admet Huget, qui, à l'instar d'autres cadres des Bleus (Picamoles, Serin), a connu un gros coup de mou à l'automne 2017. "Tous les matins, quand je me levais, j'avais un peu mal", se souvient l'Ariégeois, qui ne déclare pas forfait pour autant. "C'est une faute", estime-t-il. "On est tellement attachés à ce maillot... Il faut prendre du recul et se dire qu'on est pas à 100%."
Non retenu pour les débuts de Brunel lors du Tournoi des six nations, Huget semble hors course: "On se dit que les têtes sont tombées, qu'il y a un nouveau groupe, un nouvel oxygène. On travaille calmement dans son coin, on essaye de revenir avec son club parce que seul le club peut nous amener à l'équipe de France".
Et si Toulouse termine 3e de saison régulière, Huget y a sa part de mérite (19 matches, 10 essais). Un cercle vertueux qui le ramène aujourd'hui à Marcoussis. "J'espère qu'il va prendre conscience de ce qu'il est", a loué Jean-Baptiste Elissalde, l'entraîneur des arrières du XV de France, qui l'a connu à Toulouse.
- Elissalde: "plus mature" -
"Il est devenu un homme un peu plus mature et on a besoin d'expérience dans un groupe. Qu'il ait un chasuble ou qu'il soit titulaire, il a le même comportement. Il a fait un bon match mais il est là dans l'invisible aussi, c'est très bon pour le collectif", a loué l'ancien demi. Comme Maxime Médard, autre trentenaire sur le retour qui a convaincu contre les Springboks avant de sortir sur commotion contre les Pumas.
Les deux compagnons de chambre ont repris la main pour être du voyage au Japon. Des souvenirs douloureux pour Huget, exclu du groupe juste avant le Mondial 2011 pour avoir manqué trois contrôles antidopage et gravement blessé en 2015 dès le premier match contre l'Italie.
"La Coupe du monde est encore loin", temporise Huget. "Il y a beaucoup d'attentes autour d'autres mecs à mon poste. Le groupe peut évoluer au Tournoi et même après. Il faut être patient."
Sans cacher pour autant son envie d'y être, peu importe le rôle: "S'il (Brunel) ne me laisse que 5 minutes, je veux lui montrer qu'il peut aller à la guerre avec moi".