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12.000 détenus pour 10.000 places: la surpopulation dans les prisons augmente, mais pas la délinquance, comment l'expliquer?

La situation dans les prisons belges est plus préoccupante que jamais. Certains avocats tirent la sonnette d'alarme. La surpopulation atteint des records, pourtant, la délinquance n’est pas en augmentation. L'explication est ailleurs, et la situation, qui devient intenable pour les détenus, a des conséquences sur la santé publique.

Un an et demi après l'ouverture de la prison d'Haren, la plus grande jamais construite dans notre pays, elle est déjà saturée. Aujourd'hui, il y a en Belgique 12.316 détenus, pour un total de 10.743 places.

Denis Bosquet, avocat pénaliste, explique le phénomène: "On a mis en application les petites peines. C'est-à-dire les peines inférieures à deux ans d'emprisonnement. Ce projet devait s'accompagner de toute une série de maisons de transition ou de détention. C'est une excellente idée, mais malheureusement, ces structures n'existent pas. Il y en a peut-être deux ou trois seulement qui soient actuellement opérationnelles."

Le SPF Justice refuse toute interview, mais réagit par communiqué: "Le gouvernement a investi en construisant de nouvelles prisons et en modernisant les infrastructures obsolètes. Mais ces initiatives ne suivent pas le rythme de croissance de la population carcérale."

Des risques en dehors des prisons

Cette surpopulation comporte des risques pour la santé publique, selon les avocats pénalistes: "On a des problèmes avec toutes ces maladies qu'on pensait disparues, comme la tuberculose ou la coqueluche qui revient. On a des problèmes de rats, de punaises, de champignons dans les cellules. Il y a aussi ce manque d'intimité, où des personnes doivent parfois aller aux toilettes, sans même qu'il n'y ait de paravent alors que le codétenu est là. Tous ces soucis d'hygiène, finalement, peuvent sortir de la prison, puisqu'il y a des agents qui y travaillent, du personnel et les familles qui viennent rendre visite", avance Sandra Berbuto, avocate au barreau de Liège.

Fin 2023, la Cour d'appel de Liège ordonnait à l'État de mettre fin à la surpopulation dans les prisons, sous peine d'astreintes. Ces astreintes s'élèvent déjà à 2.700.000 euros.

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